Histoire de l'Italie ep 18 : Le royaume d'Italie
Arrivé au pouvoir, Victor-Emmanuel II conserve le régime parlementaire. Cavour, resté au pouvoir, cumule de nombreux ministères. Libéral, ouvert à la modernité, combattant l’extrémisme, il réforme l’administration, réorganise l’armée et développe l’industrie et le commerce. Il est conscient que l’unité italienne ne se réalisera pas tant que les Autrichiens seront présents. Néanmoins, aucun Etat italien à lui seul n’est assez puissant pour réaliser cet exploit. Cavour cherche le soutien de la France de Napoléon III. Il engage le Piémont dans la Guerre de Crimée. En remerciement, Paris se fait l’écho des revendications italiennes à la cour de Vienne. Néanmoins, un attentat contre Napoléon III, perpétré par Orsini, un anarchiste, réduit le travail de Cavour. Ce dernier joua habilement pour rentrer dans les bonnes grâces. En juillet 1858 à Plombières dans les Vosges, Napoléon III reçoit Victor-Emmanuel II. En échange de la Savoie et de Nice, la France promet un soutien militaire pour aider à la création d’une confédération italienne présidée par le pape. Ce n’est pas qu’espérait le souverain piémontais, mais il accepte l’offre.
En avril 1859, l’Autriche envahit le nord de l’Italie. Le Piémont et la France déclarent la guerre à Vienne. Le 4 juin, les troupes franco-sardes remportent la bataille de Magenta. Victor-Emmanuel II et Napoléon III font une entrée triomphale dans Milan. L’empereur François-Joseph d’Autriche rejoint le front. Un nouvel affrontement se déroule à Solférino. Véritable boucherie (40.000 morts), cette bataille force l’Autriche à demander l’armistice. Un traité de paix est signé le 11 novembre 1859. La Lombardie revient au Piémont, mais la Vénétie demeure autrichienne. Le Pape et le roi de Naples restent en poste. La déception est immense à Turin. En 1860, le Piémont annexe la Toscane et les duchés d’Emilie-Romagne avec le soutien de la France. Quelques mois plus tard, les troupes de Garibaldi débarquent en Sicile. Garibaldi bat les contingents napolitains à Milazzo, puis prend possession de Palerme. Le 20 août, il traverse le détroit de Messine. François II abandonne son trône. Les élites se soumettent. Contre toute attente, Napoléon III ne réagit pas aux sollicitations du Pape. Le 18 septembre, Victor-Emmanuel II écrase l’armée pontificale à Castelfidardo, puis rejoint Garibaldi à Naples. Ce dernier lui remet la couronne de Naples. En janvier 1869, le premier parlement italien se réunit à Turin. Les députés élisent comme roi Victor-Emmanuel II. La péninsule est quasiment unifiée, à l’exception de la Vénétie et de la ville de Rome dirigée par le Pape. Le souverain pontife est protégé par Napoléon III.
L’Italie est faite, il reste à faire les Italiens. Le décès de Cavour ne facilite pas les choses. Tout d’abord, le Piémont impose une administration centralisée sur le modèle français. Les fonctionnaires sont en majorité piémontais. Les autres provinces ont le sentiment d’avoir été conquises par une puissance étrangère. Le Sud se révolte. François II, en exil, fournit des ressources. Le Pape offre l’asile aux Napolitains. L’armée piémontaise réagit dans la violence. Des sociétés secrètes, telles que la mafia en Sicile ou la camorra à Naples, naissent pour lutter contre l’insécurité et pour stabiliser un ordre public que Turin est incapable de réaliser. Elles sont les héritières des milices privées constituées par les seigneurs à l’époque médiévale. Elles reposent sur la loi du silence, le respect des élites traditionnelles. Les difficultés économiques et l’endettement résultant des guerres d’unification causent également des mouvements sociaux. Au Sud, Mikhaïl Bakounine diffuse les théories marxistes. En 1867, il crée la première section italienne de l’Internationale ouvrière. Au milieu des années 1860, l’Autriche et la Prusse sont en guerre. Pour aider l’Italie à récupérer la Vénétie, la France soutient la Prusse. Une fois la guerre terminée, la France rétrocède la région au Piémont. Immédiatement, Garibaldi envahit les Etats pontificaux. Napoléon III envoie des troupes pour secourir le Pape. Il faut attendre la chute du second empire français en 1870 pour que Rome soit intégrée.
Sources
Texte : MILZA Pierre, Histoire de l’Italie des origines à nos jours, Fayard, Paris, 1024p.
Image : https://www.lhistoire.fr/%C3%A9ph%C3%A9m%C3%A9ride/17-mars-1861-proclamation-du-royaume-d%E2%80%99italie
Voir notre article sur Cavour
<= Ep 17 : de la restauration au printemps des peuple Ep 19 : l'Italie sur la scène internationale
Commentaires
Enregistrer un commentaire