Histoire de l'Italie ep 19 : L'Italie sur la scène internationale

 


En 1870, le gouvernement s’installe à Rome. L’Italie doit encore achever son unification politique et culturelle, affronter des difficultés économiques et sociales et s’intégrer à l’espace géopolitique européen. L’Italie est une monarchie parlementaire. Le pouvoir échoie au Premier ministre issu de la majorité des chambres. Le suffrage est censitaire. Le Pape incite les catholiques de ne pas prendre part aux élections. Cette consigne, très suivie, fait le jeu de la gauche anticléricale et de la bourgeoisie libérale. Les principaux dirigeants au pouvoir, dans les années 1870, sont Marco Minghetti, Giovanni Lanza et Quitino Sella. Ils sont d’excellents gestionnaires et technocrates. Néanmoins, ils sont éloignés des préoccupations sociales de la classe moyenne. Leur politique d’austérité rétablit les finances, mais les mettent en minorité au parlement. En mars 1876, la gauche arrive au pouvoir avec Agostino Depretis. Son programme : anticléricalisme, décentralisation administrative, élargissement du suffrage censitaire, création d’un enseignement primaire gratuit et laïque, suppression de certains impôts. La petite bourgeoisie urbaine profite de ce programme mis en place dans les années 1880. Depretis meurt en 1887. Francesco Crispi lui succède. Il demeure au pouvoir jusqu’en 1896. Il réforme le système de santé, le système pénitentiaire et électoral. Il contrôle l’administration, surveille l’opinion. Il poursuite l’œuvre de laïcisation, tout en essayant de ménager la Papauté.

Dans les années 1870, l’Italie reste neutre dans la guerre franco-prussienne. Les dirigeants italiens sont tiraillés entre leur sympathie pour Napoléon III et leur fascination pour l’unification allemande. Ce tiraillement se traduit par un questionnement géopolitique. L’Etat italien s’interroge s’il est préférable de récupérer les terres au Nord de la péninsule au détriment de l’Autriche, ou de se tailler un empire colonial en Afrique au détriment de la France. Les tensions entre Turin et Paris en Tunisie, puis l’intervention française à Tunis, poussent l’Italie à se rapprocher de Vienne. En 1881, l’Italie signe avec l’Allemagne et l’Autriche un traité défensif, qui se transforme en alliance militaire. L’Italie n’a pas les moyens financiers et militaires pour mener des conquêtes coloniales. Néanmoins, elle le souhaite pour dissimuler ses difficultés intérieures et renforcer son prestige sur la scène internationale. De plus, de nouvelles terres permettraient d’absorber la croissance démographique et d’accroitre les richesses. En 1882, l’Italie acquiert des comptoirs en Erythrée. En 1887 soutenue par Paris et Londres, l’Ethiopie déclare la guerre. Une paix est signée en octobre 1896. L’Italie conserve l’Erythrée, mais doit renoncer à l’Ethiopie.

L’abandon des vues coloniales en Afrique ne signifie pas que l’Italie renonce à toutes ambitions expansionnistes. En effet, elle lorgne sur les rivages de l’Adriatique : un objectif plus proche nécessitant des moyens moindres. Néanmoins, un tel projet la met en conflit avec l’Autriche. L’Italie prend ses distances avec la Triple Entente. Elle se rapproche de la France. De nombreux hommes politiques demeurent francophiles. Les milieux économiques souhaitent également le rapprochement avec Paris pour accéder au marché français. En 1896, l’Italie reconnait le protectorat français en Tunisie en échange d’avantages économiques et financiers. En 1902, Rome et Paris s’accordent sur la neutralité italienne en cas de conflit franco-allemand déclenché par l’Allemagne. En échange, la France laisse la liberté d’action sur les côtes adriatiques.

 

Sources

Texte :  MILZA Pierre, Histoire de l’Italie des origines à nos jours, Fayard, Paris, 1024p.

Image :

https://www.linflux.com/breve/souvenirs-enfouis-de-lethiopie-italienne/

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