Alexandre le Grand homosexuel ? Le doute Hephaestion
Il
est un fait, sur la possible homosexualité d’Alexandre, qu’il faut relever
immédiatement. De toute sa vie, aucun acteur privilégié, c’est à dire proche du
conquérant – et ils sont nombreux - n’a
jamais affirmé ou constaté de visu le voir pratiquer une relation sexuelle avec
un autre homme. Cependant aucun non plus n’affirme qu’il n’en a jamais eue. La
seule énigme tourne autour du seul et même homme avec qui il partage très
souvent son quotidien: Héphaestion. Savoir si ces deux hommes ont un jour ou l’autre sauté
cette fragile frontière qui sépare la grande amitié de l’amour restera pour
l’éternité en suspens… du moins pour le moment !
Il faut
s’attarder un instant sur l’ami intime d’Alexandre, celui qui lui sera toujours
fidèle. Héphaestion naît à Pella, la même année qu’Alexandre. Fils
d'Amyntas, un aristocrate macédonien, il reçoit également la même éducation que
lui auprès du philosophe Aristote dans son adolescence. Il est un homme fort et
beau. Certaines anecdotes de la vie d’Alexandre révèlent que les deux amis se
ressemblent beaucoup, de par leur stature et leur taille. Physiquement proche,
Héphaestion apparaît même parfois comme plus beau qu’Alexandre, si bien que
leurs ennemis pouvaient les confondre. Héphaestion est quelqu’un de discret car
de leur sentiment et de leur relation, c’est Alexandre qui sera le plus
loquace. Il ne semble n’avoir en tête que le bonheur et la réussite de son ami.
Des tensions et des jalousies éclatent parfois parmi les intimes d'Alexandre
quand celui-ci donne son entière préférence au seul Héphaestion. Cratère, autre
grand ami et général d’Alexandre, affirme un jour, désabusé :
« Cratère
aime le roi, mais Héphaestion, lui, aime Alexandre ! »
Très tôt,
c’est-à-dire dès l’enfance, le lien qui les unira toute leur vie restera
perceptible. Durant leur enfance, Olympias, très possessive, laisse souvent éclater sa jalousie et
sa rancœur envers le beau Héphaestion. Plusieurs fois elle intime à son fils de
ne pas lui faire entièrement confiance. Peut-être soupçonne–t-elle déjà leur
relation, ou bien Alexandre lui en a-t-il déjà fait la confidence. Si tel est
le cas, alors Héphaestion est considéré par beaucoup comme un ennemi car il est
un frein au mariage de l’héritier au trône. Olympias réitèrera sa méfiance
quant à leur trop grande affection tout au long du périple oriental de son
fils, dans la correspondance soutenue qu’elle entretiendra avec lui.
Beau et de fière
allure, Héphaestion n’en est pas moins un redoutable soldat. Il combat
d’ailleurs toujours au côté d’Alexandre lors d’une bataille. Tout au long de sa
carrière militaire, il ne fait que de monter en grade pour
progressivement prendre les postes les plus prestigieux, de somatophylaque - garde du corps - à celui de
chiliarque - fonction administrative se rapprochant du satrape perse - ce qui a
eu pour effet de le rapprocher peu à peu de « son » Alexandre. Autour
d’eux, les bruits et les rumeurs courent. De surcroît, on les surprend
quotidiennement partageant la même tente, les mêmes plats et parfois la même
coupe. Confiant en l’infaillible lien qui les unit, Alexandre partage toute son
intimité avec Héphaestion en lui faisant lire les propres lettres de sa mère.
Le personnage
d’Héphestion ne laisse pas indifférent les divers auteurs et tous ont eu leur
avis sur l’ambigüité de cette relation qu’ils entretenaient. Beaucoup de
sources ne disent rien sur un quelconque lien charnel, et même l'auteur Athénée, qui
dépeint Alexandre comme un amateur de jeunes et beaux garçons, ne citera jamais
Héphaestion comme étant son amant. Cet attachement semble toutefois ne faire
aucun doute chez les proches du « couple macédonien », même si les
biographes antiques semblent prendre un malin plaisir à entretenir le mystère.
Malgré toutes ces informations qui sont autant de preuves d’un réel et fort
amour, force est de constater qu’en réalité personne ne sait grand chose sur la
vraie nature d’Héphaestion, malgré l’importance qu’il revêt aux yeux
d’Alexandre.
Pourtant un
épisode de la vie mouvementée d’Alexandre confirme l’immense amour que le roi
porte à son « favori ». Il intervient juste après le débarquement
d’Alexandre en Anatolie. Il faut imaginer que le roi part pour l’Asie, la tête
pleine de rêves pour cette terre qui fut le théâtre des antiques et héroïques
exploits des guerriers des épopées homériques et de son modèle Achille. Et ce
n’est pas un hasard si, avant d’entamer son parcours asiatique, Alexandre veut
s’arrêter à Ilion, là où se trouve l’ancienne mythique cité du roi Priam et de
ses fils Hector et Pâris : Troie. Le lien énigmatique qui relie Alexandre
et Héphaestion trouve un sens tout particulier dans les ruines de Troie. En
effet, tout comme Achille avait Patrocle, Alexandre à Héphaestion. Et tandis qu’Alexandre
rend les honneurs en se recueillant entièrement nu – signe de sa totale
dévotion - devant le tombeau d’Achille, Héphaestion en fait de même avec celui
de Patrocle. Ce geste symbolique montre toute l’affection que les deux hommes
peuvent avoir l’un pour l’autre et la confiance mutuelle qui les habite.
Frustré de ne pouvoir clamer tout haut son amour, Héphaestion laisse peut-être
entendre par ce geste qu’il est le « mignon » d’Alexandre.
A n’en point
douter, Alexandre ne veut en aucun cas reproduire les mêmes erreurs que son
divin ancêtre qui, de par sa colère, avait envoyé Patrocle à la mort. Il
n’existe donc aucun mystère sur l’amour et l’affection que se portent Alexandre
et Héphaestion, mais existe-il un quelconque lien charnel entre les deux hommes ?
Leurs gestes l’un envers l’autre à Troie n’en sont pas moins à la fois
troublants et révélateurs, même si on peut également les considérer comme un
acte fraternel et guerrier.
Comment Alexandre
apparaît-il devant ses proches ? Philippe voyait son fils comme une jeune
fille enamourée, Démosthène le considérait comme un enfant gâté et la plupart
des vétérans de l’armée macédonienne comme un jeune homme inexpérimenté et
romantique. Pourtant, Alexandre ne manque pas de marquer sa différence, sa
fierté et son orgueil mâle. C’est ainsi que, toujours à Troie, il refuse la
harpe légendaire du beau Pâris qu’on lui offre. D’un geste royal et méprisant,
il renvoie l’objet affirmant que celui qui avait subjugué la belle Hélène qu’il
n’était qu’un efféminé sans gloire.
« Qu’est ce que ce présent ? On veut me faire porter l’emblème
de la fourberie qui insulte le peuple grec ! Qui est ce Pâris qui jouait
de la harpe comme une femme et qui fuyait au combat comme un
lâche ? »
Alors? Mystère!
J'ai adoré cet article et appris bcp de choses sur le vie intime d'Alexandre surtout que je ne connaissais pas Héphestion.
RépondreSupprimerMerci.
Article court et en même temps très détaillé, j'ai appris en vous lisant merci pour ce court !
RépondreSupprimerwow qui l'aurait cru
RépondreSupprimerJe pense qu'ils étaient amants mais en même temps je suis super fleur bleue...
RépondreSupprimerje le suis également
SupprimerAlexandre aimait Hepestion comme un frère. Delà à pensé qu'ils aient paséo la cap! Il est vrai qu'à l'adolescence, les jeunes se cherchent. Alors peut-être que....
RépondreSupprimerJ'ai adoré l'article, très bien rédigé et interessant. Grand personage qu'Alexandre ! et ce mystère qui l'entoure laisse rêveur ...
RépondreSupprimerAlexandre était attiré par certains hommes, ce qui est normal a cette époque et surtout avec une mère comme olympias, castratrice, abusive, possessive, beau et Libre......
RépondreSupprimerAlexandre était attiré par certains hommes, ce qui est normal a cette époque et surtout avec une mère comme olympias, castratrice, abusive, possessive, beau et Libre......
RépondreSupprimer«Normal à cette époque » c’est tellement étrange de penser comme ça et révélateur.
SupprimerAlexandre était attiré par certains hommes, ce qui est normal a cette époque et surtout avec une mère comme olympias, castratrice, abusive, possessive, beau et Libre......
RépondreSupprimerJ'ai relu depuis plusieurs jours tout ce qui a été écrit sur ALEXANDRE y compris en grec ancien.Rien ne permet de supposer même qu'il ait été homosexuel.Au contraire, Plutarque rapporte des propos virulent contre le "pédéraste" Dymnus à propos de la mort de Philotas. Le texte ci-dessus, faussement documenté, rappelle les démonstrations de l'homosexualité de Richard cœur de Lion et de Montaigne. Cà n'est pas très sérieux!
SupprimerCertainement tu n'as pas lu tout ce qui a été écrit à ce sujet en grec (et pourquoi tu méprises les sources latines?)Athénée dans Les Deipnosophistes (13, 80) écrit: φιλόπαις δ᾽ ἦν ἐκμανῶς καὶ Ἀλέξανδρος ὁ βασιλεύς, et seqq.
SupprimerTu as relu "tout" ce qui a été écrit sur Alexandre ? Ce n'est pas possible, il y'a bien trop de livres qui ont été écrits sur lui. Il ne faudrait pas oublier qu'Héphestion n'était pas le seul, il y'a aussi eu Bagoas. Par ailleurs, il faut rappeler que Plutarque n'était pas franchement en faveur de la pédérastie, alors il ne faut pas tirer de conclusions spéciales du vocabulaire qu'il emploie et qui n'est certainement pas celui d'Alexandre. Pour résumer, la bisexualité d'Alexandre ne fait pas vraiment de doute et c'est prétendre le contraire qui n'est pas vraiment sérieux. On n'est pas du tout dans le cas de Montaigne où là, effectivement, il n'y a aucune preuve véritable.
SupprimerVoici un texte trouvé sur Google et présentant les diverses facettes de l' "amour-Amour-AMOUR..." que les Grecs différenciaient, soit l'amitié, l'amour maternel ou paternel, l'amour Divin, l'amour platonique, le désir charnel, enz.
RépondreSupprimerBonne lecture!
(compte clôturé)le samedi 29 mai 2010 à 20h59
Ce texte de Catherine Bensaid revient me rappeler combien les grecs avaient un vocabulaire riche pour ce mot "amour". J'ai souvent perçu des degrés dans mes relations. Il me semble que les amours plurielles donnent encore plus de chance des les expérimenter, et simultanément parfois.
- Porneia (du grec pornê, prostituée) : L'amour est dévorant, on attend de l'autre qu'il nous nourrisse.
- Pathos (souffrance, passion) : L'amour est passionné, possessif, il s'agit d'une demande inquiète et obsessionnelle.
- Eros (désir des sens) : L'amour est désir. Dès que l'autre sort de cette illusion de perfection, on ne l'aime plus.
- Philia (amitié) : L'amour est amical, non parce qu'il exclut le désir, mais parce qu'il apprend à le découvrir, de part et d'autre, et à le dire. Afin que chacun puisse l'entendre et s'entendre.
- Storgê (amour familial) : L'amour est tendresse. Pas seulement douceur, mais aussi tension : tendre vers l'autre, être attentif, attentionné.
- Charis (grâce, faveur) : L'amour est grâce. Le bonheur d'être ensemble est un cadeau. Cet accord profond permet d'être pleinement l'un avec l'autre. La quotidien prend toute sa saveur, se teinte de cette folie qui nous permet d'élargir l'horizon, d'aller vers l'inconnu.
- Agapê (amour divin) : L'amour est don. C'est la part inconditionnelle de l'amour. Là s'ouvre la porte de l'amour véritable, qui est une oeuvre à accomplir.
Message modifié par son auteur il y a 6 ans.
Dans l'armée grecque l'homosexualité était fortement encouragée parce qu'on pensait que des amants se battaient plus volontiers et de manière plus efficace lorsqu'ils s'aimaient ! le fait est que la femme était bien souvent cantonnée au gynécée et affectée essentiellement à la tâche de reproduction de l'espèce ! (d'où plus tard les mouvements d'émancipation de la femme grecque sous l'impulsion de la poétesse Sapho )
RépondreSupprimerPetite rectification. Si on s'en remet aux sources historiques connues, et même avec une lecture critique, il n'y a que dans les rangs spartes que l'homosexualité était encouragée. Jusqu'à preuve du contraire, on ne peut donc pas étendre cette "culture de caserne" à l'ensemble des Grecs.
SupprimerJ'ai trouvé que cet article est très bien construit un très grand bravo à l'auteur <3
RépondreSupprimerTrès bon commentaire je trouve que ton avis apporte beaucoup à cette étude :p
Supprimerje sais que t'es déjà en train de rep à ton propre commentaire et c'est pas cool mskn
Supprimert'es pas cool
Supprimerj'avoue c'est vraiment pas sympa
SupprimerSwaggy
Supprimeryo les escargots
SupprimerIl est impossible d'expliquer et même de comprendre la sexualité de personnages de l'Antiquité en utilisant des concepts d'orientation sexuelle qui datent du 19ème siècle.
RépondreSupprimerCela me paraît, à moi aussi, pour le moins hasardeux.
SupprimerD'autant plus que c'est d'un intérêt historique assez limité.
Supprimer"sur la possible homosexualité d’Alexandre"
RépondreSupprimerOk déjà là de base ça part mal -_-
Javoue
SupprimerQui clic dessus quoi
Bonjour,
RépondreSupprimerLa conquête de la Perse par Alexandre ouvre une ère nouvelle pour la religion de L’Iran (de 333 à 330). Aux Achéménides succèdent des dynasties grecques sous lesquelles la religion de Zoroastre est éclipsée et une partie des Livres sacrés perdue.
C’est Alexandre qui, dans une nuit de débauche, mit de sa propre main le feu au Palais de Persépolis, dans lequel se trouvait un exemplaire de l’Avesta « écrit en caractères d’or sur des peaux de bœufs ».
Celui qui détruisait ainsi l’œuvre sacrée voulait lui-même les honneurs rendus aux êtres divins. Les Spartiates disaient de lui, avec dédain : « Puisqu’Alexandre veut être Dieu, qu’il soit Dieu ». Combien cela changeait les choses !…
Peut-être souhaiterez-vous consacrer quelques secondes de votre précieux temps à la suite de cet extrait tiré de l’article du blog ci-dessous ?
Cela permettra éventuellement de répondre à votre questionnement.
Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/alexandre...legrand.html
Sinon, mille excuses pour le dérangement.
Cordialement.
Belle histoire mais le doute subsiste !
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