Louis XVI (4/9) : la guerre d’indépendance américaine (1777 – 1785)

 

Laissons de côté les questions de politique intérieure pour nous intéresser à l’international et tout particulièrement à un évènement majeur du XVIIIe siècle : la naissance des Etats-Unis d’Amérique. Au départ, treize colonies anglaises se révoltent contre Londres. Parmi les séditieux, certains revendiquent l’indépendance. Nous conservons l’image de la France volant au secours des Insurgés avec le marquis de la Fayette, mais la situation est plus complexe. Vous avez tergiversé longtemps avant de vous engager.
La question n’était pas simple à trancher, vous en conviendrez. Il est vrai qu’il est plaisant de voir son ennemi rencontrer des difficultés intérieures. D’autant plus que l’Espagne, ayant des intérêts dans les Caraïbes, m’y pressait. D’un autre côté, j’ai du mal à accepter d’aider des séditieux luttant contre l’autorité royale.

Oui. En 1782, vous avez envoyé des troupes à Genève mater une rébellion contre le gouvernement.
Entendons-nous bien, si j’ai aidé les colonies américaines, c’était pour affaiblir l’Angleterre et non pour que des États aux portes de mon royaume ne fassent de même. Les Anglais arraisonnaient nos navires dans les Caraïbes. De plus, si Londres venait à l’emporter outre-Atlantique, sa position dans cette région se trouverait renforcer au détriment de nos colonies. Ainsi, je finis par me ranger du côté du Sieur de Beaumarchais et de mon ministre Vergennes.

La guerre est donc déclarée ?
Pas officiellement. Nous commençons par envoyer de l’agent et des armes via une société écran montée par Beaumarchais. Il faut attendre 1778. Je signe avec les émissaires américains deux traités : l’un d'amitié et de commerce, l’autre d’alliance. Dans le premier, la France reconnaît l'indépendance américaine et organise une protection mutuelle des échanges maritimes. Le second stipule que la France et les États-Unis feront cause commune en cas de conflit entre la France et la Grande-Bretagne. A partir de ce moment, les hostilités avec l’Angleterre ne tardent pas.

Il s’agit d’une guerre navale, car dès l’été 1778 des combats se déroulent dans les mers bretonnes au large de Plouescat et d’Ouessant.
A chaque fois, nous en sortons vainqueur ! L’Espagne et les Provinces-Unies se joignent à nous. Je confie au comte Charles Henri d’Estaing le commandement d’une flotte pour soutenir les insurgés. Hormis une victoire à La Grenade, le bilan se caractérise par une série d’échecs notamment à Savannah en Géorgie.

L’occasion se présente ici pour faire un aparté sur la marine. Contrairement à votre prédécesseur, vous avez compris l’intérêt de posséder une marine forte.
Cela tient également à ma passion pour la géographie et les sciences maritimes. J’ai conçu et réglé tous les détails de l’expédition de Jean-François de La Pérouse, dont l’objectif est d’effectuer le tour du monde et de cartographier l’océan Pacifique. Hélas, il ne reviendra pas.

Vos contemporains ont pu voir cette passion lors de votre visite de la construction du port de Cherbourg. Chacun a dénoté votre parfaite connaissance en la matière.
Ah Cherbourg. Mon meilleur souvenir. Je quittais la région parisienne pour la deuxième fois et je voyais la mer pour la première fois à 32 ans. Partout, mes sujets m’ont accueilli chaleureusement. Je me sentais à mon aise loin des cérémonies et des intrigues de la cour. Je m’étais promis que je voyagerai plus souvent. Ça ne se reproduira qu’une seule fois vers Varennes.

La France s’allie à l’Espagne. La confrontation devient plus directe avec l’Angleterre. Madrid espère reconquérir ses colonies perdues tout au long du siècle. Un projet de débarquement franco-espagnol, via Southampton, est mis sur pied.
Oui. Ça nous rappelle l’Invincible Armada de Philippe II. Je n’étais pas dupe sur la réussite d’un tel projet. Néanmoins, il avait le mérite de retenir la marine anglaise dans la Manche, nous laissant le champ libre aux Amériques. Les maladies, les coups de boutoir anglais, ont mis un terme au projet. Sur les conseils de Vergennes et de La Fayette, je décide de concentrer notre flotte sur l’Amérique. Je confie le commandement à Rochambeau. J’octroie aux insurgés de nouveaux subsides, car la situation militaire tourne en leur défaveur. La Bataille de la baie de Chesapeake, puis la bataille de Yorktown aboutissent à la défaite de l'Angleterre en Amérique.

En 1783, le Traité de Versailles met un terme à la guerre. L’Angleterre reconnait l’indépendance des treize colonies d’Amérique. Elle conserve le Canada et Gibraltar. L’Espagne regagne la Floride et la Louisiane. La France regagne ses possessions dans les Caraïbes, dans les Indes et conserve ses droits de pêches au Canada. C’est une victoire totale auquel, vous avez largement contribué. Néanmoins, la naissance de ce nouveau pays donne un exemple de démocratie qui applique les idées nouvelles : émancipation des Noirs dans les États du Nord, séparation des pouvoirs, absence de religion officielle, liberté de la presse.

<= Partie 3 : le Ministère Necker

Partie 5 : Le Ministère Calonne =>

Sources :
Texte :
- PETITFILS Jean-Christian : Louis XVI, Perrin, 2021, 1183p
- Louis XVI, Historia thématique, n°99, janvier-février 2008, 88p.
Image : https://www.misterdruckle.lu/ 

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