Louis XVI (5/9) : le Ministère Calonne et l’affaire du collier (1785 – 1787)

 

Revenons aux affaires intérieures de la France. Necker a démissionné et vous le remplacez par Charles-Alexandre de Calonne.
Vergennes me l’a conseillé. Calonne est un homme intelligent et doué pour la communication, qui avait auparavant fait de remarquables preuves comme intendant de la généralité de Metz.

Il aura fort à faire, car la situation financière s’est empirée. La guerre contre l’Angleterre a vidé les caisses.
Dans un premier temps, Calonne s'emploie à rétablir la confiance des Français en s'efforçant d'exploiter les ressources déjà existantes dans le royaume, et à encourager l'initiative industrielle et commerciale. Puis, dans un second temps, il entreprend une réforme prudente du système fiscal. Son plan d’action se constitue en trois volets : égalité de tous devant l’impôt, retour à la libre circulation des grains, création d’assemblées nouvelles élues par les propriétaires terriens.

Elles sont similaires à celles de Necker. Je présume que vous vous êtes heurtés aux mêmes oppositions.
En effet, les oppositions de l’aristocratie et du clergé ne se font pas attendre. Le Conseil royal, constitué à cette occasion, ne parvient pas à un accord. La reine exige le renvoi de mon ministre. De quoi se mêle-t-elle ? Néanmoins, face à l’impopularité de Calonne, je préfère m’en séparer.

En parlant de la reine, elle est éclaboussée par une affaire juridique, la célébrissime affaire du collier.
En 1785, la reine m’informe d’une sombre machination contre sa personne. Il y a peu, elle a reçu la visite d’un grand bijoutier lui demandant de payer le premier versement d’un collier de 2.800 carats qu’elle aurait acquis par l’intermédiaire de l’évêque de Strasbourg, le cardinal de Rohan. Elle était sidérée en entendant ces dires, d’autant plus que le cardinal ne figure pas parmi les personnes qu’elle apprécie. Je fais arrêter le cardinal dans la galerie des Glaces et lui somme de m’expliquer cette délirante histoire.

En arrêtant le cardinal aux yeux de la cour, vous montrez votre pouvoir arbitraire. Ce fut votre première erreur.
Erreur politique peut-être, je m’en suis rendu compte à postériori, mais parfaitement légal d’un point de vue juridique. Le cardinal reconnait avoir voulu recouvrer les bonnes grâces de la reine en s’acquittant d’une tâche qu’elle lui aurait confiée. Il avoue son imprudence mais nie être l'instigateur de l'affaire, faute qu'il rejette sur Jeanne de Valois-Saint-Rémy, également appelée Madame de La Motte.

Et là vous lui laissez le choix d'être jugé par le Parlement de Paris ou par vous-même. Deuxième erreur de votre part. Rohan choisit la première option. L’affaire du collier sera donc dévoilée en plein jour. L’année suivante le parlement de Paris instruit l’affaire.
Mme de la Motte a fait croire au cardinal que la reine souhaitait se procurer le collier à mon insu, quitte à le payer en plusieurs fois. Elle lui a remis un faux billet de commande signé par la reine. Mme de la Motte est condamnée, mais le cardinal est acquitté. Le prélat jouit du soutien des membres de sa Maison, du clergé et du Saint-Siège.

De plus, le Parlement est en conflit avec vous sur la question des réformes fiscales. Il n’allait pas vous faire de cadeau.
Je demeure convaincu de la culpabilité de Rohan. Je passe outre la décision du Parlement et proclame son bannissement du royaume.

Troisième erreur. Vous démontrez à nouveau votre pouvoir arbitraire en revenant sur une décision de justice.
Et à nouveau, je vous rappelle que bien que la décision soit politiquement discutable, je suis dans mon droit d’un point de vue juridique. Je possède le pouvoir judiciaire que je délègue à mon Parlement.

Les relations avec les magistrats s’enveniment et le peuple conspue la reine qui la croit coupable. Elle ne parviendra jamais à reconstituer son capital sympathie, ce qui jette l’opprobre sur la monarchie.

 A suivre.....

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Sources

Texte :
- PETITFILS Jean-Christian : Louis XVI, Perrin, 2021, 1183p
- Louis XVI, Historia thématique, n°99, janvier-février 2008, 88p.
- Louis XVI, Marie-Antoinette et la Révolution : la famille royale aux Tuileries, exposition aux Archives Nationales, Paris, 2023.

Image : herodote.net