Clélie : L'Héroïne Oubliée de la République de la Rome Antique
Toute civilisation a ses légendes. De Rome nous connaissons évidemment Enée, Romulus, Rémus et Clélie. Clélie ? C’est peut-être un des récits fondateurs les moins connus. Laissez-moi vous la conter.
L'année 507 avant J.-C. fut une période tumultueuse pour Rome. La ville était en pleine transition, cherchant à se débarrasser de la monarchie des Tarquins pour embrasser la république. Les Tarquins, exilés, cherchèrent l'aide de Porsenna, le puissant roi étrusque, pour reprendre le trône. Porsenna, voyant une opportunité d'étendre son influence, mit le siège devant Rome. Celle-ci demanda des pourparlers. Afin de garantir la loyauté de Rome pendant les négociations, le roi Etrusque exigea des otages. Parmi eux se trouvait Clélie, une jeune fille romaine très belle et, comme nous allons le voir, à la volonté de fer.
L’échange eut lieu. Les otages sont enfermés.
Les dernières lueurs du jour tombaient sur le camp étrusque. Les tentes devenaient silencieuses, à l'exception des murmures des gardes et du crépitement des feux. Clélie, allongée sur sa paillasse, fixait le ciel et jalousant Apollon, libre de ses déplacements dans le ciel, qui allait passer l’horizon pour laisser la nuit s’installer. Ses pensées tourbillonnaient. Elle pensait à sa famille, à Rome, et à la liberté qu'elle avait perdue. Une détermination grandissait en elle, une flamme qui ne demandait qu'à s'embraser. Elle se leva silencieusement et élabora un plan afin de s’évader : prétextant vouloir se baigner pour faire sa toilette, elle jouerait la prude afin que les gardes ne la regardent pas nue. Lorsqu'elle s’immergea enfin dans le Tibre, Clélie prit une profonde inspiration, son cœur battant à tout rompre. "Pour Rome", murmura-t-elle avant de plonger dans les eaux tièdes. Malgré la fatigue, la peur et le froid, elle nagea avec une détermination sans faille, guidée par l'espoir de retrouver sa patrie.
Lorsque Clélie atteignit les portes de Rome, une foule, rameutée par le cris des soldats, s'était rassemblée. Les gardes, reconnaissant Clélie, la conduisirent directement devant le Sénat. Là, elle fut accueillie par le consul Publius Valerius Publicola. "Clélie, tu as montré une bravoure que peu possèdent. Pourquoi as-tu pris un tel risque ?", demanda-t-il. Clélie répondit avec fierté : "Pour Rome, pour la République, pour la liberté, pour l'honneur de ceux que j'aime." Publicola, impressionné, la salua, mais lui rappela les lois de la guerre. Elle devait être renvoyée à Porsenna.
Après moult tumultes, Clélie se retrouvait de nouveau otage. Mais sa détermination n’en était que plus grande.
Dans la tente royale, Porsenna attendait, entouré de ses conseillers et généraux. L'atmosphère était tendue. Lorsque Clélie fut ramenée devant lui. La farouche prisonnière ne baissa pas les yeux. Le roi, intrigué, s'avança vers elle, étudiant son visage déterminé. Porsenna, touché par sa bravoure, fit un geste de la main pour que ses gardes reculent. "Ton courage mérite récompense", dit-il en lui offrant un cheval magnifiquement équipé. Il lui permit également de choisir parmi les otages pour les libérer. Elle choisit les enfants et les femmes les plus jeunes, souhaitant les protéger des horreurs de la guerre.
La nouvelle de la clémence de Porsenna se répandit rapidement dans Rome. Mais on célébrait davantage la force de conviction de Clélie que le geste du roi Etrusque. Les rues étaient remplies de chants et de danses. Des musiciens jouaient des hymnes de victoire, et des enfants couraient en riant, portant des couronnes de laurier. Clélie, montée sur son cheval offert par Porsenna, défilait dans les rues, acclamée par la foule en liesse. Mais malgré l'adulation, elle restait humble. Le Sénat signa un décret ordonnant l’érection d’une magnifique statue équestre de Clélie sur la Voie Sacrée à Rome.
La légende de Clélie est devenue un symbole de courage, de détermination et d'honneur à Rome. Elle a traversé les siècles et les millénaires, célébrée et utilisée à des fins de propagandes. Elle rappelait aux Romains l'importance de la liberté et du sacrifice pour la patrie. Enfin, il s’agissait, à l’instar d’une Marianne en France, d’en faire une icône Républicaine.
Enfin nous laisserons le grand Tite-Live conclure notre histoire: "Les actes de Clélie montrent que la bravoure n'est pas une question de sexe, mais de cœur."
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