Histoire de l'Italie ep 13 : Economie, société arts et culture de la Renaissance à l’âge baroque

 


Durant cette période, le nombre d’habitants passe de 9 à 13 millions d’habitants, malgré les périodes de peste. Les Italiens sont présents dans le commerce atlantique, dans les ports de Séville et de Lisbonne. Ils naviguent sur des vaisseaux espagnols et portugais. Ils financent les expéditions. Les Toscans et les Lombards délaissent le drap pour la soie. Les Vénitiens se spécialisent dans les produits de luxe, dont le verre, ainsi que l’édition. Les Génois deviennent les financiers de la couronne espagnole.

Au début du XVIIe siècle, l’Italie décline économiquement parce que ses concurrents directs (Anglais et Hollandais) progressent plus vite. La peste de 1630 et la sujétion à l’Espagne freinent les investissements et rétrécissent les marchés. Par conséquent, de nombreux marchands acquièrent des domaines pour se préserver des crises. Des titres et des droits accompagnent ces propriétés. Ces nouveaux propriétaires ressemblent aux anciens seigneurs. A tel point que les historiens parlent de reféodalisation, voire de second féodalisme. Ces nouveaux seigneurs redynamisent l’agriculture. Elle n’est plus seulement alimentaire, mais exportatrice. Il s’agit d’un véritable renversement dans un pays longtemps dominé par la ville. Les régions de progrès agricoles se situent presque toutes au nord des Apennins.

Dans le domaine intellectuel, l’Italie continue de donner le ton au reste du continent. La forte urbanisation du pays, le niveau culturel des classes dirigeantes, la production du papier et le développement de l’imprimerie contribuent au développement culturel. On ne se contente pas de lire et de commenter, on développe des idées nouvelles. Au XVIe siècle, la proportion des clercs parmi les intellectuels diminue. Dans ces conditions, les réflexions philosophiques changent. Les humanistes abordent d’autres sujets que la théologie. Ils parlent de l’Humain, de sa place dans la création divine. Ils étudient la médecine, la nature, l’histoire et la politique. Parmi les grands intellectuels italiens citons : Pic de la Mirandole, Marsile Ficin, Léonard de Vinci, Machiavel. Au XVIe siècle, Florence, Rome et Venise sont les épicentres de l’art. Tous les grands artistes y font leurs armes : Michel-Ange, Raphael, Giorgione, Titien, les Bellini.

Le 13 décembre 1545 débute le Concile de Trente. Paul III espère rétablir la discipline dans l’Eglise et définir les dogmes avec précision, afin de contrecarrer le protestantisme. Certains historiens voient dans la Contre-réforme une paralysie de la pensée et de la production culturelle. Néanmoins, l’offensive réformiste a été beaucoup moins pressante en Italie que dans d’autres pays. En effet, le protestantisme est moins diffusé dans la péninsule. Cependant, il est vrai que les innovations culturelles stagnent au XVIIe siècle. Seuls les arts du spectacle et la musique innovent. La comedia del arte apparait à Mantoue en 1567, avec ses personnages caricaturaux. Les spectacles mêlent comédies, danses, acrobaties, mimes. Dans le domaine de la musique, l’Italie occupe le devant de la scène durant tout le XVIIe siècle. Le violon apparait grâce à la famille Stardivari. Les sonates et l’opéra naissent à Venise avec Monteverdi. L’opéra se divise en deux branches : l’opéra sérieux et l’opéra-comique (buffo en italien). Ce n’est pas un hasard si le meilleur musicien de la cour de Versailles s’appelle Gian Battista Lulli (Jean-Baptiste Lully).

Le maniérisme est un courant pictural couvrant la période de 1520 à 1580. Il se caractérise par le primat du décoratif, la tendance à l’allongement des formes, l’abstraction du dessin, l’iconographie compliquée, l’importance de la beauté. Le maniérisme aboutit à une esthétique excessive, voire irrationnelle. Les premiers peintres de ce courant sont des disciples de Raphael, tel Giulio Romano. Ce courant connait son apogée avec les frères Zuccari et le Titien. L’art baroque s’impose à partir des années 1550. Il se caractérise par l’exagération du mouvement, la surcharge décorative, les effets dramatiques, la tension, l’exubérance des formes, la grandeur parfois pompeuse et le contraste. Ces deux styles d’art répondent aux besoins d’une élite d’évoluer dans un univers grandiose et raffiné, dans une société de la vie et du mouvement. A la suite du Concile de Trente, l’Eglise impose des règles strictes avec pour leitmotiv : sobriété, austérité et fonctionnalité. L’art religieux se distingue désormais de l’art profane.

Au XVIIe siècle, l’Italie demeure un foyer scientifique, mais n’est plus le principal. Les savants étrangers viennent encore étudier dans la péninsule. L’Italie perd sa prédominance dans l’astronomie. Certes, il y a encore Galilée, mais les grands savants se répartissent dans toute l’Europe.

Bien qu’assujettie politiquement à l’Espagne, l’Italie conserve sa suprématie dans le domaine culturel. Dans toute l’Europe, on s’adresse aux architectes, sculpteurs, peintres, musiciens, chanteurs, comédiens italiens pour construire, embellir et divertir.

 

Texte :MILZA Pierre, Histoire de l’Italie des origines à nos jours, Fayard, Paris, 1024p.

Image : www.sciencesetavenir.fr

 

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