Histoire de l'Italie : ép 6 L'Italie féodale et l'essor des villes

 


Au Xe siècle, au même titre que les invasions sarrasines du Sud, les invasions hongroises au Nord perturbent la vie économique. Elles accroissent l’autorité des évêques en tant que responsables de la défense des villes. Dans les campagnes, les comtes, jusque-là simples propriétaires foncier, captent les fonctions protectrices. Ils construisent murailles et châteaux. En 951, Otton Ier neutralise la menace hongroise. L’empereur entend bien maitriser les désirs d’indépendance des comtes. Il profite de sa présence à Rome pour se faire remettre la couronne impériale des mains du pape. A chaque début de nouveau règne, les empereurs germaniques descendent en Italie pour rétablir leur autorité et recevoir la couronne impériale. Ils rappellent qui est le véritable maître en Occident. Les seigneurs et les grandes familles haïssent les représentants impériaux. Une fois l’empereur reparti, ils ont tôt fait de les chasser.

A partir du XIe siècle, l’Italie est le centre des querelles entre les empereurs et les papes. La minorité d’Henri IV favorise les velléités d’indépendance du Saint-Siège. En 1059, Nicolas II décrète que seul le collège des cardinaux pourra élire et valider la nomination du pape. En 1075, Grégoire VII réaffirme la primauté de Rome sur tous les autres pouvoirs. Henri IV réunit un concile à Worms pour déposer le pape et en élire un autre. Excommunié et en proie à des rebellions dans l’empire, Henri IV se résout à demander pardon à Grégoire VII à Canossa. Néanmoins en 1084, il envahit l’Italie et s’empare de Rome. Grégoire VII fait appel à des guerriers normands pour le secourir. En échange de leurs services, le Pape leur octroie des terres. Dans les années 1070, Robert Guiscard s’empare de la Sicile au détriment des Sarrasins. Le pape Urbain II dresse contre les partisans de l’empereur (gibelins) une coalition des villes de Nord et de Bavière (guelfes). En 1122, le concordat de Worms établit un statut quo.

A la différence des autres pays européens, l’Italie est très urbanisée. Au Nord et au centre, les villes contrôlent des communes au détriment des seigneurs ruraux. Certains voient leurs châteaux démantelés, tandis que d’autres bâtissent des palais en ville afin de prendre part aux affaires politiques. Les communes effectuent des travaux hydrauliques et d’assainissement. Les notables investissent leurs capitaux dans les domaines agricoles. Bologne émancipe tous les serfs dans le but de rendre la main d’œuvre plus mobile et intéressée à la rentabilité du domaine.

Au Sud, les villes profitent du commerce maritime, grâce à la sécurisation des routes par les Normands. Elles commercent avec Byzance et les pays arabes. Par exemple, Naples exporte des céréales, des armes et du lin et importe des soieries et des produits de luxe. Ces produits se diffusent ensuite dans la péninsule. Amalfi possède des comptoirs en Turquie et en Egypte. Les marins intègrent les technologies arabes de navigation. Au Nord, trois villes tirent leur épingle dans le commerce maritime : Pise, Gênes et Venise. Pise conquiert la Sardaigne. Le Pape soutient ces cités lorsqu’elles luttent contre les musulmans. Elles fournissent des navires lors des croisades. Les conquêtes militaires amènent des richesses contribuant à l’embellissement de la cité. Concurrentes, Pise et Gênes entrent en conflit au début du XIIe siècle, l’une se rangeant du côté de l’empereur, l’autre du côté du pape. Côté Adriatique, Venise est un pôle incontournable par lequel transitent les produits d’Europe et d’Orient. Les grands souverains louent les navires vénitiens pour le transport et la guerre. La cité entre à son tour en conflit contre Pise. A la fin du XIIIe siècle, la Sérénissime est un puissant Etat reconnu par le pape et l’empereur germanique.

Les villes du littoral contribuent au développement des villes de l’intérieur. Elles importent leurs marchandises et exportent les productions italiennes. Les premières concentrent leur énergie et leurs capitaux dans le négoce au long cours, l’armement de flotte et l’établissement de comptoirs. Les secondes se spécialisent dans le transport, les opérations bancaires et la production manufacturière. Elles produisent des textiles, du bois et des armes. Les villes lombardes sont la porte d’entrée des produits issus des foires européennes. Florence tisse les plus beaux textiles d’Europe. Milan forge des armes. Sienne se spécialise dans les opérations de crédits. Elle installe des établissements dans d’autres villes d’Europe.

Au XIIe siècle, les communes, en tant qu’entités politiques, se développent en Italie du Nord, grâce à l’effacement du pouvoir impérial. En effet, l’empereur est loin. A l’inverse, le Pape et le roi normand résident dans la péninsule. Les communes succèdent peu à peu aux seigneurs laïcs et ecclésiastiques dans le rôle de protection. Des assemblées de notables les dirigent.

 

Texte :MILZA Pierre, Histoire de l’Italie des origines à nos jours, Fayard, Paris, 1024p.

Image :https://www.montcornelles.fr/le-chantier-medieval/montcornelles-de-lhistoire-vivante/

 

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