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Histoire de l'Italie : ép 5 Les royaumes barbares

 


Les barbares sont installés et détiennent le pouvoir bien avant la fin de l’empire romain. Certes, les guerres, les destructions, l’exode de populations civiles et la destruction de cités caractérisent la période de la chute de Rome. Néanmoins, cette situation n’est pas le résultat d’une brusque invasion.

Reconnu comme prince par Zénon, empereur de Byzance, Odoacre règne sur l’Italie pendant treize ans. Il réussit à réconcilier la noblesse et les prélats. En 489, le chef ostrogoth Théodoric pénètre en Italie avec son armée. Afin de le détourner de sa capitale, Zénon l’a chargé de libérer la péninsule. Après un siège de trois ans, Théodoric s’empare de Ravenne. En 493, il fait exécuter Odoacre, puis se fait reconnaitre comme prince par le Sénat par l’empereur byzantin. Installé à Ravenne, Théodoric respecte le Sénat et maintient le schéma de carrière politique. Bien qu’arien, il entretient de bonnes relations avec les évêques catholiques. Il fait reconstruire les édifices publics et les infrastructures. La vie intellectuelle reprend. L’art s’enrichit des apports ostrogoths. Son règne constitue un moment de répit pour la péninsule. On assiste à un transfert de richesse et d’influence politique et sociale des laïcs au clergé.

Le royaume ostrogoth survit une trentaine d’années à son créateur. Ses successeurs sont incapables de gérer le royaume et de résister au coup de boutoir des Byzantins. En 535, prétextant le meurtre de la reine Amalasonte, l’empereur Justinien lance l’assaut sur la Sicile et la Péninsule. En 5 ans, les Byzantins conquièrent tout le sud de l’Italie. Les ravages de la guerre entrainent famines et maladies, dépeuplant certaines régions entières. Le maillage de l’Eglise se renforce. Le monachisme se développe. Dans son monastère du Mont Cassin, Saint Benoit rédige une règle qui servira de modèle aux ordres monastiques d’Occident.

Au milieu du VIe siècle, les Lombards déferlent sur l’Italie. Originaires des rives du Danube, ils sont poussés par des vagues migratoires. Ils occupent d’abord la Vénétie, puis tout le nord de l’Italie. Ils renversent les élites en place et instaurent un nouveau pouvoir, détenu par les chefs de guerre. Les Byzantins parviennent à les contenir. Sur place, les populations s’en remettent à l’Eglise. Le pape Grégoire le Grand assume ses responsabilités dans la défense du Latium. Du sauvetage de Rome, il tire un immense prestige à l’échelle de l’Occident. Le pape se substitue peu à peu aux représentants impériaux. Grégoire gère avec efficacité ses immenses territoires. Il intervient avec autorité dans les questions théologiques et liturgiques auprès des autres métropolitains. Tout en se positionnant comme sujet de l’empereur, il maintient son indépendance vis-à-vis du patriarche de Constantinople. Au VIIe siècle, les Lombards s’organisent et fondent une monarchie élective basée sur un système d’alliances pyramidales. Ils introduisent leurs noms, leurs coutumes et certaines de leurs lois. Les Latins occupent des postes de fonctionnaires.

Au début du VIIIe siècle, trois entités se partagent l’Italie : le royaume lombard, la Papauté et l’empereur byzantin. En 749, le pape Zacharie appelle Pépin le Bref pour le protéger des incursions lombardes. En échange, il le reconnait comme roi face aux Mérovingiens. Pépin honore sa part du contrat. Ainsi en 757, le lombard Didier hérite d’un royaume amoindri en faveur du Saint Siège. En 773, Charlemagne intervient à son tour en Italie. Il capture Didier, l’exile dans un monastère, puis annexe son royaume. En remerciement, Léon III lui remet le diadème qui le fait empereur d’Occident. Le pape se place sous la protection des Carolingiens tant vis-à-vis des Byzantins que de ses ennemis à Rome. En 817, Lothaire hérite de l’Italie lors du partage entre les trois fils de Louis le Pieux. Il utilise son territoire comme base militaire contre ses frères. Son successeur Louis II est un excellent roi. Il fait reconstruire les routes, les ports et les palais.

Au début du Xe siècle, les Arabes s’emparent de la Sicile au détriment des Byzantins. Ils effectuent des razzias sur les côtes, pillant les monastères et arraisonnant les navires.

 

Texte :MILZA Pierre, Histoire de l’Italie des origines à nos jours, Fayard, Paris, 1024p.

Image : https://www.pinterest.fr/pin/332773859946325391/

 

Voir nos articles sur les invasions barbares et Odoacre

 

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