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Histoire de l'Italie : ép 2 Rome à la conquête de l'Italie

 


A force de se défendre contre les Etrusques pour conserver son indépendance, Rome se dote d’une armée très performante. Les Romains reproduisent les machines de guerre des savants siciliens. Au -IIIe siècle, l’empire étrusque s’effondre sous les coups de boutoir de Rome, des Grecs et des Celtes. Les cités étrusques se soumettent à Rome. En échange, elles reçoivent la citoyenneté romaine.

Les Samnites résidant dans les Apennins s’organisent en confédération militaire. Ils menacent les cités de Campanie. En -344, ces dernières demandent la protection de Rome. Forts de leur victoire, les Romains démantèlent la ligue latine et punissent les cités ayant pris cause pour les Samnites. La guerre reprend en -327 jusqu’en -304. La seconde guerre samnite permet à Rome de consolider sa domination sur son territoire et de l’étendre à la Toscane. Une troisième guerre éclate en -298. Les Samnites se posent en libérateurs de la tyrannie romaine. Ils sont battus à Sentinum en -295. Les Romains s’emparent de leur territoire en Ombrie. Refoulés dans les montagnes, les Samnites cessent de constituer une menace.

Rome convoite les terres fertiles du Sud. En -282, elle répond à la demande d’aide de la cité de Turiostum en conflit avec les Lucaniens. En réagissant ainsi, Rome provoque un casus-belli avec la cité de Tarente, la plus puissante du sud de la Péninsule. Tarente ne tolère pas cette intrusion dans sa zone d’influence. Les Romains n’attendaient qu’une occasion pour entrer en guerre. Tarente fait appel à Pyrrhus Ier, roi d’Epire. Ce dernier est ravi de se positionner en défenseur de l’hellénisme. Grâce à ses phalanges, il bat les Romains à Naples. Cependant, des divergences éclatent entre Tarente et Pyrrhus. Le roi d’Epire espérait se forger un royaume en Italie. Il débarque en Sicile, expulse les Carthaginois de l’île. Très vite les Siciliens ne supportent plus son autoritarisme. Ils se révoltent et le chassent. Pyrrhus repart en Grèce, en laissant Tarente à la merci de Rome. La cité se rend en -272. Ainsi la république contrôle un territoire allant de Rimini au détroit de Messine.

A la fin du -IIIe siècle, la montée en puissance de Rome et Carthage amène à un affrontement pour la suprématie en Méditerranée occidentale. Les Carthaginois possèdent des comptoirs en Espagne et la Sardaigne. Dès -264, Rome envoie des contingents militaires en Sicile pour préserver les cités de l’île du retour des Carthaginois. C’est le début de la première guerre punique, qui s’achève en -241 par la mainmise de Rome sur l’île. Les Romains ont dû se doter d’une flotte de guerre. Ils privilégient plutôt l’abordage lors les combats navals. En -238, les Romains profitent de révoltes en Sardaigne pour s’emparer de l’île. Ensuite, ils chassent les Celtes de la plaine du Pô. Ils récupèrent les plaines fertiles, qui sont distribuées au peuple. En -218, la seconde guerre punique éclate. Hannibal traverse les Alpes. Certaines cités l’accueillent en libérateur. L’Italie se transforme en champ de bataille. Elle est le théâtre de massacres, de viols, de pillages, de déplacements de populations. Hannibal manque de peu de prendre Rome. Il retourne en Espagne sur ses bases arrières. Le Sénat autorise le général Scipion à porter la guerre en Afrique. Hannibal doit retraverser la Méditerranée pour protéger Carthage. Il est défait à la bataille de Zama en -202 obligeant Carthage à conclure la paix. Très affaiblie, la cité ne survivra pas à la troisième guerre punique. Les Romains la rasent en -146.

Les conquêtes amènent en Italie de nombreuses richesses. Le blé ne manque pas. Les esclaves fournissent la main d’œuvre. Les classes aisées s’enrichissent par l’agriculture et le commerce. Elles se divisent en deux : l’aristocratie et le bourgeoisie marchande. Cette distinction transparait dans les clivages politiques, entre conservatisme et réformisme. Les anciens légionnaires reçoivent des terres et des esclaves. Ils constituent une classe moyenne. Dans les villes, les pauvres vivent des distributions et des jeux faits par les notables. Ces derniers se constituent ainsi une clientèle, qui les soutient dans leurs entreprises politiques.

Rome diffuse sa culture à toute la péninsule. Celle-ci s’imprègne de l’hellénisme dans l’architecture, les arts, les sciences, les lettres. Le poids de l’influence grecque se renforce avec la conquête de la Grèce et des royaumes hellénistiques. Les élites emploient aussi bien le grec que le latin. En revanche, les Romains empruntent aux Etrusques leur modèle d’urbanisme et la sobriété. Tout doit avoir une utilité sociale, sans fioriture. Les temples romains ne sont pas aussi raffinés que les temples grecs. Rome unifie l’Italie d’un point de vue économique, culturel et linguistique (même si les dialectes régionaux perdurent). Il y a pour la première fois un sentiment d’appartenance à une entité collective.


Sources :

Texte :MILZA Pierre, Histoire de l’Italie des origines à nos jours, Fayard, Paris, 1024p.

Image : https://fr.123rf.com/photo_72616401_milan-italie-circa-janvier-2017-ancien-signe-mosa%C3%AFque-spqr-senatus-populusque-romanus-ce-qui-signifie-.html


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