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Histoire de l'Italie : ép 3 Au coeur de l'empire

 


Au cours du -IIe siècle, les populations italiennes s’exaspèrent d’être maintenues dans un état d’infériorité, d’autant plus qu’elles servent dans les légions et contribuent aux victoires romaines. En -124, les citoyens de Fregelles se révoltent. En représailles, les Romains rasent la cité. Cet épisode constitue un prélude. A partir de -94, de nombreuses cités italiennes forment une ligue pour combattre Rome. Après un rude conflit de trois ans, le Sénat accorde la citoyenneté romaine à tous les Italiens, à l’exception des populations des Alpes et de la plaine du Pô.

Au -Ier siècle, l’Italie devient un champ de bataille. Dans les années -80, les généraux Marius et Sylla se disputent le contrôle du Sénat. Le second instaure pour un temps une dictature. En -71, la Sicile est secouée par une révolte d’esclaves menée par Spartacus. Pour l’endiguer, le Sénat dépêche le général Crassius. Le Sénat fait appel à de nombreux généraux pour assurer la sécurité intérieure et extérieure de l’empire. Ces derniers s’enrichissent par leurs conquêtes, organisent des triomphes dans Rome, se créent une clientèle et s’arrogent le pouvoir. En -50, les deux plus grands généraux Pompée et Jules César s’affrontent militairement. Vainqueur, ce dernier se fait octroyer un par un tous les honneurs politiques. Jules César réforme les institutions pour les faire porter sur un homme et une administration capable de gérer un immense territoire. Il est assassiné en -44 par des Républicains et d’anciens partisans de Pompée.

Trois généraux poursuivent l’œuvre de César : Marc-Antoine, Octave et Lépide (second triumvirat). Après s’être assurés le pouvoir en battant les républicains, ils se divisent l’empire. Octave reçoit l’Italie. Des divergences éclatent entre les trois hommes. Lépide est rapidement battu. Le Sénat déclare Marc-Antoine traître, autorisant Octave à le combattre. A Actium en -31, Marc-Antoine subit une lourde défaite. Réfugié en Egypte, il se suicide à l’approche de son ennemi. Seul maitre de l’empire, Octave modifie les institutions pour instaurer le principat. Il devient empereur sous le nom d’Auguste.

Pour administrer les immenses territoires conquis, Auguste puise ses fonctionnaires et ses généraux dans les élites italiennes et non plus seulement romaines. Ainsi, les Italiens participent à la gestion de l’empire. Nombre d’entre eux entrent au Sénat. Ils se sentent unis à Rome. Le principat permet aux chevaliers de renforcer leur pouvoir face aux sénateurs. Auguste consolide les frontières. Les conquêtes visent cet objectif. Il professionnalise l’armée. L’Italie occupe une place prépondérante au sein de l’empire, grâce à ses voies de communication, sa démographie, son urbanisation et ses infrastructures portuaires.

La situation évolue au milieu du Ier siècle. Claude étend la citoyenneté romaine aux provinciaux. L’Italie n’est plus l’unique pourvoyeuse de fonctionnaires impériaux. A partir de Trajan, les empereurs ne sont plus forcément italiens. En 212, l’Edit de Caracalla confère la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’empire. L’Italie devient une province parmi d’autres. Les autres provinces se développent. L’Italie devient viagère, vivant des importations de produits. L’Egypte fournit le blé, l’Espagne l’huile, les Gaules le vin.

Le Ier siècle est une période de paix et prospérité économique. Les successions impériales perturbent cette quiétude. En effet dans un souci de maintien de l’aspect républicain, le Sénat doit approuver la nomination du nouvel empereur. Il n’y a pas d’héritier d’office. L’armée joue un rôle important dans la nomination, car les empereurs sont souvent des généraux. A partir du décès de Tibère, la garde prétorienne impose son choix au Sénat. Après la mort de Néron en 68, quatre empereurs se succèdent en une année. L’Italie redevient le théâtre d’affrontements. Les provinciaux et les barbares composant les légions rançonnent la péninsule en se rendant à Rome.

La prospérité de l’empire repose sur un équilibre fragile demandant des conditions de paix extérieure et intérieure, qui sont bouleversées à partir du IIIe siècle. La fin des conquêtes militaires marque l’arrêt de l’apport de main d’œuvre servile. Les conditions des esclaves évoluent sous l’effet des stoïciens et des chrétiens. La pression s’accroit sur les frontières. En Orient, les Perses repoussent les Romains. En Afrique, les Maures franchissent le limes, idem en Europe avec les peuples germaniques (Goths, Vandales, Saxons, Lombards, Burgondes). Cette pression militaire renforce le rôle de l’armée. Les dépenses militaires augmentent, engendrant une inflation. Rome intègre des barbares dans son armée pour défendre les frontières. Elle permet également leur installation au sein de l’empire pour cultiver des terres.

 

Retrouvez notre article sur la fin de la république romaine

 

Sources :

Texte :MILZA Pierre, Histoire de l’Italie des origines à nos jours, Fayard, Paris, 1024p.

Image : wallpaperflare.com

 

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