Armande Béjart ou Madame Molière

 

 

Faute d’acte baptême, la date et le lieu de naissance d’Armande Béjart demeurent incertains. Les historiens pensent qu’elle serait née en juillet 1638 à Paris. En 1643, un couple nommé Béjart travaille dans la compagnie de Molière à l’Illustre Théâtre. Celui-ci possède un bébé de 18 mois qui est probablement Armande. Néanmoins des doutes subsistent sur le fait que le couple soient ses parents biologiques. La véritable identité d’Armande Béjart divise les historiens : Armande est soit la sœur, soit la fille de Madeleine Béjart. La thèse la plus répandue est qu'Armande est la fille légitime de Joseph Béjart et Marie Hervé, et donc la sœur de Madeleine. D'autres hypothèses font d'Armande la fille de Madeleine Béjart qu’elle aurait eu soit avec Molière, soit avec Rémond de Modène, chambellan de Gaston d’Orléans, soit avec un noble du Languedoc dont on ignore l’identité.

En 1658, Armande Béjart fait partie de la troupe des comédiens de Molière, qu’elle épouse le 20 février 1662, malgré la différence d’âge : 40 ans pour lui, aux alentours de 25 ans pour elle. De son mariage avec Molière, Armande a eu quatre enfants, dont une seule atteint l'âge adulte. En juin 1663, elle a son premier rôle important. Elle joue Élise dans La Critique de l'école des femmes, puis son propre personnage dans L'Impromptu de Versailles. Le 8 mai 1664, elle tient le rôle-titre dans La Princesse d'Élide, que la troupe joue à Versailles devant le roi et ses six-cents invités dans le cadre des Plaisirs de l'île enchantée. Jusqu’à la mort de Molière en 1673, les gazetiers ne cessent de rendre hommage à « l'actrice au joli visage ». Les témoignages abondent concernant ses qualités de comédienne. 

Au cours de l’année 1675, la réputation d’Armande est gravement mise en cause dans deux épisodes judiciaires. Le premier concerne François Lescot, président au parlement de Grenoble. Celui-ci s’amourache d’elle après l’avoir vue jouer sur scène. Jeanne Ledoux, une tenancière chez qui il a ses habitudes, le met en rapport avec Marie Simmonet, une prostituée qui ressemble à la comédienne. Le magistrat s’y méprend et une relation quasi tarifée s’établit entre eux. Un jour, il rejoint Armande dans sa loge. Comme elle s’obstine à ne pas le reconnaître, il finit par l’injurier et lui arracher son collier. La police intervient. Lescot est arrêté, condamné à faire réparation à sa victime et frappé d’une lourde amende. Arrêtées peu après, l’entremetteuse et sa complice sont fouettées en place publique. Le second épisode judiciaire est lié à l’affaire des poisons. Un procès oppose Jean-Baptiste Lully à un officier de la maison du frère du roi, Henry Guichard, pour tentative d’empoisonnement. Armande Béjart est citée comme témoin à charge. Le 30 mars 1676, elle acquiert, une grande maison à porte cochère dans la rue des Pierrées à Meudon, ayant appartenu jadis au médecin Ambroise Paré. Ses enfants la vendront en 1705 au grammairien Pierre Py-Poulain de Launay. Elle abrite aujourd'hui le Musée d’art et d’histoire de la ville de Meudon.


Le 31 mai 1677, elle épouse en secondes noces le comédien Isaac-François Guérin d’Estriché. L’année suivante, elle donne naissance à un fils Nicolas-Armand-Martial. En 1680, elle intègre la Comédie Française qui vient d’être créée. En 1688, un imprimeur hollandais fait paraître une nouvelle diffamatoire intitulée La Fameuse Comédienne ou Histoire de la Guérin, auparavant femme et veuve de Molière. L’ouvrage relate, sous la forme d'une biographie romancée, les aventures amoureuses d'Armande Béjart. Ce livre, fort sujet à caution, mais si riche en anecdotes croustillantes contribue à noircir l'image de la comédienne. Cette dernière prend sa retraite le 1er avril 1694. Elle meurt à Paris le 30 novembre 1700.

 

Sources

Texte : Visite du Musée d’art et d’histoire de la ville de Meudon, juin 2025

Image : wikipédia

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