Histoire et secrets du système solaire : de Pluton et Cérès à la mystérieuse Planète Neuf

Chercheurs et astronomes à travers l’histoire, quête des planètes du Système solaire
Florilège de chercheurs et d’astronomes, symbole de la longue quête des planètes du Système solaire.

Pluton déchue, Cérès révélée, Planète Neuf hypothétique : l’histoire haletante du système solaire, entre découvertes passées et explorations futures.

Le système solaire : un théâtre de mondes changeants

Nous avons tous grandi avec l’image rassurante d’un système solaire ordonné, composé de neuf planètes aux noms familiers : Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton. Cette vision, enseignée dans les écoles et imprimée dans les manuels, semblait immuable. Pourtant, la réalité astronomique est bien plus complexe. Depuis le début du XXIe siècle, les frontières de notre système solaire se sont brouillées. Pluton a été déclassée, de nouveaux mondes nains sont venus enrichir la carte, et une hypothétique Planète Neuf hanterait encore les confins glacés de l’espace. On pourrait rappeler que l’image d’un système solaire figé n’est qu’une illusion héritée de notre vision terrestre. En réalité, les orbites évoluent, les planètes interagissent et de nouveaux corps célestes s’ajoutent sans cesse au catalogue. La décision de l’Union Astronomique Internationale en 2006 de redéfinir le terme « planète » en trois critères — orbite autour du Soleil, équilibre sphérique, et capacité à nettoyer son voisinage orbital — a illustré que notre savoir est en constante révision. L’enjeu est aussi culturel : la perte d’une planète a suscité une émotion mondiale, preuve que l’astronomie ne se limite pas aux savants mais touche à l’imaginaire collectif. Aujourd’hui encore, l’idée d’une Planète Neuf entretient ce mélange de science et de rêve.

Aux origines : les planètes visibles à l’œil nu

Depuis la nuit des temps, les hommes ont levé les yeux vers le ciel. Les astres errants, ces points lumineux qui ne suivent pas la course régulière des étoiles, ont frappé leur imagination. Cinq planètes sont connues depuis l’Antiquité : Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Les Babyloniens les observaient déjà, les Grecs leur donnèrent des noms de dieux, et les Romains les intégrèrent à leur propre panthéon. Ces astres servaient de repères aux agriculteurs pour déterminer les saisons, aux navigateurs pour trouver leur chemin, et aux prêtres pour établir les calendriers religieux. Derrière leur mouvement régulier, on croyait lire la volonté divine. Les planètes étaient des signes, des guides et parfois même des présages. Chez les Égyptiens, Vénus était associée à Isis, tandis que chez les Mésopotamiens elle incarnait Inanna, déesse de l’amour et de la guerre. Les Grecs inventèrent le mot « planêtês » signifiant « errant », pour désigner ces astres qui semblaient se déplacer sans ordre. Les Mayas, quant à eux, ont élaboré un calendrier précis basé sur les cycles de Vénus, qu’ils considéraient comme une étoile du matin et du soir aux pouvoirs divins. Ces récits montrent combien l’observation du ciel était indissociable de la spiritualité et du pouvoir politique.

Les découvertes modernes : Uranus et Neptune

Herschel et Uranus

Il faut attendre 1781 pour qu’une planète invisible à l’œil nu soit identifiée pour la première fois. William Herschel, musicien devenu astronome, observe un objet étrange dans le ciel britannique. Pensant d’abord à une comète, il comprend peu à peu qu’il s’agit d’une planète nouvelle : Uranus. Pendant longtemps, elle avait été confondue avec une simple étoile tant son déplacement est lent. L’annonce fit sensation en Europe : le système solaire venait de s’élargir. La découverte d’Uranus ne fut pas immédiatement acceptée. Certains astronomes doutèrent qu’il s’agisse vraiment d’une planète tant l’objet paraissait insignifiant. Herschel, qui était aussi facteur d’orgues et constructeur d’instruments, illustre bien la figure de l’astronome-artisan du XVIIIe siècle, encore éloigné des grandes institutions modernes. L’annonce de sa découverte provoqua une fièvre d’observations en Europe, chacun voulant vérifier l’existence de ce nouvel astre. C’est aussi à cette époque que le prestige scientifique britannique s’imposa sur la scène internationale.

Les calculs de Le Verrier et la découverte de Neptune

Un siècle plus tard, le mystère s’épaissit encore. Uranus semblait perturbée dans sa trajectoire. L’astronome français Urbain Le Verrier et l’anglais John Adams, travaillant séparément, se lancèrent dans une chasse à la planète invisible. Leurs calculs précis désignèrent une zone du ciel. Le 23 septembre 1846, l’astronome Johann Galle, à l’observatoire de Berlin, braqua sa lunette vers ce point et observa Neptune exactement là où les équations l’avaient prévue. La science mathématique venait de révéler un monde avant même qu’un œil humain ne l’ait aperçu. La rivalité franco-britannique joua ici un rôle central : Adams avait lui aussi prévu l’existence de Neptune, mais son gouvernement ne soutint pas ses recherches, laissant à Le Verrier l’honneur officiel de la découverte. Cette compétition scientifique illustre la dimension politique des sciences au XIXe siècle. L’annonce fut comparée à une victoire nationale pour la France, même si l’observation eut lieu à Berlin. Les journaux de l’époque parlèrent d’un « triomphe des mathématiques », signe que l’astronomie était devenue une science exacte et prédictive.

Sonde New Horizons et Pluton, Tombaugh Regio en forme de cœur (images NASA)
New Horizons a révélé la diversité géologique de Pluton, dont la célèbre « région en cœur » (Tombaugh Regio).

Pluton : l’ascension et la chute d’une planète

En 1930, Clyde Tombaugh, jeune astronome de l’observatoire Lowell en Arizona, repère un minuscule point mobile dans le ciel. C’est Pluton. Pendant plus de 70 ans, elle règne comme neuvième planète officielle, minuscule et lointaine, fascinant les générations d’écoliers. Mais les découvertes du début du XXIe siècle changent la donne. Eris, un objet transneptunien découvert en 2005, s’avère plus massif que Pluton, et d’autres corps comme Hauméa ou Makemake présentent des caractéristiques similaires. Face à cette prolifération de « petites planètes », l’Union Astronomique Internationale décide en 2006 de redéfinir ce qu’est une planète. Pluton est déclassée au rang de « planète naine », car elle n’a pas « nettoyé son orbite » des autres corps qui la peuplent. Un choc pour le grand public, qui voit disparaître l’un de ses repères d’enfance (comme moi). Dès sa découverte, Pluton fit naître un imaginaire foisonnant : dans la culture populaire, elle devint la planète du mystère et de l’extrême, souvent associée à la mort et aux enfers, conformément à son nom mythologique. Pendant la guerre froide, certains astronomes et écrivains lui attribuèrent même des mondes habités dans leurs fictions. Lorsque la NASA lança la sonde New Horizons, beaucoup d’Américains virent dans cette mission un acte de revanche pour « leur » planète découverte par un compatriote. Le déclassement de 2006 provoqua de vives polémiques : des pétitions circulèrent et certains États américains votèrent symboliquement pour maintenir Pluton comme neuvième planète. L’affaire montra que la définition scientifique pouvait heurter l’identité culturelle.

La ceinture d’astéroïdes et le destin de Cérès

La loi de Titius-Bode et la quête d’une planète manquante

Bien avant Pluton, d’autres astronomes avaient cherché à combler les « vides » du système solaire. Au XVIIIe siècle, une loi empirique, dite de Titius-Bode, semblait indiquer qu’une planète devait exister entre Mars et Jupiter. Franz Xaver von Zach organisa une véritable « police céleste » en 1800 pour traquer cet objet hypothétique. Cette loi, bien qu’empirique, fascinait les astronomes car elle semblait donner une harmonie mathématique au cosmos, presque une musique céleste. L’idée qu’un monde manquait entre Mars et Jupiter alimenta les spéculations et mobilisa des réseaux savants dans toute l’Europe. L’organisation d’une « police céleste » témoigne de l’esprit de coopération naissant dans la science moderne, à une époque où les échanges de lettres mettaient parfois des semaines à traverser le continent. Même si la loi se révéla imparfaite, elle contribua à orienter les regards vers la ceinture d’astéroïdes.

Piazzi et la découverte de Cérès

C’est finalement en Sicile, dans la fraîche nuit du 1er janvier 1801, que le prêtre et astronome Giuseppe Piazzi repéra un astre inconnu. D’abord pris pour une comète, il s’avéra être un objet nouveau : Cérès. Baptisée du nom de la déesse romaine des moissons, elle fut considérée un temps comme la huitième planète, avant d’être rétrogradée au rang d’astéroïde, puis reclassée en « planète naine » au XXIe siècle. L’observatoire de Palerme, institution modeste mais animée par la curiosité, devint le théâtre d’une découverte majeure. Piazzi, d’abord sceptique, consigna minutieusement ses observations, un geste essentiel pour convaincre ses pairs. L’Europe savante suivit son annonce avec enthousiasme, preuve que l’astronomie était devenue un savoir partagé au-delà des frontières. Le choix du nom « Cérès » fut aussi lu par certains comme un geste politique, car la déesse des moissons renvoyait à la fertilité de la Sicile, symbole de fierté régionale.

Sonde Dawn et le cratère Occator sur Cérès, dépôts de sels brillants (images NASA)
La mission Dawn a révélé des taches brillantes de sels et des indices de cryovolcanisme au sein d’Occator.

Les révélations de la sonde Dawn

En 2015, la sonde américaine Dawn se mit en orbite autour de Cérès. Les images révélèrent un monde mystérieux : des montagnes isolées, comme le Mont Ahuna, et surtout d’étranges taches brillantes dans des cratères, constituées de sels. En 2020, les analyses confirmèrent l’existence de réservoirs de saumures persistantes sous le cratère Occator, remontées à la surface à travers des fissures. Dawn, première mission à orbiter autour de deux mondes distincts grâce à sa propulsion ionique, permit de démontrer que Cérès n’était pas un simple caillou inerte mais un monde océanique actif au sens large, avec des processus encore en cours. Ces dépôts brillants intriguèrent les scientifiques et suscitèrent parfois des rumeurs de civilisation extraterrestre dans les médias. La preuve d’un cryovolcanisme boueux et récent, visible sur Ahuna Mons, rappela qu’il ne faut pas chercher la vie seulement sur Mars ou les lunes géantes, mais aussi dans ces mondes oubliés.

Pluton revisitée : un monde vivant

En juillet 2015, la sonde New Horizons survola Pluton à plus de 5 milliards de kilomètres de la Terre. Les images transmises bouleversèrent l’image que l’on avait d’elle. Loin d’être un simple caillou gelé, Pluton apparut comme un monde dynamique : Sputnik Planitia, vaste plaine de glace d’azote, montrait des cellules de convection, preuve d’une activité interne ; des montagnes de glace hautes de plusieurs kilomètres dominaient l’horizon ; des indices de cryovolcans, comme Wright et Piccard Mons, suggéraient des remontées de matière chaude ; et une atmosphère ténue, composée d’azote et de méthane, s’élevait au-dessus de la surface. New Horizons n’eut que quelques heures pour photographier Pluton, mais ces données suffirent à bouleverser notre compréhension. La « tache en forme de cœur », baptisée Tombaugh Regio, devint un symbole de l’attachement émotionnel du public à cette planète naine. Pour beaucoup, Pluton resta une héroïne de l’astronomie moderne.

La nouvelle frontière : les planètes naines et la Planète Neuf

Les plutoïdes et les confins glacés

Eris, Makemake, Hauméa… La famille des planètes naines transneptuniennes ne cesse de croître. Chaque découverte confirme que le système solaire n’est pas limité à huit grandes planètes, mais qu’il se prolonge par une multitude d’objets aux formes étranges et aux orbites complexes. Ces plutoïdes appartiennent à la ceinture de Kuiper, un réservoir de petits corps glacés situé au-delà de Neptune. Ces mondes sont des archives vivantes de la formation du système solaire, car ils n’ont jamais été chauffés ni remodelés comme les planètes géantes. Leurs formes bizarres, parfois allongées ou en rotation rapide, témoignent de collisions anciennes. Hauméa, par exemple, possède deux lunes et un anneau découvert en 2017, ce qui en fait un objet unique. Chaque nouvelle découverte rappelle que notre système solaire est bien plus diversifié que nous l’imaginions.

La chasse à la Planète Neuf

Depuis 2016, les astronomes soupçonnent l’existence d’une planète massive, de 5 à 10 fois la masse de la Terre, évoluant bien au-delà de Neptune. Certaines anomalies orbitales d’objets lointains, comme le mystérieux « Goblin », suggèrent sa présence. Pourtant, aucune observation directe n’a encore été faite. La recherche mobilise des télescopes parmi les plus puissants du monde, notamment au Chili et à Hawaï. Les calculs suggèrent qu’elle mettrait entre 10 000 et 20 000 ans à accomplir une révolution autour du Soleil, ce qui explique sa difficulté à être détectée. Certains astronomes pensent qu’elle pourrait être une planète « capturée » venue d’un autre système stellaire. D’autres envisagent que les anomalies observées soient dues à une multitude de petits objets plutôt qu’à un seul géant. Des travaux récents ont même souligné que le regroupement orbital qui appuie l’hypothèse de Planète Neuf pourrait en partie résulter de biais d’observation. Quoi qu’il en soit, la quête nourrit le même suspense que celle de Neptune au XIXe siècle.

L’exploration continue : de Lucy à Europa Clipper

Au XXIe siècle, l’exploration planétaire s’accélère. La sonde Lucy, lancée le 16 octobre 2021, parcourt actuellement les astéroïdes troyens de Jupiter, vestiges de la formation du système solaire. En novembre 2023, elle a survolé l’astéroïde Dinkinesh et découvert Selam, un étonnant binaire de contact, avant de survoler Donaldjohanson en avril 2025. Son nom est un clin d’œil au fossile hominidé « Lucy », car ces astéroïdes sont vus comme des « fossiles célestes ». Europa Clipper, lancé le 14 octobre 2024, doit s’approcher d’Europe des dizaines de fois afin d’étudier son océan sous-glaciaire, considéré comme l’un des lieux les plus prometteurs pour abriter la vie. Ces missions s’inscrivent dans une longue chaîne d’exploration qui prépare peut-être, un jour, l’envoi d’humains vers les lunes glacées. Elles rappellent que l’aventure spatiale n’est pas close et que chaque décennie apporte son lot de surprises et de révisions.

Une vision nouvelle du système solaire

Aujourd’hui, notre système solaire apparaît comme un immense archipel de mondes. Huit planètes, certes, mais aussi cinq planètes naines officiellement reconnues, des dizaines d’astéroïdes géants, des lunes fascinantes, et des comètes aux trajectoires imprévisibles. Chacun de ces mondes peut receler eau, chimie complexe, voire les ingrédients de la vie. L’ancienne classification scolaire paraît presque naïve. Le système solaire n’est plus une simple liste : c’est une mosaïque, une forêt de mondes en constante découverte. On peut insister sur l’idée que le système solaire n’est pas un musée figé, mais une réalité vivante et mouvante. Les définitions changent, les classifications évoluent, et chaque génération réinvente sa carte du ciel. L’essor des télescopes spatiaux, comme James Webb, ouvre la possibilité d’explorer ces mondes avec une précision inédite. Cette diversité de planètes, lunes et petits corps rappelle que notre Terre n’est qu’une variation parmi d’autres, une oasis fragile dans un océan d’univers possibles. En observant les confins, nous en venons à réfléchir sur notre propre place dans le cosmos.

Sources

  • NASA/JPL — Ceres Overview, 2025, NASA Jet Propulsion Laboratory. Lien
  • NASA/JHUAPL/SwRI — New Horizons: Pluto, 2015–2025, NASA Mission Pages. Lien
  • NASA — Lucy Mission, 2021–2025, NASA. Lien
  • NASA — Europa Clipper Mission, 2024–2025, NASA. Lien

Sources complémentaires

Retrouvez-nous sur : Logo Facebook Logo Instagram Logo X (Twitter) Logo Pinterest

Les illustrations ont été générées par intelligence artificielle pour servir le propos historique et afin d’aider à l’immersion. Elles ont été réalisées par l’auteur et sont la propriété du Site de l’Histoire. Toute reproduction nécessite une autorisation préalable par e-mail.

Commentaires

  1. J'aimerais savoir quel est la durée de révolution et de rotation de la planète Céres
    SVP c'est URGENT .
    Merci.
    1234

    RépondreSupprimer
  2. Cérès a une rotation de 9h et 4 minutes environ.

    RépondreSupprimer
  3. merci et est-ce que vous savez sa durée de révolution
    SVP
    Merci.

    RépondreSupprimer
  4. Le révolution de Cérès est de 1 679,819 jour. Vous pouvez faire un tour sur le site de la mission spatiale Dawn où vous trouverez toutes les dernières nouveautés concernant cette"planète"

    http://dawn.jpl.nasa.gov/

    RépondreSupprimer
  5. quel est l'age de ceres svp

    RépondreSupprimer
  6. 18 ans, majeure cette année.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire