Le saviez-vous? New York aurait pu s'appeler Nouvelle-Angoulême : la découverte française oubliée par Verrazzano

New York aurait pu s’appeler Nouvelle-Angoulême : découvrez comment Verrazzano a failli ancrer la France dans l’histoire de la ville la plus emblématique des États-Unis.
Le saviez-vous ? Avant de devenir New York, cette ville emblématique aurait pu porter un tout autre nom… et pas n'importe lequel : Nouvelle-Angoulême, en hommage à une ville française ! Ce scénario alternatif prend racine au XVIe siècle, lorsque la France envisageait sérieusement d'étendre son empire en Amérique du Nord.
Quand Verrazzano découvre la baie de New York
En 1524, Giovanni da Verrazzano, navigateur florentin au service du roi de France François Ier, longe les côtes de l’Amérique du Nord à bord de La Dauphine. Le 17 avril, il pénètre dans une vaste embouchure qu’il identifie comme « l’entrée d’un très grand fleuve », aujourd’hui la baie de New York. Enthousiasmé par la beauté du site, il jette l’ancre près de l’actuelle Staten Island et explore les environs.
Verrazzano décrit dans une lettre au roi un lieu majestueux, aux courbes naturelles accueillantes, et surtout peuplé d’êtres humains qu’il observe avec une curiosité empreinte d’admiration. Voici ce qu’il écrit à François Ier :
"Cette race est la plus belle et la plus policée de celles que nous avons rencontrées au cours de cette campagne. Elle est plus grande que la nôtre […]. Leurs yeux sont noirs et vifs et leur physionomie douce et noble […]. Des autres parties de leur corps, je ne parlerai pas à Votre Majesté ; elles ont les proportions dignes de tout homme bien fait. Leurs femmes ont la même beauté, la même élégance […]. Ils sont très généreux et donnent tout ce qu'ils ont. Nous nous sommes liés avec eux d'une grande amitié."
Ces paroles révèlent un regard étonnamment bienveillant pour l’époque. Les autochtones qu’il rencontre, probablement des Lenapes, ne sont pas décrits comme des « sauvages » mais comme des individus élégants, polis et accueillants. Verrazzano semble réellement impressionné par leur allure, leur comportement et leur hospitalité.
Dans le même élan d’enthousiasme, il baptise cette nouvelle terre Nouvelle-Angoulême, en hommage au roi de France, autrefois comte d’Angoulême. Ce geste est lourd de sens : il exprime l’ambition d’une France présente et dominante sur ces terres inconnues, prête à rivaliser avec les grandes puissances coloniales du moment.
Une Amérique francophone avortée
Malgré l’enthousiasme manifeste de Verrazzano pour la baie de New York, aucune colonie française ne verra le jour dans cette région. À son retour en France, ses rapports sont reçus avec intérêt, mais sans suite concrète. La monarchie française est alors accaparée par les guerres d’Italie contre l’empereur Charles Quint, qui mobilisent la majorité des ressources militaires et financières du royaume. François Ier, bien qu’attaché à l’idée de gloire outre-mer, reste préoccupé par les enjeux géopolitiques européens immédiats. Ainsi, la priorité n’est pas donnée à l’Atlantique nord.
La France ne dispose pas encore d’une politique coloniale structurée, à la différence de l’Espagne ou du Portugal, qui possèdent déjà des réseaux maritimes bien établis. L’expédition de Verrazzano reste donc un coup d’éclat isolé, sans suivi logistique ni vision à long terme. Il n’existe alors aucun projet concret d’implantation ni d’envoi massif de colons dans les territoires découverts. Le rêve de Nouvelle-Angoulême s’évanouit lentement, noyé dans l’oubli des ambitions contrariées.
Au cours des décennies suivantes, la France se tourne vers d’autres régions pour ses explorations. Elle mise notamment sur le fleuve Saint-Laurent, plus au nord, qui offre un accès direct vers l’intérieur du continent. C’est là que Samuel de Champlain fonde Québec en 1608, jetant les bases d’une Nouvelle-France plus durable. Cette implantation s’inscrit dans une dynamique plus organisée, avec des appuis politiques, religieux et commerciaux.
Pendant que la France abandonne ses prétentions sur la baie de New York, d’autres puissances ne tardent pas à s’y intéresser. Les Hollandais, animés par une logique mercantile, explorent la région dès les années 1610. En 1624, ils fondent New Amsterdam sur l’île de Manhattan, y établissant un poste de traite stratégique. Quarante ans plus tard, les Anglais s’en emparent sans combat, et la ville prend son nom actuel : New York.
Ce basculement marque l’échec définitif de la présence française dans cette zone. Ce n’est pas tant un revers militaire qu’un rendez-vous manqué avec l’Histoire. Un simple manque de décision, d’ambition ou de coordination aura suffi à laisser passer une opportunité unique. Le souvenir de Nouvelle-Angoulême ne subsiste que dans les lettres de Verrazzano, comme l’écho d’un monde qui aurait pu exister.
Et si New York était restée française ?
Imaginons un instant que la France ait persévéré. Une colonie puissante aurait vu le jour sur la côte est, avec pour capitale Nouvelle-Angoulême. Ce port stratégique aurait pu devenir la tête de pont d’un vaste territoire francophone reliant la vallée du Saint‑Laurent à la côte Atlantique. La culture française, la langue et même la gastronomie auraient peut‑être profondément influencé les futures États‑Unis.
Dans ce scénario, la ville de New York parlerait français, les noms de ses quartiers seraient inspirés du Sud‑Ouest français, et la statue de la Liberté symboliserait non pas seulement un lien transatlantique, mais une continuité historique vieille de plusieurs siècles entre la France et l’Amérique. Utopie ? Peut‑être. Mais cette histoire oubliée nous rappelle combien le destin d’une ville peut basculer sur un simple choix politique… ou une absence de suite.
Sources
- Giovanni da Verrazzano, Voyages de Giovanni da Verrazzano à François Ier (1524), Éditions du CTHS, 1996
- Giovanni da Verrazzano, article Wikipédia (consulté en 2025)
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