Le saviez-vous? Pourquoi Cléopâtre et Marc Antoine ont perdu la bataille d’Actium : la légende du rémora

Une explication scientifique fascinante et une légende antique pourraient éclairer la défaite navale de Cléopâtre et Marc Antoine à Actium en 31 av. J.-C.
Le saviez-vous ? La défaite de Cléopâtre et Marc Antoine face à Octave lors de la bataille d’Actium en 31 av. J.-C. a changé le cours de l’histoire romaine. Mais si ce tournant décisif n’avait pas été uniquement dû à la stratégie militaire ? Des recherches récentes proposent une explication surprenante : un phénomène naturel appelé les "eaux mortes", et même, selon une tradition ancienne, l’intervention d’un poisson parasite, le rémora, auraient ralenti la flotte égyptienne.
Un affrontement décisif en Méditerranée
Le 2 septembre 31 av. J.-C., dans le golfe d’Ambracie en Grèce, les flottes de Marc Antoine et Cléopâtre affrontent celles d’Octave, futur Auguste, dirigées par Agrippa. Ce combat naval est déterminant : il scelle la fin de la guerre civile romaine et prépare l’avènement de l’Empire. Pourtant, malgré leur supériorité numérique et la puissance de leurs navires, les alliés égypto-romains perdent de manière spectaculaire. Pendant des siècles, les historiens ont avancé des raisons politiques, tactiques ou psychologiques : trahisons, mauvaise coordination, fuite de Cléopâtre. Mais d’autres explications, plus inattendues, refont surface.
Le piège invisible des eaux mortes
Une équipe de chercheurs français et suisses s’est penchée sur un phénomène hydrodynamique rare mais bien documenté : les « eaux mortes ». Il s’agit d’un effet de freinage provoqué par des couches d’eau de densités différentes — souvent dues à des variations de salinité ou de température — qui créent une résistance invisible sous la surface. Résultat : les navires ralentissent, comme englués, malgré la force des rames ou du vent.
Dans le golfe d’Ambracie, les conditions géographiques et climatiques sont réunies pour générer ce phénomène. Les lourds navires de guerre égyptiens, certains avec plusieurs ponts de rameurs et un fort tirant d’eau, auraient été particulièrement vulnérables. À l’inverse, les vaisseaux plus légers d’Octave, au tirant d’eau réduit, auraient échappé à cette entrave. Une différence qui pourrait avoir désorganisé la flotte de Cléopâtre, rendant toute manœuvre impossible.
L’étonnante légende du rémora
Mais cette hypothèse scientifique n’est pas la seule. Les Anciens eux-mêmes tentaient déjà de comprendre cette défaite énigmatique. Selon certains auteurs antiques, notamment Pline l’Ancien, la flotte de Marc Antoine aurait été ralentie par des rémoras — de petits poissons dotés d’une ventouse naturelle sur le crâne, capables de s’accrocher aux coques des navires. On leur attribuait la capacité presque magique de freiner, voire d’immobiliser des bâtiments entiers en pleine mer.
Aussi étrange que cela puisse paraître, cette légende a traversé les siècles, parfois prise au sérieux, parfois vue comme une métaphore du destin contrarié du couple antique. Si l’explication zoologique reste peu plausible d’un point de vue moderne — un poisson de quelques centaines de grammes ne pouvant évidemment arrêter un navire de guerre — elle témoigne de l’incompréhension des contemporains face à la lenteur anormale de certains bâtiments.
Nature ou superstition : une défaite scellée par les flots
Qu’il s’agisse des effets sournois des eaux mortes ou de l’imaginaire antique autour des rémoras, une chose est sûre : la mer n’a pas été neutre dans l’issue de la bataille d’Actium. Loin des seules intrigues politiques, cette défaite décisive pourrait bien avoir été facilitée par des forces invisibles — naturelles ou symboliques — qui échappaient totalement au contrôle des généraux.
En revisitant ces hypothèses, l’histoire nous rappelle combien elle peut être façonnée par des éléments imprévus. Entre science moderne et croyances anciennes, le mystère d’Actium continue de nous fasciner.
Sources
- Alain Cabantous, L’Histoire du rémora – En quoi voulez-vous croire ? , Éditions Tallandier, 2024
- Marcus Agrippa, bras droit d’Auguste et architecte de l’Empire , Le site de l’Histoire, 2025
- La bataille d’Actium : chronologie et enjeux , Le site de l’Histoire, 2025
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