Le saviez-vous? Le jour où un soldat britannique a sauvé Hitler : l’histoire vraie d’Henry Tandey en 1918

Un soldat britannique a-t-il vraiment épargné la vie d’Adolf Hitler en 1918 ? Découvrez une enquête passionnante entre faits établis et récit controversé.
Le saviez-vous ? Une rumeur tenace circule depuis près d’un siècle : en 1918, sur un champ de bataille de la Première Guerre mondiale, un soldat britannique aurait épargné la vie d’un jeune caporal allemand désarmé. Ce caporal s’appelait... Adolf Hitler. L’homme qui l’aurait laissé partir ? Henry Tandey, un héros décoré de la Victoria Cross. Mais que nous dit vraiment l’Histoire ?
Le véritable courage de Henry Tandey à Marcoing
Le 28 septembre 1918, dans le nord de la France, la bataille de Marcoing fait rage. Le soldat britannique Henry Tandey, membre du 5e bataillon du Duke of Wellington’s Regiment, se distingue par une bravoure exceptionnelle. Il traverse un pont sous les balles pour réparer les traverses, mène une attaque contre une mitrailleuse allemande et sauve un camarade blessé. Ces exploits lui vaudront la Victoria Cross, la plus haute distinction militaire britannique.
Originaire de Leamington, Tandey est un vétéran aguerri : il a déjà combattu à Ypres et à la Somme, et porte plusieurs blessures. Ce jour-là, selon certains témoignages, il aurait également épargné un soldat allemand blessé qui levait les mains. Ce geste de compassion dans l’horreur des tranchées n’était pas isolé — mais c’est l’identité supposée de ce soldat qui allait faire entrer cette scène dans l’histoire populaire.
Hitler, Tandey et la naissance d’un mythe
La rumeur selon laquelle le soldat épargné était Adolf Hitler apparaît bien après la guerre. En 1938, Hitler aurait montré à Neville Chamberlain, alors Premier ministre britannique, une reproduction d’un tableau de Fortunino Matania représentant Henry Tandey portant un blessé sur son dos. Selon un témoignage indirect, Hitler aurait alors déclaré : « C’est cet homme qui m’a épargné. »
Le tableau, bien réel, fut peint en hommage aux actions de Tandey en 1914 à Menin Crossroads, pas à Marcoing. Hitler possédait effectivement une reproduction, ce qui renforce l’intrigue. Mais plusieurs éléments viennent contredire l’idée que Hitler ait pu se trouver à Marcoing le 28 septembre 1918 : des documents militaires indiquent qu’il était en congé à cette période, loin de ce secteur du front.
Les historiens s’accordent donc à dire que cette histoire, bien que séduisante, repose davantage sur une coïncidence troublante et la mémoire sélective du Führer que sur des faits avérés. Aucune preuve documentaire ne vient confirmer qu’Hitler et Tandey se soient jamais croisés.
Entre vérité historique et récit persistant
Henry Tandey n’a jamais publiquement confirmé avoir reconnu Hitler, ni revendiqué cette rencontre. Il aurait appris l’histoire par des journaux dans les années 1930, et aurait été profondément troublé d’en être le protagoniste involontaire. Certaines sources lui prêtent des regrets profonds — « J’aurais pu l’arrêter » — mais ces citations ne sont pas sourcées avec certitude.
Pourquoi cette histoire continue-t-elle de fasciner ? Parce qu’elle illustre à merveille l’ironie cruelle de l’Histoire : un geste d’humanité sur un champ de bataille pourrait, avec le recul, sembler être une tragique erreur. Mais cette perception repose sur un enchaînement hypothétique. Tandey reste un héros pour ses actes prouvés — pas pour une décision probablement imaginaire mais symboliquement puissante.
Sources
- David Johnson, The Man Who Didn't Shoot Hitler , The History Press, 2012
- Le Fil de l'Histoire, L’homme qui épargna Hitler , 2019
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