La mort insensée du roi Louis III : l’incroyable poursuite à cheval qui lui coûta la vie en 882
Louis III, roi des Francs, meurt en 882 en poursuivant une jeune fille à cheval. Une fin aussi absurde que réelle, qui bouleversa le destin carolingien.
Le saviez-vous ? En 882, un roi des Francs trouve la mort non pas sur un champ de bataille, mais en pourchassant une jeune fille... à cheval, à travers une maison. Ce roi, c’était Louis III, un jeune souverain promis à un brillant avenir, fauché par un accident aussi absurde que révélateur de son époque.
Un roi jeune, valeureux… et trop pressé
Louis III est le fils de Louis II le Bègue et petit-fils de Charles le Chauve. Il monte sur le trône de Francie occidentale en 879, à la mort de son père, partageant le royaume avec son frère Carloman II. Malgré son jeune âge — environ 16 ans — il s’impose vite comme un roi actif et capable.
Sa plus grande gloire militaire survient en 881, lors de la bataille de Saucourt-en-Vimeu, où il inflige une défaite mémorable aux Vikings. L’événement est si marquant qu’il inspire un poème héroïque en vieux haut allemand : le Ludwigslied. Louis III apparaît alors comme un jeune espoir de la dynastie carolingienne, énergique, victorieux et bien accueilli par ses sujets.
Une poursuite insensée et une mort brutale
À cheval jusque dans la maison
Le 5 août 882, alors que la chaleur de l’été écrase les rues poussiéreuses de Saint-Denis, Louis III aperçoit une jeune fille de la région. Ébloui par sa beauté ou animé d’un désir soudain, il se lance à sa poursuite, monté sur son destrier. La jeune fille, effrayée, s’élance vers la maison de son père, un certain Germond. Elle franchit la porte en hâte, espérant que le seuil familial suffira à la protéger.
Mais Louis, emporté par son ardeur, ne ralentit pas. Il pousse sa monture jusqu’au pas de la porte, sans descendre, ignorant l’étroitesse de l’entrée. La maison, typique de l’époque, est modeste, à peine plus haute qu’un homme debout. Le roi, penché mais toujours en selle, tente de forcer le passage. C’est alors que le linteau de bois massif frappe violemment son front.
Le choc est brutal, sourd, net. Louis s’effondre en arrière, désarçonné, le crâne brisé. On imagine la stupeur dans la maisonnée, les cris, les serviteurs accourant, trop tard. Le jeune roi meurt sur le coup, à peine entré dans sa dix-neuvième année. L’image est saisissante : un roi victorieux des Vikings, abattu non par une armée, mais par une poutre.
L’étonnement des contemporains
Les chroniqueurs, tels ceux des Annales de Saint-Vaast, relatent l’événement sans fioritures, mais on devine entre les lignes une forme d’incrédulité. Comment un souverain aussi jeune et prometteur a-t-il pu finir ainsi ? Cet accident invraisemblable interrompt brusquement un règne en pleine ascension, et plonge la Francie occidentale dans une nouvelle phase d’instabilité. Carloman II, son frère, hérite seul du trône, mais meurt lui aussi deux ans plus tard, lors d’un banal accident de chasse.
Une mort qui en dit long sur l’époque
La disparition de Louis III illustre à quel point les vies — même royales — pouvaient être fauchées de manière banale. Le Moyen Âge, loin des clichés héroïques, est aussi fait de poutres basses, d’impulsions incontrôlées et de maisons trop étroites pour accueillir un cavalier. C’est cette réalité rugueuse, imprévisible, qui rend son époque si humaine.
Avec lui disparaît un espoir de renouveau carolingien. Et si son nom est aujourd’hui peu connu, la scène de sa mort, elle, reste l’une des plus cocasses et tragiques de toute l’histoire des rois de France.
Source principale :
Les Carolingiens
, de Pierre Riché, Hachette Littératures, 1993.
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