Quand un cochon tue un prince : l’incroyable mort de Philippe, fils de Louis VI le Gros, à Paris en 1131
Un prince héritier tué par un cochon à Paris en 1131 : découvrez comment cet accident absurde a changé l’histoire et les symboles de la monarchie française.
Le saviez-vous ?
Un simple cochon errant aurait changé le cours de l’histoire de France. En 1131, le prince héritier Philippe, fils aîné de Louis VI le Gros, trouva la mort à la suite d’un accident absurde : son cheval s'effraya à la vue d’un porc qui traversait la rue, provoquant une chute mortelle. Ce drame inattendu fit basculer la succession du trône et, selon certains historiens, l’orientation même de la monarchie capétienne.
Un héritier promis à un grand règne
Philippe, fils de Louis VI et de la reine Adélaïde de Savoie, était déjà associé au trône par son père et reconnu comme futur roi. Il avait été sacré de son vivant — une pratique fréquente à l’époque pour garantir une transition sans heurt. Ce jeune prince, éduqué, pieux et apprécié, semblait promis à un règne stable et fort. Mais le destin en décida autrement.
Le cochon de Paris : animal banal, destin tragique
Le 13 octobre 1131, Philippe chevauche dans les rues de Paris, alors encore loin d’être une capitale organisée. À cette époque, les cochons circulent librement en ville, servant d’éboueurs naturels. Mais ce jour-là, l’un d’eux traverse soudainement devant la monture du prince. Le cheval se cabre, Philippe est désarçonné et heurte violemment le sol. Grièvement blessé à la tête, il meurt peu après. Il avait environ 15 ans.
Cet événement bouleverse la dynastie capétienne. Louis VI, brisé, doit choisir un autre héritier : ce sera son fils cadet, Louis, plus réservé, moins préparé et de santé fragile. Il deviendra Louis VII, futur époux (et divorcé) d’Aliénor d’Aquitaine, mais son règne ne sera pas marqué par la même vigueur qu’on attendait de son frère aîné.
Quant aux cochons, ils deviennent interdit dans la capitale...
Une mort honteuse aux lourdes conséquences
Cette disparition brutale, bien loin d’être anecdotique, a retenu l’attention de l’historien Michel Pastoureau, spécialiste des symboles et des couleurs au Moyen Âge. Dans une étude approfondie, il montre que cet événement tragique aurait eu des répercussions insoupçonnées sur la culture politique et visuelle de la monarchie française.
Philippe, perçu comme un jeune prince prometteur, était considéré comme l’héritier naturel d’une royauté plus affirmée. Sa mort soudaine obligea le roi Louis VI à couronner à sa place un second fils moins charismatique et peu préparé aux affaires du royaume : Louis VII. Ce glissement dynastique, selon Pastoureau, fut lourd de conséquences, notamment dans la conduite du pouvoir et l’image que la royauté voulait désormais projeter.
Mais l’impact ne fut pas uniquement politique. Le fait que le destin d’un prince soit fauché par un animal domestique jugé impur — le porc étant souvent associé à la saleté et aux forces négatives — provoqua un profond malaise au sein de la cour. Pour restaurer la dignité de la dynastie, une stratégie de réhabilitation symbolique s’imposa : l’adoption croissante de la figure de la Vierge comme protectrice du royaume. À travers elle, ses symboles — notamment la fleur de lys et la couleur bleue — s’imposèrent peu à peu comme les emblèmes sacrés du pouvoir capétien. Le bleu royal, signe de pureté céleste, finit même par incarner l'identité de la France monarchique, et ce jusqu’à bien après la Révolution.
Ce fait divers, à première vue grotesque, aurait ainsi contribué à redéfinir en profondeur l’esthétique et la sacralité de la royauté française.
Sources
Michel Pastoureau, Le Roi tué par un cochon, Éditions du Seuil, 2015
Herodote.net – 13 octobre 1131 : Mort du fils aîné de Louis VI le Gros
Retrouvez-nous sur Facebook et Instagram.
L'image d'illustration appartient au Site de l'Histoire. Si vous voulez l'utiliser, merci de bien vouloir demander l'autorisation par mail.
Commentaires
Enregistrer un commentaire