Le saviez-vous? Maria Botchkareva : la femme soldat qui a fondé le premier bataillon féminin de combat pendant la Première Guerre mondiale

Découvrez la vie hors du commun de Maria Botchkareva, femme-soldat russe, fondatrice du Bataillon de la Mort pendant la Première Guerre mondiale.

Le saviez-vous ? En pleine tourmente de la Révolution russe et de la Première Guerre mondiale, une femme analphabète de Sibérie s’est élevée au rang de commandante militaire. Maria Botchkareva, en créant le redoutable « Bataillon de la Mort » féminin en 1917, a non seulement fait trembler l’ennemi allemand, mais aussi ébranlé les fondements d’une société patriarcale figée.

Une vie marquée par la violence et le courage

Née en 1889 dans une famille paysanne sibérienne, Maria Botchkareva connaît très tôt les affres de la pauvreté et de la violence domestique. Mariée de force, battue, elle quitte tout pour suivre un boucher à Tomsk, mais là encore, la misère et les abus la rattrapent. En 1914, alors que la Russie entre en guerre contre l’Allemagne, Maria prend une décision impensable : rejoindre l’armée impériale. Un décret l’en empêche, mais elle supplie personnellement le tsar Nicolas II d’intervenir. Contre toute attente, il accepte.

Elle devient ainsi l’une des toutes premières femmes à combattre officiellement dans les rangs russes. Blessée à plusieurs reprises, elle est décorée pour sa bravoure. Son endurance et son sens du commandement la font remarquer, mais c’est après la chute du tsar qu’elle entre véritablement dans l’histoire.

Le Bataillon féminin de la Mort

Un pari audacieux en pleine révolution

En 1917, après la Révolution de Février, la Russie est plongée dans le chaos. Les soldats désertent, le moral est au plus bas. Botchkareva propose alors une idée radicale : créer un bataillon composé uniquement de femmes, destiné à inspirer les hommes par l’exemple. Les autorités provisoires acceptent, pensant qu’un tel symbole pourrait revigorer l’armée.

Maria forme alors plus de 300 volontaires, souvent jeunes, issues de toutes les classes sociales. En juin 1917, le « Bataillon de la Mort » est officiellement envoyé au front. Leur bravoure au combat est indéniable, mais leur présence gêne certains commandants et soulève la colère de soldats hostiles à l’idée de femmes dans les tranchées. Rapidement, l’unité est dissoute, non sans avoir laissé une empreinte indélébile dans l’histoire militaire russe.

Une femme entre deux mondes

Après l’échec de son bataillon, Maria fuit les bolcheviks, rejoint les forces blanches et tente de rallier les puissances alliées. Elle voyage jusqu’aux États-Unis, y rencontre le président Woodrow Wilson et publie ses mémoires, dictées à une journaliste américaine. Elle retourne ensuite en Russie en espérant contribuer à la restauration de l’ordre, mais elle est arrêtée par les bolcheviks. Accusée d’espionnage, elle est exécutée en 1920, à l’âge de 30 ans.

Une héroïne oubliée, symbole de résistance féminine

Longtemps ignorée par l’histoire officielle, Maria Botchkareva incarne aujourd’hui la figure de la femme-soldat prête à briser toutes les conventions. Son destin tragique rappelle la brutalité de la guerre civile russe, mais aussi la difficulté pour une femme de revendiquer un rôle actif dans un monde dominé par les hommes. Elle reste l’une des rares figures féminines de la Grande Guerre à avoir été commandante d’unité au combat, une prouesse en soi.

Source

Maria Botchkareva, Yashka : journal d'une femme combattante, Armand Colin, 2015

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