Capitulation de l’Allemagne à Reims : récit complet du 7 mai 1945, jour où la Seconde Guerre mondiale a basculé
Que s’est-il vraiment passé le 7 mai 1945 à Reims ? Plongez dans les heures décisives de la capitulation allemande, les tensions diplomatiques, et l’annonce à venir du 8 mai 1945.
- Introduction – L’Europe au bord de l’abîme
- Pourquoi Reims ? Le hasard et la stratégie
- 2h41 – Le crissement d’un stylo qui change le monde
- Une reddition... mais pas encore la paix
- Une signature contestée par Moscou
- De Gaulle et la France : une fierté blessée, mais imposée
- 7 mai, un jour de tension silencieuse
- Conclusion – Le jour où le silence précéda la fête
- Source bibliographique recommandée
Introduction – L’Europe au bord de l’abîme
Mai 1945. L’Europe n’est plus qu’un champ de ruines. Le IIIe Reich vit ses derniers jours. Depuis la chute de Berlin, le 2 mai, la guerre semble techniquement finie. Mais politiquement, rien n’est encore signé. Les canons se taisent par endroits, mais les ordres de feu, eux, n'ont pas encore été abrogés.
Dans les coulisses, l’attente est insoutenable. Où l’Allemagne signera-t-elle sa reddition ? Quand ? Et avec qui ? Le monde regarde vers les Alliés, vers Moscou, vers Londres, vers Paris, espérant des réponses. Il les recevra, dans le silence d’une salle banale d’un collège de Reims, dans la nuit du 6 au 7 mai 1945.
Pourquoi Reims ? Le hasard et la stratégie
La ville de Reims, choisie comme quartier général du SHAEF (le commandement suprême des forces alliées), est un point névralgique des opérations militaires depuis février 1945. Le général Eisenhower y a installé ses quartiers dans une école technique de la rue Jolicoeur. Une salle de classe, transformée en salle des cartes, est tendue de plans et de téléphones. C’est dans cette pièce sans faste, aujourd’hui transformée en musée de la Reddition, que le destin de l’Allemagne nazie sera scellé.
2h41 – Le crissement d’un stylo qui change le monde
Le 7 mai 1945, à 2h41 du matin, dans la pénombre d’un matin d’Europe, l’acte de reddition inconditionnelle est signé.
Les protagonistes en présence
- Pour l’Allemagne : Le général Alfred Jodl, chef d’état-major des armées allemandes, assisté de l’amiral Hans-Georg von Friedeburg et du major Wilhelm Oxenius.
- Pour les Alliés : Le général Walter Bedell Smith (États-Unis), le général Ivan Sousloparov (Union soviétique), et le général François Sevez (France), présent à la demande expresse du général de Gaulle.
Fait notable : le général Eisenhower lui-même n’assiste pas à la signature. Il considère que son rang dépasse celui des représentants allemands présents. Il restera dans son bureau, à quelques mètres, prêt à agir en cas d’incident.
Un climat pesant, des négociations crispées
L’ambiance dans la salle est lourde. Les représentants allemands sont épuisés, presque hagards. Jodl tente en vain de négocier un sursis : il voudrait un délai pour organiser une reddition orientée vers l’Ouest, et éviter que les soldats allemands ne tombent entre les mains des Soviétiques. Mais Eisenhower est ferme : soit la reddition est signée immédiatement, soit les opérations militaires reprennent dans l’heure.
Jodl cède. Il signe. Un simple grattement de stylo, et le monde bascule.
Une reddition... mais pas encore la paix
L’acte stipule que les combats cesseront le 8 mai à 23h01, laissant aux armées le temps de transmettre l’ordre aux unités disséminées, notamment dans les Balkans, en Norvège, en Hollande ou encore sur le front Est.
La guerre continue encore pendant 36 heures
Pendant ce laps de temps, les combats continuent dans certaines zones. Des poches de résistance allemande, désorganisées mais encore armées, poursuivent les affrontements. Des soldats tomberont encore le 7 mai… et même jusqu’au soir du 8.
Une signature contestée par Moscou
Mais à peine l’encre sèche-t-elle que les tensions diplomatiques reprennent. Le général soviétique Sousloparov a signé sans attendre l'accord explicite du Kremlin. Staline, furieux, déclare la reddition "sans valeur" et exige une nouvelle cérémonie officielle en terrain soviétique : ce sera Berlin.
Le 8 mai, dans la nuit, une deuxième reddition est signée dans le quartier général soviétique à Karlshorst, en périphérie de Berlin. Cette fois, en grande pompe, en présence du maréchal Zhukov, du général de Lattre de Tassigny pour la France, de Tedder pour le Royaume-Uni, et de Spaatz pour les États-Unis. C’est pourquoi l’URSS (et la Russie encore aujourd’hui) célèbre la victoire le 9 mai, et non le 8.
De Gaulle et la France : une fierté blessée, mais imposée
Lorsque de Gaulle apprend la signature de Reims, il est outré de n’avoir été informé qu’a posteriori. Pour lui, la France, puissance victorieuse, doit figurer aux côtés des grandes nations dans tous les actes officiels. Il impose alors que le général de Lattre de Tassigny représente la France à Berlin, ce qui sera accepté. De Gaulle revendiquera ensuite un rôle actif dans l’occupation de l’Allemagne et siègera au Conseil de contrôle allié.
7 mai, un jour de tension silencieuse
Des rues calmes, des cœurs fébriles
Dans les villes libérées, comme Paris, Londres ou Bruxelles, la nouvelle commence à se répandre dans certains cercles. Mais les gouvernements imposent un silence médiatique : pas d’annonce officielle avant le 8 mai.
Dans les rues de Reims, la vie continue presque normalement. Personne ne sait qu’à quelques mètres, dans une salle anonyme, la guerre vient de s’achever. Il faudra attendre encore un jour, une ultime journée de guerre.
Les coulisses de l’annonce
Le 8 mai à midi, la voix de Churchill, puis celle de Truman, annonceront au monde la victoire. À 15h, c’est de Gaulle qui s’adressera aux Français. La liesse populaire jaillira alors comme un barrage qui cède. Mais en ce 7 mai, c’est la paix sans la joie, le soulagement sans les larmes, la fin sans l’éclat.
Conclusion – Le jour où le silence précéda la fête
Le 7 mai 1945 est un jour discret, mais immense. C’est le dernier jour "officiel" de guerre, mais pas encore le jour de la Victoire. Il a la solennité d’une veille funéraire : le monde enterre la barbarie, sans encore oser croire à l’aube.
Le 8 mai, il pourra respirer. Les cloches sonneront, les drapeaux flotteront, les foules danseront. Mais tout aura commencé ici, dans cette salle tapissée de cartes, à Reims, au petit matin du 7 mai. Là où l’Histoire s’est arrêtée pour mieux recommencer.
Source bibliographique recommandée
1945 : L'Allemagne capitule à Reims de Daniel Pellus (Éditions Debar, 1945).
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