Ballade dans les rues d’Ur
Ayant accompli sa mission, Ningirsu revient dans sa cité Ur (1). Le paysage qu’il a traversé n’a rien à voir avec celui que nous connaissons aujourd’hui. Là où règne le désert s’étendaient jadis des champs irrigués et des vergers. Lorsqu’il s’approche d’Ur, le diplomate aperçoit la masse imposante de la ziggourat. L’Euphrate baigne les murs de la ville. Un port se situe à l’ouest avec ses docks et ses entrepôts. Il y en a un second au Nord le long d’un canal. La ville couvre une superficie de 60 hectares.
A l’intérieur de ses épaisses murailles en briques crues, s’active une population estimée à 24.000 habitants. Les rues sont étroites. Les principales tracent des lignes droites, tandis que les secondaires serpentent entre les maisons pressées les unes contre les autres. De jeunes enfants flânent dans les rues, jouent ou se baignent dans l’Euphrate. Les plus grands travaillent avec leurs parents. Comme son fils Anunnaki, les garçons de familles fortunées se rendent à l’école pour être formés au métier de scribes. Ils pourront ainsi œuvrer au bon fonctionnement des palais et des temples ou à la prêtrise. En parcourant le trajet jusqu’à son domicile, Ningirsu passe devant les boutiques des meuniers et des boulangers. L’odeur de la farine et du pain chaud ravive ses narines. Cependant, les senteurs deviennent plus acres lorsqu’il passe près de boucheries et des brasseurs. La fortune d’Ur réside en partie dans le tribut versé par les villes soumises. Cependant, la cité tire aussi des bénéfices des activités artisanales et commerciales, notamment le textile. Chaque année, on traite plusieurs centaines de tonnes de laine de mouton et de chèvre. Les femmes assurent le travail de filage au fuseau sur des métiers. Il faut à chaque équipe huit jours de travail pour préparer une pièce de tissu de 4 mètres sur 3. On tisse aussi de la toile de lin.
Ningirsu arrive enfin à sa maison aux murs de briques crues et sans fenêtres donnant sur l’extérieur. L’éclairage se fait uniquement par les portes. Les pièces d’habitation ouvrent sur une cour centrale. Certaines maisons ont un étage, dont les pièces donnent sur une galerie intérieure en bois. Ningirsu étant aisé, sa demeure possède de nombreuses pièces : des chambres, une salle de réception, une cuisine, une salle de toilette, des logements pour ses domestiques et un petit temple. Le sol, pavé de briques cuites, est recouvert de nattes de roseaux ou d’un tapis en peau de bête et les parois de draperies de laine. L’ameublement est assez sommaire. Lui et les siens dorment sur des nattes. Le meuble le plus commun reste le siège pliant. Il possède également des tables basses et des coffres en bois. La vaisselle ordinaire est en terre cuite, mais il possède quelques pièces en cuivre. Il n’a guère le temps de profiter de sa demeure. On l’attend au palais pour son compte-rendu.
(1) Voir notre article : une ambassade à Mari
Sources
Texte : Guy RACHET : « Ur : sur les rives de l’Euphrate », in Les Grands Civilisations disparues, Reader’s Digest, Paris, 1980, pp 50-59
Image : https://www.jeux-historiques.com/
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