Les Dernières Volontés d’Alexandre le Grand : Funérailles Majestueuses et Tombe Perdue
Sous le ciel lourd de Babylone, Alexandre le Grand repose sur un lit de soie, entouré de ses plus fidèles généraux. Sa respiration est lente, marquée par les douleurs d’une fièvre qui semble le consumer. Le souffle des torches vacille, laissant des ombres danser sur ses traits tirés. C’est ici, dans cette chambre silencieuse, que l’homme qui a conquis le monde connaît enfin la fragilité de la vie humaine. À bientôt 33 ans, il se sait condamné. Son empire immense, ses richesses, sa renommée, tout cela ne peut rien contre la maladie. Et alors que le monde retient son souffle, il fait part de ses dernières volontés.
D’un murmure, Alexandre exprime un souhait qui semble échapper aux quelques hommes présents. « Enterrez-moi dans le temple de Zeus-Ammon... » Une requête qui n’étonne qu’à moitié ses généraux. Car ils savent, eux qui ont marché à ses côtés, qu’Alexandre n’a jamais vu son règne comme celui d’un simple mortel. Quelques années auparavant, lors d'une expédition en Égypte, Alexandre avait traversé le désert brûlant jusqu'à l’oasis de Siwa, un lieu sacré où les anciens vénéraient Zeus-Ammon, dieu aux traits de bélier. Là, l’oracle lui avait confirmé ce qu’il croyait au plus profond de lui-même : il était fils de Zeus.Ce désir d’être inhumé à Siwa marque l’ambition ultime d’Alexandre. En choisissant cet endroit divin, il espère s’inscrire dans une éternité mystique, là où les hommes et les dieux se rencontrent. Mais ses compagnons, marqués par la fatigue des conquêtes et les tensions grandissantes, ne respecteront pas cette volonté. Le lieu, bien que sacré, est excentré et isolé, perdu au cœur d’un désert qui rend l’accès difficile. Dans un souci de continuité dynastique, ses généraux préfèrent l'idée de ramener son corps en Macédoine, dans la sépulture royale d’Aegae.
Le corps d’Alexandre est disposé dans un char funéraire d’or pur, tiré par 64 mules blanches. Le char lui-même est une œuvre d’art, un mausolée ambulant aux sculptures d’ivoire et aux fresques d’émail doré, illustrant les exploits du roi qui a conquis le monde. L’ensemble ressemble à un temple en mouvement, un hommage colossal à celui qui a unifié des terres aux confins de l’Orient. Le cortège, qui traverse des villes et des villages, éveille une admiration mêlée de crainte et de tristesse parmi la foule qui accourt pour voir une dernière fois l’empereur. Mais en secret, une rumeur enfle : Ptolémée, fidèle compagnon d’Alexandre, nourrit un autre dessein. Il comprend vite que posséder le corps de son ancien roi pourrait légitimer son pouvoir. Il intercepte le char et détourne le cortège vers l’Égypte, le faisant enterrer non pas en Macédoine mais à Alexandrie, la ville fondée par Alexandre et destinée à devenir le cœur culturel de l’empire.
Ainsi, en installant la sépulture d’Alexandre à Alexandrie, Ptolémée associe son pouvoir naissant à la figure divine de l’empereur défunt et s’assure une aura politique durable.
Alors que le cortège funéraire progresse, les généraux se disputent les richesses laissées par Alexandre. Dans ses dernières volontés, il avait souhaité que son empire soit partagé entre ses compagnons de toujours. L’empire devait, selon ses mots, rester uni, sa puissance étant répartie entre ceux qui l’ont bâti. Mais Alexandre, en homme de défis, aurait également lancé une phrase qui restera gravée dans la mémoire de ses compagnons car quand on lui demande à qui donner son empire il répond: « au plus fort ». Cette déclaration, ambivalente, sème le chaos. Les diadoques, ses généraux les plus proches, se lancent dans des luttes sans merci, prêts à tout pour s'emparer des territoires les plus riches. Ses soldats, qui avaient accompagné Alexandre jusqu’aux confins de l’Inde, voient également leurs espérances de récompenses réduites en poussière par ces querelles de pouvoir. Des trésors, autrefois réservés pour les dédommager de leur fidélité, sont accaparés par les ambitieux. Ce souhait de partage des richesses se perd dans l’ombre des ambitions individuelles, et l’empire d’Alexandre se fracture, tombant peu à peu entre les mains de ceux qui en divisent les parties.
Un autre souhait du défunt se propage à Babylone : Alexandre désirait qu’on l’honore comme un dieu. Tout au long de sa vie, il avait cultivé une aura semi-divine, nourrie par sa filiation avec Zeus-Ammon. En Égypte, il espérait que les rites funéraires perpétuent cette image divine. À Alexandrie, il sera vénéré comme un dieu par les Égyptiens et bien d’autres, et des siècles plus tard, même des empereurs romains comme Auguste feront le pèlerinage pour s’incliner devant sa tombe. Alexandre le Grand est devenu plus qu’un roi ; il est un symbole de conquête et d’immortalité. Ainsi, la sépulture d’Alexandre devient un lieu de pèlerinage et de culte pendant plusieurs siècles, mais au fil du temps, elle disparaît mystérieusement. La ville d’Alexandrie, secouée par des séismes, des guerres et des inondations, perd ce trésor antique. Malgré des fouilles incessantes, personne ne parvient à retrouver la tombe. Certains disent qu'elle repose peut-être sous la mosquée Nabi Daniel ; d'autres pensent qu’elle fut déplacée pour la protéger. Mais aucune découverte ne vient confirmer les théories. Et puis surtout, il faudrait presque détruire la mosquée si on voulait vraiment voir ce qu’il y a en dessous.
Bien que son empire ait été fragmenté, l’impact d’Alexandre est resté immense. Ses généraux ont fondé des dynasties influentes, comme les Séleucides en Perse et les Ptolémées en Égypte, perpétuant l’influence hellénistique. La ville d’Alexandrie est devenue un centre intellectuel mondial avec sa célèbre bibliothèque, fondée sous l'impulsion de la vision culturelle d'Alexandre. Ses idées d’union entre l’Orient et l’Occident ont transformé les royaumes hellénistiques, où Grecs et Orientaux ont partagé art, langues et philosophies. Des siècles après sa mort, les conquérants les plus ambitieux, de Jules César à Napoléon Bonaparte, se sont inspirés de lui. Alexandre est devenu l’archétype du roi conquérant, courageux et impitoyable, dont la quête de pouvoir semblait infinie. Pour eux, il incarnait l’idéal d’un homme capable de transcender les frontières et d’accomplir l’impossible.
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Merci pour cet article captivant sur les dernières volontés d’Alexandre le Grand ! Les trois exigences qu’il aurait formulées faire porter son cercueil par les plus grands médecins pour rappeler leur impuissance face à la mort , transporter son corps sans embaumement pour symboliser la fragilité de la vie , et laisser ses mains vides hors du cercueil pour illustrer que rien ne peut être emporté au-delà offrent des réflexions profondes sur le pouvoir, la mort et l’héritage. Ces volontés, peut-être légendaires, restent une source de méditation sur l’humilité face à l’inéluctable. Une belle contribution à l’histoire et à sa transmission !
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