Le Trésor Oublié des Pharaons : La Découverte de la Tombe de Psousennès Ier

En 1177 avant notre ère, le monde méditerranéen connut un bouleversement majeur. Dans son ouvrage fascinant, 1177 avant J.-C. : Le jour où la civilisation s’est effondrée, l’historien et archéologue Eric H. Cline décrit comment une cascade de catastrophes – invasions des Peuples de la mer, séismes, sécheresses et effondrement économique – mit fin à l’âge du Bronze et bouleversa les grandes civilisations de l’époque, du royaume hittite à l’Égypte. Les siècles qui suivirent furent marqués par des périodes de troubles et de réorganisation, mais aussi par la résilience de l’Égypte, qui sut renaître de ses cendres. C’est dans ce contexte, après ces décennies tumultueuses, que s’inscrit l’histoire de Psousennès Ier, pharaon de la XXIe dynastie. Régner après une ère d’effondrement n’est pas chose aisée, mais ce souverain parvint à restaurer un semblant de stabilité dans une Égypte scindée entre un pouvoir religieux à Thèbes et un pouvoir politique au nord. Son règne, bien que moins éclatant que celui des grands bâtisseurs du Nouvel Empire, témoigne de l’incroyable capacité de l’Égypte antique à s’adapter et à perdurer.


Psousennès Ier, ou Pasebakhâenniout Ier, régna sur l’Égypte entre environ 1039 et 991 avant notre ère, dans une période de transition où le pays, encore marqué par l’effondrement des grandes civilisations de l’âge du Bronze, était divisé entre le nord et le sud. Contrairement aux pharaons conquérants du Nouvel Empire, Psousennès adopta une politique de conciliation. Depuis Tanis, sa capitale située dans le delta du Nil, il scella des alliances stratégiques avec les prêtres d’Amon de Thèbes, notamment par des mariages politiques. Sa fille épousa un grand prêtre d’Amon, permettant ainsi une pacification des relations entre les deux pôles de pouvoir. Bien que son règne ne soit pas marqué par des monuments grandioses, Psousennès compensa cette modestie architecturale par une richesse extraordinaire dans ses rites funéraires. Le faste retrouvé dans sa tombe témoigne de sa prospérité et de l’importance qu’il attachait à son voyage vers l’au-delà. L’argent, l’or et les pierres précieuses qui entouraient son corps reflètent également des échanges commerciaux avec le Levant, illustrant une Égypte toujours connectée au monde méditerranéen malgré une perte de domination régionale.

Contrairement à la Vallée des Rois, où la plupart des grandes tombes pharaoniques furent retrouvées, Psousennès Ier fut inhumé à Tanis, une ville située dans le delta du Nil. Cette région, loin des hauts lieux traditionnels de la royauté égyptienne, servait de capitale à la XXIe dynastie. Psousennès, pharaon au règne long et stable, dirigea l’Égypte entre 1039 et 991 avant notre ère. Son royaume, bien que marqué par des tensions entre le nord et le sud, fut préservé de l’effondrement et de l’instabilité qui suivirent la chute du Nouvel Empire. En 1929, Pierre Montet, passionné par l'Égypte et désireux d'explorer les secrets enfouis des dynasties oubliées, décida de fouiller à Tanis, convaincu qu'il pourrait y découvrir des traces significatives de l’histoire. Après plusieurs campagnes infructueuses, c’est en 1939 que la chance tourna en sa faveur. Le sol de Tanis, longtemps épargné par les pilleurs de tombes, recelait un trésor inestimable.


Le 20 février 1939, Montet et son équipe mirent au jour un imposant tombeau en granit. Après avoir dégagé avec précaution les débris qui obstruaient l'entrée, ils se retrouvèrent face à un spectacle stupéfiant : la tombe n’avait jamais été violée. Contrairement à tant d'autres sépultures royales, celle de Psousennès avait échappé aux pillards. Cette inviolabilité annonçait déjà la richesse du contenu à venir. La première chambre funéraire révéla des sarcophages massifs, soigneusement enchâssés les uns dans les autres. Mais à l’intérieur du dernier, ce fut une véritable merveille qui attendait Montet. Psousennès reposait dans un cercueil en argent massif, un métal rare et précieux en Égypte, souvent plus coûteux que l'or à cette époque. Sur son visage, un masque funéraire d’une beauté saisissante, fait d'or et de lapis-lazuli, semblait veiller depuis des millénaires.

À mesure que les archéologues avançaient dans leur travail de fouille et de déblaiement, la richesse et la magnificence du trésor de Psousennès se révélaient. Des pectoraux ornés de pierres précieuses, des bracelets d'or, des colliers en forme de scarabée, chaque objet semblait plus somptueux que le précédent. La couronne du pharaon, trouvée à proximité, symbolisait son pouvoir divin, avec ses motifs d'uræus, symbole de la royauté et de la protection des dieux. Le masque mortuaire de Psousennès, bien qu’inconnu du grand public, rivalisait en beauté avec celui de Toutânkhamon. Fait d'or martelé et rehaussé de pierres précieuses, il recouvrait délicatement les traits de ce souverain énigmatique. L’intensité du regard du masque semblait traverser les âges, défiant les millénaires. Mais l'élément le plus étonnant de ce trésor, qui souleva l’étonnement des archéologues, fut la quantité impressionnante de mobilier funéraire en argent. L’argent, bien plus rare que l’or en Égypte, avait été utilisé ici en abondance pour confectionner des cercueils, des vases, et des objets rituels. Cette découverte donna une nouvelle perspective sur les ressources et les échanges commerciaux sous le règne de Psousennès, en lien notamment avec les régions du Levant, d’où provenait sans doute cet argent précieux.


La découverte de la tombe de Psousennès fut éclipsée par la guerre mondiale qui s’annonçait, et, malgré la magnificence des objets exhumés, elle ne connut jamais la même notoriété que celle de Toutânkhamon. Pourtant, le trésor de Psousennès est l'un des plus riches jamais découverts en Égypte. En 1940, alors que l’Europe sombrait dans le chaos, Pierre Montet continua ses fouilles, malgré les difficultés et les pénuries. Son courage et sa persévérance offrirent au monde l’un des trésors les plus précieux de l’histoire de l’archéologie. Aujourd’hui encore, les objets découverts dans la tombe de Psousennès sont exposés au Musée du Caire, rappelant aux visiteurs que l’Égypte antique regorge de mystères et de trésors à jamais fascinants.


Malgré cette découverte exceptionnelle, Psousennès Ier demeure un pharaon mystérieux. Ses accomplissements militaires sont peu connus, et son règne semble s’être déroulé dans une relative discrétion. L’absence de grands monuments à son nom dans l’ensemble de l’Égypte, si ce n’est quelques constructions à Tanis, a contribué à cette obscurité.Pourtant, les archéologues et les historiens continuent de reconstituer le puzzle de son époque. Le trésor de sa tombe, bien plus que des objets inertes, raconte une histoire : celle d’un roi qui sut naviguer à travers des temps troublés, qui chercha à garantir son immortalité à travers un faste inouï, et dont l’empreinte, bien que discrète, perdure encore aujourd’hui dans l’or et l’argent qu’il laissa derrière lui.


Découvrez d'autres histoires égyptiennes en cliquant: ici


Retrouvez-nous sur Facebook en cliquant: ici


Un message à nous envoyer: lesitedelhistoire2@laposte.net


Toutes les images d'illustration, sauf la première, appartiennent à l'auteur. Si vous voulez les utiliser, merci de bien vouloir demander l'autorisation par mail.

Commentaires