Louis XVI (9/9) : échec au roi (1792-1793)
Vous êtes
dorénavant prisonnier dans la tour du Temple. Vous conditions de détention se
dégraderont progressivement. Racontez-nous un peu votre nouvelle vie.
Nous vivions
sous la surveillance, la peur et les brimades continues de la garde
révolutionnaire. J’occupais mon temps libre entre l'éducation du dauphin, la
prière et la lecture. Durant mes 4 mois passés à la tour du Temple, j’ai lu 257
livres. Je jouais également au ballon avec mon fils et au trictrac avec ma sœur
et mon épouse. Pour une fois, je me sentais plus en sécurité au Temple que dans
les rues de Paris. Le peuple était en pleine hystérie. On expulsait les
prêtres, on massacrait tous les ennemis de la Révolution. Je ne me faisais
aucune illusion. Notre tour viendrait bientôt.
D’autant
plus que les députés de la nouvelle assemblée, appelée la Convention, sont
majoritairement républicains. Les monarchistes constitutionnels, élus plutôt en
province, font profil bas de peur des représailles. Les monarchistes
absolutistes ont disparu tant de l’assemblée que du pays. La Convention
proclame l’abolition de la monarchie et l’instauration de la République. Elle
charge une commission de préparer votre procès.
Je suis
devenu M. Capet, citoyen, accusé de crime contre la Nation. Quel manque de
connaissance de notre histoire. Il aurait été plus juste de m’appeler Louis
Bourbon. Enfin, il y avait d’autres éléments plus graves.
Comme cette
armoire de fer dissimulée contenant des documents prouvant la collusion de la
famille royale avec les émigrés et les puissances étrangères et le soutien de
certains députés constitutionnels, dont Mirabeau ?
Je tiens à
préciser que le ministre Roland a sans nul doute ajouté des papiers et enlevé
d’autres compromettant certains députés. Bref, je suis placé à l’isolement. Je
ne vois plus que mon valet et mes trois avocats : François Denis Tronchet,
Raymond de Sèze et Malesherbes.
Votre procès
s’ouvre le 11 décembre 1792. Les motifs d'inculpation sont nombreux :
massacres des Tuileries et du Champ-de-Mars, trahison du serment prêté à la
Fête de la Fédération, soutien des prêtres réfractaires, collusion avec les
puissances étrangères, etc.
Le premier
interrogatoire dure quatre heures. J’essaye de répondre à chacune des questions
avec calme et brièveté. Je soutiens que j’ai toujours agi dans le respect des
lois qui existaient alors, que j’ai toujours combattu l'usage de la violence et
que j’ai désavoué l'action de mes frères. Je nie reconnaître ma signature sur
les documents qu'on me montre. Ayant bien conscience qu’il s’agit d’un procès
politique déjà joué d’avance, je rédige mon testament.
L’Assemblée
doit statuer sur les trois points suivants : votre culpabilité, l'appel au
peuple et la peine à infliger. Chaque député vote en montant à la tribune.
Ainsi les
plus modérés ou les monarchistes ont préféré voter dans le sens de l’opinion ou
s’abstenir.
A une
écrasante majorité, vous êtes reconnu coupable de conspiration contre la
liberté publique et la sûreté générale de l'État.
Sans
surprise. Les deux tiers des députés ont refusé que je sois jugé par les assemblées
provinciales. Ils ont eu trop peur que le peuple des provinces m’innocente. Une
grosse moitié vote pour la mort immédiate et l’autre partie pour la détention
et le bannissement. Une délégation des représentants de la Nation m’annonce la
sentence qui doit se tenir le lendemain. Elle m’accorde le droit à un
confesseur et de faire mes adieux à ma famille.
Le 21
janvier 1793. C’est votre dernier jour sur Terre. Vous êtes âgé de 39 ans et
vous êtes roi depuis 19 ans. On vous emmène sur la place de la Concorde. Vous
montez à l’échafaud, puis vous vous adressez au peuple. Vous souvenez-vous de
vos paroles ?
J’ai
dit : « Peuple, je meurs innocent ! Je suis innocent de tout ce
dont on m'inculpe. J’espère que mon sang ne rejaillira pas sur les
Français. » On accélère la procédure pour m’empêcher de discourir et
susciter l’empathie de mes sujets. On m’installe sur la planche. La lame tombe.
Avec le recul, je n’ai sans doute pas fait ce qu’il convenait de faire au
moment opportun. Je n’ai peut-être pas été assez ferme. J’ai fait des mauvais
choix. Je n’ai pas su voir et utilisé tous les changements sociétaux. Pourtant,
j’ai toujours recherché le bien de mes sujets, d’où mes incertitudes et le
temps pris à la réflexion. J’ai travaillé très dur. J’étais un homme de
dossiers. Or, il aurait fallu plutôt un homme de terrain, capable de galvaniser
les troupes comme Henri IV, chose que j’étais incapable de faire de par mon
caractère. A ma décharge aucun souverain de France n’a été confronté à une
situation identique et peut-être qu’il était déjà trop tard pour que je puisse
éviter la Révolution.
<= 08 - La Monarchie constitutionnelle
Sources
Texte :
- PETITFILS
Jean-Christian : Louis XVI, Perrin,
2021, 1183p
- Louis XVI, Historia thématique, n°99,
janvier-février 2008, 88p.
- Louis XVI, Marie-Antoinette et la
Révolution : la famille royale aux Tuileries, exposition aux Archives
Nationales, Paris, 2023.
Image : wikipédia.fr
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