L'Héritage d'Ératosthène : L'Homme qui a Calculé la Circonférence de la Terre
Ératosthène, né en 276 av. J.-C. dans la cité grecque de Cyrène, en Libye, trouva sa véritable maison dans la bibliothèque d'Alexandrie vers 255 av. J.-C. Alexandrie, à cette époque, était une métropole cosmopolite, un carrefour de cultures et de connaissances. Les navires marchands apportaient le blé si important à l’époque, les philosophes discutaient dans les rues pavées, et les temples étaient des chefs-d'œuvre d'architecture. Elle était la descendante d’une brillante civilisation millénaire. Au cœur de cette cité se trouvait la bibliothèque, un sanctuaire du savoir qui attirait les esprits les plus brillants. Ce n'était pas n'importe quelle bibliothèque, mais un centre d'études avancées, où les étagères étaient remplies de rouleaux de papyrus scientifiques ou littéraires, et où des savants de tout le bassin méditerranéen se réunissaient pour échanger des idées, résoudre des énigmes et repousser les frontières du savoir humain.
Dans le monde méditerranéen, le nom d'Ératosthène était murmuré avec respect et admiration. Il n'était pas seulement un érudit parmi les érudits, mais aussi le directeur de la bibliothèque d'Alexandrie, une position d'une importance incommensurable à cette époque. En tant que gardien du savoir, il avait la responsabilité non seulement de préserver les textes anciens, mais aussi de faciliter les débats intellectuels et les recherches scientifiques. Il était l'homme qui décidait quels rouleaux de papyrus seraient ajoutés à la collection déjà vaste de la bibliothèque. À une époque où la Grèce et l'Égypte étaient des centres de savoir et de culture, Ératosthène était le pont qui reliait ces mondes divers, capable de discuter aussi bien de la philosophie platonicienne que de la mécanique des cieux égyptiens. Il était en cela le continuateur du grand érudit égyptien Manéthon à qui l’on devait la première Histoire de l’Égypte.
Ératosthène était un homme de science, mais son âme était également celle d'un poète. Son amour pour les sciences était si profond qu'il cherchait à l'exprimer à travers ses vers. Il écrivit des poèmes inspirés par l'astronomie, une rare fusion de science et d'art. Nous n’avons plus de trace mais imaginons-en un pour lui :
Les étoiles dansent dans le ciel nocturne,
chaque point lumineux une équation à résoudre.
La lune, notre voisine silencieuse,
garde les secrets de l'univers dans son éclat.
Mais voilà qu'un beau jour d'été en 240 av. J.-C., Ératosthène se trouvait à Syène, une ville au sud de l'Égypte. Il remarqua que les rayons du soleil tombaient directement dans un puits, illuminant le fond. Lui qui remarquait tout a dû penser : « C’est curieux, à Alexandrie, les rayons du soleil sont inclinés à cette heure de la journée. » Une idée germa dans son esprit, une idée si audacieuse qu'elle pourrait changer la façon dont l'humanité percevait le monde : mesurer le monde à partir de l’angle des ombres !
Il retourna à Alexandrie, le cœur battant d'excitation. Il planta un bâton dans le sol et attendit que le soleil atteigne son zénith. L'ombre du bâton était inclinée. Imaginons la scène : « C’est ça, murmura-t-il, l'angle d'inclinaison de l'ombre est la clé ! » Il se mit à faire des calculs frénétiquement, son esprit en ébullition. Il utilisa la distance entre Syène et Alexandrie, ainsi que l'angle d'inclinaison de l'ombre, pour calculer la circonférence de la Terre. Après des heures de calculs, il arriva à une estimation : 250 000 stades. Converti en kilomètres modernes, cela équivaut à environ 39 375 km. L'estimation actuelle de la circonférence de la Terre est d'environ 40 075 km. Il s'était trompé de moins de 2 %, une précision extraordinaire pour son époque. Il avait mesuré le monde !
Après avoir mesuré la Terre, Ératosthène se sentait comme un navigateur ayant découvert un nouveau continent. Mais il savait que la découverte n'était que le début. Mesurer la Terre n’était pas suffisant, il fallait comprendre sa structure, ses peuples, ses montagnes et ses rivières. Inspiré par Hérodote, qui avait donné naissance à la discipline de l'histoire, Ératosthène se lança dans une nouvelle quête : créer une science qui étudierait la Terre et ses caractéristiques. Il nomma cette nouvelle science "Géographie". Avec une plume en main et une carte devant lui, il commença à écrire le premier traité de géographie, décrivant les continents, les océans, et même les vents et les courants marins. Il était devenu le père de la géographie, et son œuvre était le premier pas vers la compréhension du monde dans lequel nous vivons. Il ne partait pas de zéro ; il avait à sa disposition des cartes plus anciennes, des descriptions géographiques détaillées et les récits de voyageurs et de conquérants, notamment ceux d'Alexandre le Grand. Il fusionna ces informations pour créer une carte du monde qui était une œuvre d'art autant qu'une prouesse scientifique. Sa carte incorporait des terres lointaines et des mers inexplorées, allant des confins de l'Inde à la péninsule ibérique. Mais Ératosthène ne s'arrêta pas là. Inspiré par les travaux des historiens de son époque, il tenta également de fixer les dates des événements littéraires et politiques depuis le siège de Troie. Il créa une chronologie du monde, cherchant à donner un sens au flot apparemment chaotique de l'histoire.
Ératosthène n'était pas seulement un géographe ou un mathématicien ; il était aussi un astronome passionné. Il passait des nuits entières à scruter le ciel étoilé, cherchant à percer les mystères de l'univers. Chaque étoile était un monde à découvrir. Il créa un catalogue impressionnant de 736 étoiles, une réalisation remarquable pour son époque. Il développa des théories sur les éclipses solaires et lunaires, expliquant comment et pourquoi elles se produisaient. Enfin, il démontra l'inclinaison elliptique de la Terre, une découverte qui jetait les bases de notre compréhension moderne du cosmos.
Malheureusement, son monde s’éteignait progressivement. À la fin de sa vie, Ératosthène fut confronté à une tragédie personnelle : la perte de la vue. Pour un homme qui avait passé sa vie à étudier les étoiles et à lire les textes anciens, cette obscurité était plus qu'il ne pouvait supporter. Il prit alors une décision déchirante : cesser de s'alimenter pour rejoindre les étoiles qu'il avait tant aimées. Dans ses derniers moments, il se sentit peut-être comme une étoile filante traversant le ciel nocturne, prête à s'éteindre mais laissant derrière elle une traînée de lumière. Cette lumière, c'est son immense héritage, qui appartient désormais au patrimoine mondial de l'esprit humain et des sciences.
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Donc à cette époque on SAVAIT la terre sphérique (ou à peu près)
RépondreSupprimerOui et même bien avant. Certains textes sumériens le suggéraient déjà bien avant! Érathostène n'a pas cherché à prouver la circonférence de la terre mais juste à la calculer.
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