Clermont-Ferrand : la plus noble cité arverne

 

Clermont-Ferrand, située dans la région Auvergne-Rhône-Alpes est le chef-lieu du département du Puy-de-Dôme.

 

Les premiers peuplements
Les premières traces humaines datent de 10 000 ans. Il s’agit d’un peuple de chasseurs-cueilleurs nomades vu les silex, les restes d’aurochs retrouvés et les quelques tessons de céramiques retrouvés. Plusieurs menhirs attestent d’une présence humaine plus importante au Néolithique.


Des Arvernes aux Carolingiens
Au -VII siècle, le peuple gaulois des Arvernes s’installent dans la région. Après la Guerre des Gaules, les Romains fondent sur le site une ville nouvelle s’appelant Augustonemetum. La ville se développe atteignant, à son apogée au IIe siècle, 30.000 habitants. Le forum se situe sur l’actuelle place de la Victoire. Une enceinte fortifiée l’entoure. A partir du IVe siècle, la ville est rebaptisée Arvernis, en référence au peuple Arvernes. Néanmoins, la cité dépérit. Elle ne compte plus que 700 habitants, qui se répartissent un plusieurs petits faubourgs. En 471 et 475, les Wisigoths l’assiègent. En 507, elle est rattachée à leur royaume.
En 761, Pépin le Bref pille la ville et s’empare du château de Mont-Clair. Au fil du temps, la ville prend dans le langage oral un nom dérivé de celui de la forteresse, Clermont. Au IXe siècle, les Vikings pillent la région et causent d’importants dégâts à la ville. En 946, l’évêque Etienne II construit une cathédrale romane.

 

Les luttes de pouvoir entre évêque et comte
En 1095, le pape Urbain II réunit un concile à Clermont. Aucune chronique ne mentionne le lieu de l’assemblée. Le Pape excommunie Philippe Ier, organise la trêve de Dieu et lance la croisade. Quatre ans plus tard, le pape Pascal II confirme l’élection de l’évêque par les chanoines et lui confère l’autorisation de battre monnaie.
Au début du XIIe siècle, les comtes d’Auvergne souhaitent concurrencer la puissance épiscopale dans la région. Ils fondent à proximité de Clermont la ville de Montferrand.
En 1122, le comte Guillaume VI s’empare de Clermont. L’évêque Aimeri fait appel au roi de France Louis VI envoie une armée reprendre la ville. Guillaume VI demande le soutien de duc d’Aquitaine. En 1189, le traité d’Azay-le-Rideau intègre l’Auvergne au royaume de France. Philippe Auguste conforte les pouvoirs de l’évêque. En 1221, il défait les troupes du comte Guy II. Des baillis royaux administrent ses terres au nom du roi de France. En 1248, l’évêque entame la construction d’une nouvelle cathédrale gothique. A l'Est, un quartier s'établit le long d'un axe est-ouest, l'actuelle rue du Port autour de l'église Notre-Dame du-Port. A l'Ouest, deux quartiers se constituent, dont l'un le long d'une rue aboutissant à l'une des cinq portes. Au Sud, un autre quartier s’érige autour de l'église collégiale Saint-Genès et de la chapelle Saint-Eloy. L'ensemble de ces agrandissements est réuni par un rempart, qui laisse hors de la ville des faubourgs. Le cœur de la ville n'est accessible que par des ruelles entremêlées se rejoignant par de multiples portes. Les banquiers, apothicaires, notaires, orfèvres, couteliers, bouchers, contribuent à la richesse de la cité et au développement d’un pouvoir municipal. Ainsi milieu du XIIIe siècle, la municipalité entre en conflit avec l’évêque pour l’administration de la ville. En août 1480, Louis XI crée un consulat à Clermont, qui est aboli cinq ans plus tard. La ville est exemptée du paiement de la taille et accueille quatre foires.
Le 1er mars 1490, la ville de Clermont subit de gros dommages à cause d’un tremblement de terre. Douze tours de l’enceinte s’effondrent ainsi qu'une tour de la basilique Notre-Dame-du-Port. La cathédrale subit également des dommages. Une fissure sur le portail sud est toujours visible.
Au début du XVIe siècle, la renaissance italienne pénètre Clermont sous l’impulsion de l’évêque Jacques d’Amboise. Le sculpteur Chapart réalise la fontaine d’Amboise. Hugues Savaron, conseiller du roi François Ier et consul de la ville, se fait construire un hôtel particulier dans le style renaissance. En 1551, la ville passe sous contrôle direct de la royauté. L’évêque perd ses prérogatives en dehors des affaires religieuses. Le consulat est rétabli. Au début du XVIIe siècle, le mouvement de réforme catholique engendre la création dans les faubourgs de nombreux établissements religieux. Blaise Pascal nait à Clermont en 1623. Il y vit jusqu’en 1655. Le 15 avril 1630, l’édit de Troyes réunit les deux villes en une seule entité Clermont-Ferrand.

 

Une ville à la pointe de la Révolution industrielle
A partir des années 1840, l’éclairage au gaz se développe. Quarante ans plus tard, toute la ville est équipée. En 1901, la première lampe publique électrique est mise en place.
Le chemin de fer arrive en 1855 avec la création de la ligne Paris - Clermont-Ferrand. La construction de la gare donne naissance à de nouveaux quartiers. L'espace entre Clermont et Montferrand se comble. Des avenues permettent de la rejoindre depuis le centre-ville. D’autres liaisons ferroviaires se développent par la suite, vers Aurillac et Nîmes notamment. En 1890, la ville se dote d’une ligne de tramway électrique, puis deux autres en 1901.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la ville se dote de nouvelles infrastructures : une halle couverte, une bourse du travail, un opéra-théâtre, l’hôtel des postes, l’érection de la statue de Vercingétorix. A la fin du siècle, la ville compte 50.000 habitants, puis 80.000 en 1920.
L'économie clermontoise se transforme. Le commerce du vin est très important jusqu’à la crise du phylloxera au début des années 1890. La fabrication textile artisanale disparait, comme la tannerie ou les moulins. Les fabriques et les commerces alimentaires diminuent, mis à part dans la confiserie, la chocolaterie et le sucre. L'industrie du caoutchouc et l'industrie mécanique prennent de l'importance. En 1832, Aristide Barbier et Edouard Daubrée fondent une usine de balles en caoutchouc et de machines agricoles. L’entreprise Bergougnan fabrique des pneumatiques, tout comme Michelin. La première usine Michelin, construite en 1889, fabrique des patins de frein pour vélo. Le siège du groupe se trouve encore sur la place des Carmes. Le premier brevet de pneu pour vélo est déposé par Michelin en 1891. En 1905, le groupe édite sa première carte routière. La coupe automobile Gordon Bennet part pour sa dernière édition à Clermont-Ferrand. L’expansion de Michelin provoque la création des cités Michelin pour loger le personnel. Ces cités répondent aux objectifs de paternalisme, marqué de catholicisme dans le cas de la famille Michelin, et du contrôle social du personnel. Mais plus simplement, cela permet de faire face à la très forte augmentation de la population clermontoise liée à l’expansion de l’activité industrielle.
Ces transformations ne vont pas sans heurts. En septembre 1841, Clermont-Ferrand connait de violentes émeutes provoquées par le recensement décidé en vue d'une réforme fiscale. Le maire, Hyppolite Conchon, manque d’être lynché en place publique. Sa maison est pillée et incendiée. Dépassée par l'ampleur de la révolte, la municipalité suspend les opérations de recensement.


D’une guerre à l’autre
Durant la Première guerre mondiale, Bergougnan et Michelin deviennent de grands fournisseurs de l’armée française. Michelin construit des avions. La ville accueille de nombreux blessés dans les hôpitaux et des locaux scolaires et hôteliers sont réquisitionnés. De nombreux ouvriers sont mobilisés, alors que de nombreux réfugiés du nord de la France arrivent et qui repartiront sitôt la paix revenue.
Au début des années 1920, la ville dépasse les 110.000 habitants. De nombreuses nouvelles rues sont percées, de nouveaux quartiers ouvriers sont construits. C’est le cas du quartier de la Plaine avec ses rues strictement symétriques et ses blocs de maisons divisés en quatre logements familiaux. De nouvelles usines voient le jour : amiante, caoutchouc, air liquide, ferroviaire. La Banque de France installe une imprimerie. En 1919, parait le premier numéro du journal La Montagne. Durant la crise économique des années 1930, Clermont est victime de sa mono-activité industrielle autour de Michelin. La ville est touchée par des grèves, des occupations d’usines et des manifestations durant l’été 1936.
Après l’offensive allemande de 1940, une importante population de réfugiés est accueillie à Clermont-Ferrand. Les Allemands s’emparent de la ville le 21 juin 1940. Après l’armistice, la ville accueille le gouvernement, qui devient la capitale de l’Etat français jusqu’au déménagement du gouvernement à Vichy. La ville accueille les étudiants strasbourgeois après l’annexion de l’Alsace. Le quotidien La Montagne subit la censure. En 1942, plusieurs groupes de résistance s’organisent, autour du général Cochet et des étudiants, qui se réunissent sur le plateau de Gergovie. Le 11 novembre, les Allemands envahissent la zone libre. En 1944, les Britanniques bombardent les usines et les aérodromes de la ville. Le 27 août, les Allemands quittent Clermont-Ferrand. Lors de la libération, quelques exécutions et des tontes ont cours.

 

Conserver son attractivité
Après la guerre, la situation économique de Clermont-Ferrand reste centrée sur l’industrie. Michelin redémarre ses usines, mais arrête la construction de cité ouvrière. En outre, à partir de 1951, la firme commence l’implantation de ses usines sur d’autres sites en France. Pendant les années 1960, la ville est marquée par de nouvelles constructions : usine de Combaude, les barres d’immeubles d’habitation dite de la « muraille de Chine » du quartier Saint-Jacques. Clermont est aussi en croissance démographique grâce à l'expansion universitaire.
Le recensement de 1982, montre une baisse de la population de Clermont-Ferrand avec 146.000 habitants. L’agglomération est marquée par l’étalement urbain, les communes périphériques (Chamalières, Royat, Beaumont, Cébazat) sont en forte croissance démographique. À partir de 1980, le nombre d’employés de Michelin diminue. La ville connait un rééquilibrage au profit du secteur tertiaire. Grand centre universitaire et de recherche français, la ville garde d’importantes fonctions administratives et de services intermédiaires. Clermont-Ferrand est également bien positionnée dans les industries pharmaceutiques, agro-alimentaires et aéronautiques. Au début des années 2000, la municipalité mène une politique de grands travaux : rénovation de quartiers, modernisation du tramway, construction du Zénith, d’une gigantesque halle d’exposition.

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