Anne d'Autriche, Buckingham et Richelieu : Une Tragédie d'Amour et de Pouvoir au XVIIe siècle
Au XVII° siècle, la rumeur publique, toujours scandaleuse et malveillante, prêtait à l’incroyable Richelieu un penchant assez tendre pour Anne d'Autriche, sa reine. Cependant, cette dernière n'avait qu'aversion pour le cardinal. En effet, si l’homme n’était pas laid, il était repoussant tant son réalisme politique et la froideur de sa personne en a rebuté plus d’une. Enfin, il était accessoirement homme d’Eglise. Certes, ce n’était alors pas incommodant dans ces hautes sphères du pouvoir… mais tout de même! En revanche, vers 1625, on attribuait à la reine un attrait de marque pour l’ambassadeur d’Angleterre en France, le séduisant et sémillant duc de Buckingham.
Il est vrai qu’il portait beau le bougre. Cajoleur, affable et charmeur, le duc de Buckingham avait tout pour raviver la flamme de la passion et de l’amour de la timide et peu attirante Anne d’Autriche. La pauvre reine avait d’ailleurs bien du mal à exister dans cet impitoyable univers pleins de complots et d’entourloupes. Entre son mari-roi qui la délaisse, son beau-frère Gaston toujours prêt à faire la guerre, une reine-mère détestée et intrigante et surtout cet odieux Richelieu, on comprendrait la douce espagnole trouver refuge dans les bras affectueux de l’Anglais.
Pourtant, et c’est là que fiction, rumeur et réalité historique prend tout son sens, l’histoire d’amour semble ne pas avoir beaucoup vécu… ni même existé! Si Alexandre Dumas, dans son merveilleux roman des Trois Mousquetaires, fait de la reine l’amante du duc, la réalité historique semble être tout autre. L’Anglais était certes charmeur et attrayant mais il semblerait qu’il soit aussi maladroit. La geste amoureuse, probablement feinte avec des visées politiques derrières, semble avoir été maladroite pour ne pas dire brouillonne. Un incident imprévu est venu rompre rapidement cette royale attirance. Peu de chose, en vérité, mais à une époque où la bonne tenue était de rigueur dans les cours européennes, un geste à peine osé du duc anglais froissa la timide souveraine. Elle ne revit plus l'homme politique.
C’est ici que commence l’histoire amusante. Certains mémorialistes ont prétendu que Richelieu, écarté de son côté et surtout vexé, s'était vengé en écrivant une pièce, Mirame. Ce n’était point une comédie mais bien une tragédie. Une tragédie dans laquelle l'amoureux évincé s'appelait Boucquinquant! Ressemblant, Isn’t-it? Ce n'est pourtant pas cette habile tragédie qui avait eu raison de l'Anglais. La haine de Louis XIII pour ce protestant auto-proclamé défenseur des rébellions protestantes dans l'ouest du Royaume a certainement été fatale.
Le personnage avait-il un rapport avec l’ambassadeur britannique? Richelieu aurait-il le mauvais esprit de mettre à la scène un à-peu-près d'un goût aussi douteux? La question avait été posée à l'époque avant de tomber dans un oubli total, bien qu’Edmond Rostand cite l’œuvre du Cardinal par la bouche du virevoltant Cyrano. Et la reine? Depuis toutes ses mésaventures et après que le cardinal soit tombé dans le trépas, d'aucuns ont affirmé que Mazarin avait, en personne, consolé la reine de ses petites mésaventures sentimentales. « Contre la médisance, il n'est pas de rempart...» a écrit Molière, dans le Tartuffe.
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