Journal de Louis XV (1ère partie)

 


1710 : Je nais à Versailles. Je suis l’arrière-petit-fils de Louis XIV. La duchesse de Ventadour devient ma gouvernante.

1712 :Suite au décès de mon père, je deviens l’héritier de la couronne.

1715 : J’apprends à lire, à écrire et fais mon catéchisme. Suite au décès de Louis XIV, je deviens roi de France sous le nom de Louis XV. Etant trop jeune pour régner personnellement, le parlement de Paris confie la régence à Philippe d’Orléans mon grand-oncle, frère du défunt roi. Celui-ci a obtenu que le Parlement casse le testament de Louis XIV. En contrepartie, les parlementaires recouvrent le droit de remontrance que le défunt roi avait supprimé. De nouveau libre de s’exprimer sur la politique du royaume, j’aurai durant tout mon règne fort à faire avec les parlementaires. Le Conseil de régence, présidé par mon grand-oncle, se compose de nombreux nobles nommés par Louis XIV dans son testament. Ce conseil est assisté de 7 conseils spécialisés, ayant pour tâche de simplifier le travail du Conseil de Régence (affaires religieuses, affaires étrangères, la guerre, la marine, les finances, le commerce, l’intérieur). Les membres du Conseil d’État, les maîtres des requêtes et les intendants de justice, de police de finances ainsi que les magistrats de la chancellerie préparent les travaux. La première tâche de mon oncle est de combler les déficits. Pour ce faire, le duc de Noailles rogne sur les dépenses publiques, dévalue la monnaie, vérifie les créances sur l’État. L’endettement se réduit de 60 %. Il fait également poursuivre les personnes ayant détourné des fonds. La cour quitte Versailles pour se réinstaller à Paris. Mon grand-oncle souhaite établir un lien fort entre les Parisiens et moi. Le peuple se prend d'affection pour ma personne. De leur côté, les nobles jouissent sans contrainte de leur liberté et des plaisirs de la capitale.

1717 : Je quitte ma gouvernante pour rejoindre mes précepteurs en charge de mon éducation : le duc François de Villeroy et le cardinal André Hercule de Fleury. J’apprends l’étiquette de cour, le latin, les mathématiques, l’histoire, la géographie, le dessin, la cartographie, l’astronomie, la danse et la chasse. J’adore particulièrement l’architecture. En économie, le gouvernement place sa confiance dans le financier écossais John Law. Mon grand-oncle l’autorise à créer la Banque générale qui émet des billets convertibles en or et argent. Law préside la Compagnie d’Occident autorisée à commercer librement entre la France et l'Amérique du Nord. Cette compagnie est financée par la vente d'actions susceptibles d'être payées en billets d'État.

1718 :La volonté d’imposer la Bulle Unigenitus, ce décret papal à l’encontre des jansénistes, provoque des remous parmi les magistrats, tant d’un point de vue juridique que religieux. Mon grand-oncle adopte désormais une ligne plus autoritaire. Il supprime certains conseils et restaure les secrétariats d’État. Par ailleurs, le changement d’alliance qu’il opère perturbe l’aristocratie. En effet, Philippe V d’Espagne ambitionne de reconquérir le royaume de Naples. Or mon grand-oncle estime que cette aventure italienne n’est pas dans l’intérêt du royaume. Il préfère renouer avec la Grande-Bretagne et les Pays-Bas.

1720 : Le royaume traverse une crise financière. Le système Law a fait faillite. La banque générale est fermée. La décision est prise de revenir à l’ancien système des financiers pour la récolte des impôts. Dorénavant, mes sujets se méfieront toujours des banques et des sociétés par action.

1722 : Je suis sacré dans la cathédrale de Reims. La cour se réinstalle à Versailles. Le cardinal Dubois est nommé Premier ministre. Je fais la connaissance de ma future épouse Marie-Anne Victoire d’Espagne. Elle a seulement 3 ans. Je suis âgé de 12 ans.

1723 : La Régence prend fin suite aux décès de mon grand-oncle et du cardinal Dubois. Mon règne personnel commence. J’hérite d’un royaume en paix avec les autres puissances européennes et dans une situation économique en voie d'assainissement. Néanmoins, je suis encore trop jeune pour participer activement au gouvernement. Dans les faits, le Duc de Bourbon, le nouveau Premier ministre, administre en mon nom. Ma vision d’une monarchie absolue de droit divin sera mise à mal par les velléités des parlements.

A suivre ....


Voir notre article sur John Law

 

Sources

Texte : BORDONOVE Georges, Louis XV, Pygmalion Editions, 2002, 315p

Image :  sothebys.com

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