Toul : pieuse, antique et fidèle

 

Toul se situe dans le département de Meurthe-et-Moselle en Lorraine.

Tullum la gallo-romaine

Les plaines fertiles de la Moselle recèlent des sites d’habitats préhistoriques. Le site accueille une cité gauloise, qui devient la capitale des Leuques. A l’époque romaine, la ville occupe une surface de onze hectares. Elle est l’une des plus grandes cités de la Gaule romaine. A l’intérieur de ses remparts, elle jouit du commerce entre la Meuse et la Moselle. Les Romains introduisent la vigne. Au IVe siècle, la ville devient le siège de l’évêché. Saint Mansuy devient le premier évêque.

Une ville de l’empire germanique gouvernée par ses évêques.

À la suite de la bataille de Tolbiac, Clovis entérine à Toul la création d'un vaste comté. En 612, une terrible bataille oppose les fils du défunt roi Childéric II. Au IXe siècle, la cité connait quelques razzias de Vikings. Les travaux de la cathédrale débutent en 965. Le diocèse de Toul devient un foyer actif de la réforme bénédictine. Trois abbayes, Saint-Evre, Saint Mansuy et saint Gengoult sont fondées. 


Les évêques dirigent le comté de Toul sous tutelle de l’empereur germanique. Brunon de Dagsbourg-Egisheim s'illustre en évêque défenseur de sa cité de Toul et de l'Empire face aux prétentions champenoises. Celui-ci est élu pape sous le nom de Léon IX en 1048. Après sa mort, il est canonisé à Toul. Les Augustins fondent en son honneur une abbaye saint Léon IX vers 1091. L’évêque de Toul obtient de l’empereur Frédéric Ier Barberousse le droit de frapper monnaie. Au XIII et XIVe siècle, Toul est le théâtre de luttes politiques entre l’évêque, le comte et les bourgeois de la ville.

Durant la période médiévale, la ville connait une croissance modeste. Sa population est estimée à 7 000 habitants vers 1250. Elle connait de graves crises au XIVe siècle, à cause des guerres, de la peste et de la concurrence bourguignonne sur les vins. En 1496, la cathédrale est achevée sous la direction de Jacquemont de Commercy architecte. Il a également conçu le portail gothique de l'église.

 

Le long rattachement à la France

En 1551, les princes protestants allemands entrent en conflit avec Charles Quint. En ce sens, ils recherchent le soutien du roi de France. À Chambord le 15 janvier 1552, ils signent avec Henri II un traité stipulant que la France occupera, pour des raisons stratégiques, les villes de Metz, Toul et Verdun, « et autres villes de l’Empire ne parlant pas allemand ». A ce titre, les troupes françaises pénètrent dans Toul le 13 avril 1552. Le grand perdant de ce traité est le duché de Lorraine. En effet, celui-ci se trouve privé d'une possibilité d'expansion naturelle. Les ducs de Lorraine s'efforcent de tenir en sous-main les politiques temporelles épiscopales.

A partir de 1602, Henri IV soumet les évêques à un serment de fidélité. Ces derniers ne peuvent plus solliciter l'investiture impériale pour entrer en possession de leur temporel. Leurs sujets ne peuvent plus porter leurs appels au tribunal impérial de Spire. Cependant, ils demeurent en titre et en fonction des princes du Saint-Empire. L'obligation s'applique bientôt aux bourgeois des villes. Louis XIII et Richelieu poursuivent le contrôle régalien. Le parlement de Metz est créé en 1633. Il traite les appels de la justice des évêques et celle des tribunaux laïcs. La cité est dépossédée de son sceau. Le 16 août 1634, Louis XIII crée le bailliage de Toul. L'administration française s'installe dans la foulée. Le 10 mai 1636, le parlement est transféré à Toul pour 22 années, avant de revenir à Metz. Toul conserve son présidial.

Depuis 1633, la guerre de Trente Ans dévaste les terroirs lorrains. Les pillages affaiblissent l'économie touloise. La France annexe la ville par le traité de Munster de 1648, mettant fin aux principautés d'Empire et au statut médiéval de ville d'Empire. Louis XIV préserve les antiques franchises de la ville. Néanmoins, il nomme les évêques lorrains. A partir de 1670, Toul bénéficie d’avantages fiscaux pour relancer l'économie. L'essor rapide de ce territoire français contraste avec la stagnation du duché de Lorraine et des terres d'Empire. Les anciennes défenses vétustes de Toul sont rénovées et modernisées par Vauban. Le duché de Lorraine devient français selon les clauses du traité de Vienne de 1738, puis intégré à la France à la mort du roi Stanislas en 1766. Une réorganisation du vaste diocèse de Toul s'ensuit. L’évêché est transféré à Nancy

 

Une ville militaire

En 1790, Toul devient chef-lieu de district, puis sous-préfecture du département de la Meurthe. La ville subit un siège des Prussiens lors des guerres napoléoniennes.

 

Toul constitue une étape sur la ligne de chemin de fer Paris-Strasbourg. Le train permet le développement économique de la ville. Durant la guerre de 1870, les Prussiens s’emparent de la ville. Après la guerre, les fortifications sont renforcées. A cette époque, la ville compte 7000 habitants. Le retour des prisonniers et des réfugiés repeuple la cité. L’économie de Toul repose sur la viticulture, le commerce d’eaux de vie, la faïence et la broderie. La ville abrite des garnisons militaires réparties dans des forts autour d’elle, pouvant accueillir jusqu’à 42.000 soldats. Elle ne subit pas trop de dégâts durant la Première Guerre mondiale. En 1919, la population compte à peine 12 000 habitants. 

En juin 1940, la ville est le théâtre d’affrontements entre les armées française et allemande. La cathédrale reçoit un obus et s’embrase. Les quartiers environnants subissent d’importants dégâts. 40 % de la ville est détruite pendant la Seconde Guerre mondiale. Les Américains délivrent Toul en septembre 1944.

Le 5 décembre 1971 la prison centrale de Ney connait une série de mutineries qui secouent le système carcéral français. Les détenus refusent de regagner leur cellule et de travailler dans les ateliers. Ils réclament la démission du directeur et du gardien-chef, ainsi que de l'eau chaude dans les douches et des soins dentaires. L’intervention des forces de l'ordre fait de nombreux blessés. Le philosophe Michel Foucault et la psychiatre de la prison soutiennent les prisonniers. Ils interpellent publiquement le président de la République. La commission d’enquête reconnaît la dureté des conditions de détention.

 

Les difficultés actuelles

L’économie touloise repose essentiellement sur le secteur primaire : exploitations agricoles, élevages, établissements liés à l’exploitation de la forêt et les pêcheurs. Les environs de Toul constituent un terroir viticole ancien, où l’on produit le Gris de Toul. La centrale photovoltaïque de Toul-Rosières, mise en service en novembre 2012, est la plus importante de France.

Longtemps marquée par la présence de l’armée, la ville a été touchée au début des années 1990 par plusieurs restructurations militaires. Celles-ci ont provoqué la perte de plusieurs milliers d’emplois. Son tissu industriel est aujourd'hui durement menacé. Le premier employeur de l’agglomération touloise, l’usine Kléber-Michelin, a fermé en 2009.

L’activité tertiaire demeure embryonnaire. Aucune formation supérieure n’est dispensée à l’exception d’un BTS transport.

La restauration des monuments est lente en raison de coûts trop élevés pour être supportés par la seule ville elle-même. Cependant, depuis 1999, des efforts significatifs ont été entrepris avec l’aide de l’État et des collectivités régionales et départementales.

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