Saint-Michel de Cuxa (Pyrénnées - Orientales 66)

 


L’abbaye de Saint-Michel de Cuxa (se prononce Coucha) est un monastère bénédictin situé sur la commune de Codalet dans les Pyrénées-Orientales. Il fait partie de la province espagnole de la congrégation de Subiaco.

En 878, une crue de la Têt emporte dans ses eaux le monastère de Saint-André d’Eixalada. Les survivants se réfugient à Cuxa, où se trouve une église dédiée à Saint-Germain. Ils construisent un nouveau monastère. Au siècle suivant, la communauté monastique obtient des privilèges d'immunité, qui la place sous l’autorité du pape et du roi de Cerdagne. L’abbé Garin introduit la réforme clunisienne. En 974, la nouvelle église est consacrée la veille de la Saint-Michel.

En 1008, Oliba de Besalù, parmi ses nombreuses attributions,  devient abbé de Cuxa. Grand bâtisseur, il agrandit le monastère. Il fait élever au-devant de l'église les deux chapelles superposées de la Crèche et de la Trinité. Il agrandit l’église abbatiale de trois absides, voûte les bas-côtés de la nef et érige les deux clochers. A sa mort en 1046, il est inhumé dans l’abbaye. Le cloitre est construit au XIIe siècle. A partir du XVIe siècle, les moines ne vivent plus la vie commune. Les revenus de l’abbaye sont partagés en autant d'offices que de moines et chacun d'eux possède son habitation particulière dans l'abbaye. A partir de 1659, l’abbaye se situe dorénavant dans le royaume de France. En 1772, le pape Clément XIV rétablit la vie commune dans les monastères bénédictins en supprimant les offices. A la veille de la Révolution, il ne reste plus que sept moines à Cuxa. En 1791, l’abbaye est vendue comme bien national à un négociant de Prades. Les objets du culte sont répartis dans les paroisses voisines. Laissé à l’abandon, le monument se délabre peu à peu durant le XIXe siècle. Un violent orage en 1839 cause la chute d’un des deux clochers. Des morceaux de l’abbaye sont récupérés pour divers usages : des arcades du cloîtres décorent les bains publics de Prades, l’autel sert de balcon dans une maison particulière, des colonnes se retrouvent dans une fontaine. En 1907, le sculpteur américain George Barnard achète de nombreux chapiteaux qu’il emmène à New York. Il fonde le Musée des cloîtres pour présenter ses collections. En 1919, l’Eglise rachète l’abbaye pour loger des moines cisterciens.Depuis les années 1940, les Monuments historiques entreprennent des campagnes de restauration et de reconstitution de l’abbaye. En 1950, le violoncelliste Pablo Casals donne un concert dans l’église encore dépourvue de toit. A partir de 1957, dans le cadre du festival Pablo Casals, l’abbaye accueille des concerts de musique classique.

Le plan de l'église préromane possède des influences carolingiennes et wisigothiques. Les constructions du début du XIe siècle présentent les caractéristiques du premier art roman méridional avec un appareil de maçonnerie plus régulier et des structures voûtées en plein cintre. Au milieu de la nef, l’église contenait une tribune-jubé, qui a été démolie au XVIe siècle. Elle constitue, avec celle de Serrabone, l’un des rares exemples de clôtures de chœur romanes séparant l'espace des religieux de celui des fidèles. L'ensemble des 170 éléments en partie rassemblés peuvent permettre une tentative de reconstitution en trois dimensions. Sa façade de marbre rose sculptée est tournée vers les fidèles. Douze colonnes supportent un ensemble de voûtes, d’arcs et de balustrades. Le Christ est le sujet central de l’iconographie, qui comprend également des végétaux, des animaux parfois fantastiques et les symboles des quatre évangélistes.

Une crypte, dédiée à la Vierge, se situe au niveau inférieur. Elle présente la forme d’un cercle inscrit dans un carré. Au centre, un imposant pilier soutient la voûte. Une petite absidiole fait saillie pour accueillir l’autel. Au-dessus, l'oratoire de la Sainte Trinité unit le Père et le Fils et se superpose exactement sur le plan de la crypte. Il n’existe plus de nos jours.La construction des deux clochers date du XIe siècle. De style lombard, ils s’élèvent aux extrémités des bras du transept. Le clocher nord, celui ayant disparu, comprenait les cloches et une horloge. Ils mesurent 33 mètres de hauteur et comprennent quatre étages. Les façades sont décorées de bandes lombardes et percées de baies jumelées. Des bandes saillantes verticales d'un seul jet sur trois étages soulignent l'élan vertical des tours. Au XVe siècle, des contreforts de pierre sont construits à leur base pour éviter un effondrement.Le cloitre forme un quadrilatère irrégulier. 63 colonnes soutiennent les arcades. Lors de la restauration, le cloitre est reconstruit suivant les plans de 1779 avec les matériaux ayant pu être récupérés. La galerie sud est la seule à avoir été complètement reconstituée, les autres ne l'ont été qu'en partie. Une partie des chapiteaux représente des végétaux et des animaux (lion, singe, aigle). L’autre partie représente des monstres trapus aux têtes disproportionnées. Ils sont taillés dans des blocs de marbre rose.Le plan de 1779 mentionne au nord des chambres et à l'ouest un salon, d'autres chambres, un cabinet, une alcôve et le parterre de la sacristie correspondant actuellement à l'atrium.

Aujourd'hui, une communauté de moines bénédictins de Montserrat perpétue une vie monastique au sein de l’abbaye. Lors de votre visite à Saint Michel de Cuxa, vous pourrez visionner un excellent documentaire retraçant l’histoire de l’abbaye et les travaux de restauration et de reconstitution, avant de déambuler dans la crypte de la vierge, le cloitre, l’église et une salle présentant les morceaux de la tribune.

 

Source 

Texte : visite de l’abbaye effectuée le 5 mai 2022 

Image : wikipédia

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