La traite négrière transatlantique

A partir du XVIe siècle, les Européens désirent développer les cultures de tabac, canne à sucre, cacao, indigo dans les Nouveau Monde. Cette agriculture nécessite une main d’œuvre abondante. Or l’arrivée des Européens aux Amériques a provoqué un choc microbien, ayant entrainé la mort d’une grande partie des autochtones. De plus dès 1542, l’Espagne interdit l’esclavage des Amérindiens, autant pour des motifs moraux que de sécurité. Par conséquent, il faut donc trouver une nouvelle main d’œuvre pour cultiver la terre. Au départ, une partie de cette main d’œuvre vient d’Europe. Néanmoins, les planteurs exigent des engagés un travail harassant. Ces conditions de vie éprouvantes finissent par être connues. Le nombre d’engagés diminue rapidement. L’esclavage devient l’alternative, dans le sens où les planteurs bénéficient d’une main d’œuvre abondante et que les coûts de production baissent. Les esclaves proviennent d’Afrique. Ainsi, la traite transatlantique se développe. Au total, les Européens déplacent environ douze millions d’Africains aux Amériques du XVIe jusqu’au milieu du XIXe siècle.

Les esclaves sont issus de régions éloignées du littoral. Des courtiers assurent le transfert. Ils achètent les esclaves à des chefs africains, car il s’agit la plupart du temps de prisonniers de guerre ou de membres d’un clan rival. Les esclaves s’échangent contre des cotonnades indiennes, des armes à feu, de l’alcool, du métal (fer et plomb), des bijoux et des cauris (coquillages issus de l’Océan indien servant de monnaie d’échange en Afrique). Néanmoins, les courtiers s’approvisionnent parfois d’eux-mêmes en attaquant des villages par surprise. Débute ensuite le transfert jusqu’au port d’embarcation. Les esclaves forment des caravanes. Ils parcourent à pied jusqu’à quarante kilomètres par jour. Ils sont rarement enchaînés. En effet, les fers ralentissent la progression et engendrent des traces pouvant diminuer son prix de vente. Entre 10 et 50% des captifs meurent durant ce périple.

Une fois arrivés dans un comptoir européen, les courtiers échangent avec le capitaine du bateau négrier les esclaves contre de l’argent et des produits manufacturés destinés à la prochaine vente. Les courtiers et les capitaines négocient les conditions de l’échange en définissant la valeur d’un captif. Un bateau négrier embarque entre 400 et 600 captifs. Il contient une quarantaine d’hommes d’équipage. Si la cargaison embarquée est insuffisante le capitaine poursuit sa route jusqu’au prochain comptoir en longeant les côtes. Les conditions de navigation le long du littoral africain s’avèrent dangereuses. Les estuaires sont souvent ensablés ou occupés par la mangrove. Le risque de naufrage est toujours présent. Ainsi, un navire négrier demeure en Afrique entre un et quatre mois pour constituer une cargaison satisfaisante.

La traversée de l’Atlantique dure deux mois. A bord, les capitaines doivent assurer l’hygiène des esclaves. Chaque jour, ces derniers se rincent la bouche avec du vinaigre coupé à l’eau. Ils font de l’exercice sur le pont au rythme d’un tambour ou d’une flûte. L’entrepont, où ils vivent, est aéré et aspergé de vinaigre. Ils grattent et nettoient le pont. Les capitaines essaient d’assurer aux esclaves un régime alimentaire similaire à celui qu’ils avaient en Afrique. Les repas se constituent de riz, de mil, de manioc, de légumes frais, le tout assaisonné d’huile de palme et de piments. Cependant, les rations sont généralement insuffisantes. Malgré ces mesures, la mortalité des captifs au cours du voyage est de 12% en moyenne. Les capitaines doivent également assurer la sécurité à bord. Certains esclaves tentent de se suicider, notamment en se jetant par-dessus par bord. Les révoltes ne sont pas rares. Elles concernent un bateau sur dix. La plupart du temps, elles n’aboutissent pas. Une fois arrivés aux Amériques, les capitaines se dirigent vers les ports prescrits par les armateurs, afin de vendre les esclaves au meilleur prix. Les fonds récoltés servent à l’achat de produits tropicaux destinés aux marchés européens.

Une fois arrivés dans la plantation, les esclaves bénéficient d’une semaine de repos, avant d’être mis au travail. D’autres esclaves les forment. Malgré toutes ces précautions, la moitié des nouveaux venus ne surmontent pas le traumatisme de la déportation et décèdent dans les trois années qui suivent leur arrivée. 

Par son caractère massif et systématique, la traite transatlantique a assuré le maintien des sociétés coloniales esclavagistes aux Amériques. La déportation de ces milliers de captifs a aussi façonné les diasporas africaines du Nouveau Monde.

Sources

Texte : HAUDRERE Philippe, « Traite transatlantique : le passage du milieu », L’Histoire, thématique n°93, octobre-décembre 2021, pp 36-41. 

Image : https://www.francetvinfo.fr/

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