Lille est la
préfecture du département du Nord et le chef-lieu de la région Hauts-de-France.
Elle compte 234 000 habitants en 2018. Elle est au cœur d’une aire
métropolitaine regroupant des communes telles que Roubaix et Villeneuve d’Ascq.
Elle appartient à une conurbation formée avec des villes belges, qui ont formé
le premier Groupement européen de coopération territoriale.
L'émergence
de la ville
Le nom de la ville vient de insula ou isla.
En effet, elle est construite dans un élargissement de la vallée de la Deûle. Plusieurs
petits cours d’eau forment un lacis de zones humides. Des éléments
archéologiques indiquent un peuplement depuis le Mésolithique (-9000 à -5000).
Plusieurs fermes gauloises occupent le site. Axe de passage, un bourg se
constitue peu à peu à l’époque mérovingienne. Un cimetière regroupant 500
tombes a découvert.
Les
Flandres
Lille appartient au comté de Flandre, une des régions
les plus prospères d'Europe. Son essor repose sur la fabrication de draps de
laine et sur le commerce. Dès le XIIe siècle, la ville accueille une foire aux
draps. Elle s’inscrit dans le sillage des foires de Champagne et dans l’axe
commercial : Angleterre, Italie du Nord. De nombreux canaux parcourent la
ville. Certains suivent les tracés des anciens cours d’eau, mais beaucoup sont
artificiels. Au début du XIIIe siècle, le comte de Flandre rejoint
la ligue anti-française. Philippe Auguste assiège Lille. Vainqueurs de la
coalition à Bouvines, les Français pillent la ville. Le roi de France la rend à la comtesse Jeanne
de Flandre. Elle fonde dans l'enceinte de son palais lillois, l'hôpital
Comtesse. Fort aimée des Lillois, le centre hospitalier portera son nom au XXe
siècle.
Le duché de Bourgogne
En 1369, Marguerite de Male, comtesse de Flandre,
épouse Philippe II de Bourgogne. Lille est rattachée au duché de Bourgogne. En 1385, le duc crée le Conseil de Lille. Celui-ci
comprend une Chambre des comptes et une cour de justice. Ce conseil s'occupe
des affaires financières et judiciaires de l'ensemble des territoires du duc à
l'exception de la Bourgogne. Par la suite, Jean sans Peur déplace le Conseil à
Gand. Lille conserve la Chambre des Comptes, qui a la charge des affaires
financières de tous les territoires à l'exception du Brabant, de la Hollande,
de la Frise et de la Bourgogne. Grâce à ses administrations, Lille est l'une
des trois capitales du duché bourguignon. A cette époque la population atteint
les 15 000 habitants. Le 17 février 1454, Philippe le Bon organise un
gigantesque banquet resté célèbre sous le nom de « Banquet du Vœu du
faisan ». Le duc et ses suivants prêtent le serment sur un faisan de
défendre la Chrétienté face à l’avancée ottomane.
De l’empire germanique à la couronne d’Espagne
En 1477, Marie de Bourgogne épouse Maximilien
d’Autriche. La Chambre des comptes est supprimée. Charles d’Espagne est élu à
la couronne impériale sous le nom de Charles Quint. Lorsque celui-ci abdique,
Philippe II d’Espagne hérite des Flandres.
Dans la tourmente des guerres de religions
En 1542, Lille
recense ses premiers calvinistes. En 1555 une répression anti-protestante se
déroule. En 1560, des rebelles protestants, nommés les Hurlus, détruisent les
églises et les couvents. Les Tercios du duc d’Albe les combattent jusqu’en
1580. Les Jésuites s’établissent à Lille en 1562. Ils dirigent le collège
municipal.
Le rattachement à la France
En 1667, Vauban assiège la ville. Par le traité
d’Aix-la-Chapelle du 2 mai 1668, Lille devient française au mécontentement de
ses habitants. Nommé gouverneur, Vauban fortifie la ville et érige une immense
citadelle. D’Artagnan occupe la charge de gouverneur d’avril à décembre 1672. D’autres travaux sont réalisés dans les 1670 et 1680
sous la direction d’Anselme Carpentier. De nouveaux quartiers naissent, tels
que celui de Saint-André et de la Madeleine. Les nouveaux bâtiments mélangent
le style français avec des traditions locales. C'est le style franco-lillois,
qui se caractérise par une certaine régularité classique, associée à la
richesse décorative et à la polychromie des matériaux combinés. Du grès gris
sert pour les arcades des rez-de-chaussée. Les étages sont construits en brique
rouge et craie blanche. La Grand Place et les rues adjacentes sont entièrement rebâties.
Ces réalisations permettent de gagner la confiance des Lillois.
Au cours de la guerre de Succession d’Espagne, le duc
de Marlborough assiège la ville. Le maréchal de Boufflers, commandant la
garnison, se replie dans la citadelle, avant de se rendre. Les Anglais occupent
la ville pendant cinq ans. Lille est rendue à la France quand la paix est
signée à Utrecht le 11 avril 1713. Au XVIIIe siècle, Lille se rénove une seconde fois. Le
classicisme français devient plus dominant. La riche décoration baroque
s'efface au profit d'une élégante sobriété. Cependant, un style typiquement
lillois demeure. Parmi les constructions de cette époque, il reste des maisons,
comme la place aux Oignons et de nombreux hôtels. L’architecte Michel-Joseph
Lequeux en construit plusieurs de style néoclassique, comme l’hôtel d’Avelin et
l’hôtel Petipas de Walle.
La Révolution française
En 1789, Lille ne connaît pas véritablement de
mouvements révolutionnaires, même s’il y a des églises détruites et quelques
émeutes. Le premier conseil municipal est élu en 1790. En 1792, les Autrichiens assiègent la ville à
plusieurs reprises. Du 29 septembre au 3 octobre, ils bombardent la cité sans
relâche. Confrontés à la résistance des Lillois et à la pression des armées
révolutionnaires, ils lèvent le siège le 8 octobre. Quatre jours plus tard, la
Convention nationale décrète à l'unanimité que « Lille a bien mérité de la
patrie ». Pour célébrer la résistance de la ville, les habitants placent
sur certaines façades des boulets de canon factices. En 1845, la colonne de la
Déesse est érigée sur la Grand place en souvenir de l’évènement.
La révolution industrielle
Au début du XIXe siècle, la ville compte
53 000 habitants. Elle devient le chef-lieu du département du Nord.
Le blocus continental du Royaume-Uni par Napoléon Ier permet à la région de
renforcer son industrie textile. Lille travaille le coton. Au milieu du siècle, le chemin de fer arrive à Lille.
La ville est reliée avec Tourcoing, puis avec Paris. A l’intérieur de la cité,
le transport collectif est assuré par le tramway. Il fonctionne par traction
animale. Lorsqu’il passe à la vapeur, le tramway s’étend jusqu’à Roubaix et
Tourcoing. Néanmoins, le tramway dégage beaucoup de fumée. Des morceaux de
charbon incandescents s'échappent parfois des cheminées, risquant de provoquer
des incendies ou de brûler les passants. L’université de Lille est fondée en 1880. Elle
comprend la faculté des lettres, de sciences, de médecine et de droit. Dans le
même temps, l’université catholique ouvre ses portes, ainsi que l’Ecole des
arts industriels et des mines. Lille devient évêché et entame la construction
d’une cathédrale. En 1901, Charles Debierre, adjoint au maire à l'instruction
publique, préside une association des «amis du peuple». L’objectif consiste de
permettre à tous l'accès à la culture. L’université catholique organise le
dimanche matin des conférences de haut niveau ouvertes à un large public. En
1853, le poète Alexandre Desrousseaux compose la berceuse du P’tit quiquin.
En 1896, Gustave Delory est l’un des premiers maires socialistes d’une grande
ville française.
Lille se
transforme sur le modèle haussmannien. Le percement de grands boulevards et de places
s’accompagne de la construction d’immeubles imposants de style
néo-Renaissance/néoclassique, comme la préfecture, l’Institut industriel du
Nord, le Palais des Beaux-Arts, le Théâtre et l’Opéra. En parallèle, une
architecture industrielle se développe dans les nouveaux espaces investis par
la ville après l'absorption des communes limitrophes. D’immenses usines
s’étendent avec leurs quartiers ouvriers construits en briques rouges. Au début
du XXe siècle
s’épanouit le style néo-lillois. Celui-ci opère une nouvelle synthèse entre les
caractéristiques du style franco-lillois du XVIIe siècle avec les formes
architecturales du style parisien. L'architecte Louis Marie Cordonnier se fait
le chef d’orchestre de ce nouveau style, dont le plus bel exemple est la
chambre de commerce inaugurée en 1921. En 1912, Lille compte 217 000
habitants.
La Première Guerre mondiale
Au vue de son importance stratégique, l’armée
française occupe Lille dès le mois d’août 1914. En octobre, après un intense
bombardement, les Allemands s’emparent de la ville. Au cours des quatre années d’occupation, les Lillois
subissent de nombreuses exactions. Cette période est marquée par la résistance
de fortes personnalités telles que Louise de Bettignies et Léon Trulin. Le nombre
de condamnations montre la résistance au quotidien de la population lilloise. En
juin 1915, le cordonnier Jacoby est exécuté pour avoir poussé des ouvriers à ne
pas fabriquer des sacs destinés aux soldats allemands. Les troupes britanniques libèrent la ville le 17
octobre 1918. Durant le conflit, la population lilloise a diminué jusqu’à
88 000 habitants.
Des Années folles à la crise économique
Le déclassement des fortifications en 1919 permet à la
ville de récupérer des terrains pour des opérations d'urbanisme. Cependant, la
crise économique mettra un coup d’arrêt à certaines d’entre elles. Les
reconstructions d’après-guerre sont dans le style néo lillois comme en
témoignent les immeubles haussmanniens dans la rue Faidherbe. De nombreux
immeubles art déco sont également édifiés. En juillet 1921, Albert Calmette et Camille Guérin
mettent au point le vaccin antituberculeux. La première foire de Lille se teint en avril 1925.
Elle est l’initiative du maire Roger Salengro et de plusieurs entrepreneurs lillois.
Les exposants présentent les dernières nouveautés industrielles et
commerciales. Les bourgmestres de Tournai et d’Ypres sont invités. La seconde
en 1926 confirme le succès de l’évènement. Depuis lors, elle se répète chaque
année. En 1933, Lille reçoit la foire internationale spécialisée. Un vaste
palais est construit pour cette occasion. Dans les années 1930, Lille est durement frappée par
la crise économique. Roger Salengro renforce l'action du bureau de bienfaisance
municipal.
La Seconde Guerre mondiale
En septembre 1939, l’armée française organise le
déplacement des Lillois en prévision des futurs combats. Les Allemands prennent
la ville le 31 mai 1940. Elle est rattachée au commandement allemand de
Bruxelles. Par conséquent, elle échappe au gouvernement de Vichy. Le 3 septembre 1944, les Allemands commencent à
quitter la ville. La résistance lilloise reprend la ville au prix d’âpres
combats. Ainsi lorsque les troupes britanniques arrivent le 5 septembre, ils
trouvent une ville quasi libérée.
De l'après-guerre à
aujourd'hui
Après une période de reconstruction, Lille se plonge
dans la modernité. L’aéroport de Lille-Lesquin est démilitarisé et ouvert à la
circulation publique et commerciale. Le beffroi de l’hôtel de ville accueille
des antennes émettrices pour la radio, puis la télévision. Télé-Lille émet deux
heures de direct par jour. La construction du nouveau boulevard, avenue du
président Hoover, ouvre davantage la ville. En effet, cette avenue relie la
ville à l'autoroute A1. Elle deviendra un tronçon du boulevard périphérique. De
nombreux bâtiments sont rénovés pour accueillir des immeubles de bureaux,
d’habitations, d’enseignement ou de loisirs, en particulier dans le quartier de
Moulins. En 1951, le grand palais est réaménagé pour accueillir l’exposition
internationale du textile. En 1957, le marché aux fleurs reçoit la visite de la
reine Elisabeth II d’Angleterre. En 1968, Lille s’associe avec Roubaix et
Tourcoing, pour créer la Communauté urbaine de Lille. La communauté devient le
troisième pôle éducatif de France. L’université Lille Nord de France regroupe les six écoles doctorales du Nord-Pas-de-Calais, et rassemble
3 000 doctorants.
A la fin des années 1960, la région doit faire face à
la crise du textile et de la métallurgie. Lille connaît d’importantes grèves en
mai 1968. Des cortèges, réunissant ouvriers et étudiants défilent dans les
rues. En mars 1971, des étudiants défilent à Lille pour contester la répression
menée par des CRS sur le campus d’Annapes.
Dans les années 1980, Lille se tourne vers le secteur
tertiaire. Au début des années 1990, les travaux d’Euralille débutent. Ce
quartier, à l’architecture moderne, comporte des immeubles de bureaux, des
centres d'affaires, des commerces, des logements et des espaces verts. En 1993, le TGV permet de relier Lille à Paris en une
heure. L'ouverture du Tunnel sous la Manche et l’arrivée de l’Eurostar placent
Lille au centre du triangle, Paris, Londres, Bruxelles. En 2004, la ville reçoit le titre de capitale
européenne de la culture. L’année suivante, le beffroi de l’hôtel de ville est
classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Au cœur de l’Europe, ayant réalisé sa
reconversion, Lille est une ville alliant modernité et rayonnement touristique.
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