La guerre de Sécession prémice des conflits du XXe siècle


 

La guerre de Sécession demeure le conflit le plus meurtrier des États-Unis avec 620.000 tués, soit 1,6% de la population. Au départ, tout le monde pense que la guerre peut être gagnée par une ou deux grandes victoires. Les officiers américains se réfèrent aux guerres napoléoniennes demeurant la référence. Seulement aucun des deux camps ne dispose d’armées suffisantes en nombre et en qualité pour pouvoir l’emporter d’un coup décisif.

 

La guerre de Sécession est avant tout une guerre de fantassins, durant laquelle la cavalerie reste minoritaire. L’amélioration des fusils et des canons permet aux armes à feu d’atteindre leur cible jusqu’à 500 mètres.

A la différence des batailles européennes, les débuts de la guerre de Sécession se résument à des duels d’infanterie. En effet, la cavalerie est employée pour mener des raids en territoire ennemi, dans le but de détruire les voies de ravitaillement ou semer la terreur. Elle ne charge presque jamais l’infanterie ou l’artillerie sur les champs de bataille. A l’inverse en Europe, elle brise les formations d’infanterie et poursuit les fuyards. Plusieurs raisons expliquent cette utilisation. Tout d’abord, la cavalerie a besoin de grands terrains dégagés pour se déployer, ce qui n’est pas toujours le cas compte tenu du relief, des forêts et des cours d’eau. Ensuite un cheval coûte cher. Enfin, hommes et chevaux manquent d’entrainement pour livrer combat. La situation évolue durant le conflit, les cavaliers prenant de plus en plus d’importance. Au total, plus d’un million de chevaux et mules seront tués ou blessés.

Comme dans les guerres napoléoniennes, l’artillerie est très présente. Elle est parfois gênée par le terrain et la présence de troupes ennemies. Les généraux déplacent rarement leurs pièces durant la bataille par manque de chevaux et par crainte de les livrer à l’ennemi. Les tranchées permettent de se prémunir des tirs d’artillerie. La pratique se développe au fur et à mesure du conflit. A partir de 1863, les tranchées sont présentes dans toutes les batailles. Les fortes pertes expliquent le recours massif à ce procédé.

 

La guerre est devenue industrielle et technologique avec ses mitrailleuses à tir rapide, ses canons de gros calibre, ses navires bardés d’acier et ses premiers sous-marins. Le chemin de fer et les voies fluviales permettent un ravitaillement rapide en hommes et en matériel. Les innovations technologiques ne sont pas encore au point, tandis que la guerre est menée avec une vision dépassée. On continue de manœuvrer en rang serré, on fait des charges de cavalerie comme à l’époque des guerres napoléoniennes, alors que les armes se perfectionnent, que les hommes creusent des tranchées et que l’artillerie se déploie.

 

La guerre de Sécession est à un tournant de l’histoire militaire. Au cours du conflit, les armées modifient leur manière de guerroyer. La population est mobilisée à grande échelle. Les soldats creusent des tranchées. Ils ne combattent plus dans les plaines. L’armement se modernise. Les avancées technologiques sont mises à contribution : les ballons, les mines, les sous-marins, les cuirassés, les mitrailleuses.

La guerre de Sécession porte les prémices de la Première guerre mondiale. Elle marque le déclin des guerres napoléoniennes et amorce les conflits modernes. L’image des deux généraux reflète ce tournant. Lee excelle sur les champs de bataille et la stratégie. Grant mise sur d’autres aspects à savoir les technologies, les moyens économiques et les civils.

 

Pour la première fois, les États-Unis sont confrontés à une guerre longue qui mobilise 25 millions de personnes sous les drapeaux. Les soldats vivent des batailles très meurtrières. Ils combattent sans discontinuer dans des intervalles très courts. Il n’est pas rare que certains participent à plusieurs batailles majeures. Les civils sont touchés. La guerre de Sécession voit le développement d’actes terroriste de la part de soldats, mais aussi de bandes de pillards plus ou moins soutenues par les gouvernements. En plus de la subir, les civils la suivent et la regardent au travers des reporters et des photographes sillonnant les champs de bataille. Enfin, la guerre de Sécession marque une rupture dans l’histoire des États-Unis. La victoire du Nord affirme la domination de l’industrie et de la finance. Désormais, le modèle de la réussite américaine n’est plus le planteur, mais l’entrepreneur.

 

 

Sources

Texte :

KEEGAN John, La Guerre de Sécession, Perrin, Paris, 2013

« Les Tuniques bleues et la guerre de Sécession », Géohistoire, n°53, oct-nov 2020

Image :

https://www.geo.fr/histoire/les-grandes-batailles-de-la-guerre-de-secession-33-a-vicksburg-une-guerre-de-nerfs-et-de-tranchees-203320

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