Nantes : Neptune favorise ceux qui osent
L’Antiquité
Le
peuple celte des Namnètes
La présence de métaux explique le peuplement
du site vers -2000. Plusieurs ateliers métallurgiques datant des –VIII et VIIe
siècles ont été découverts. A l’époque gauloise, le site appartient aux
Namnètes, nom donné par Jules César dans La
Guerre des Gaules. Il latinise le nom
de la cité gauloise en Condevincum.
Le nom « Namnètes » désigne la tribu habitant la rive droite de la
Loire et signifierait « les hommes du fleuve ». Condevincum est moins importante que sa concurrente située de
l’autre côté de la Loire, Rézé (Ratiatum
en latin) appartenant aux Pictons. Le conquérant romain soumet les Namnètes en
-56.
La
cité gallo-romaine
La cité profite des apports romains pour
supplanter sa voisine à partir du IIe siècle. A cette époque, elle prend le nom
de Portus Namnetum : « le
port des Namnètes ». Ce phénomène d'abandon de l'ancien nom gaulois par
l'adoption d'une nouvelle appellation évoquant le nom des habitants, est
courant dans la moitié nord de la France. A l’époque médiévale, le terme portus disparaît et le mot Namnetum est
transcrit Nametis. Au XVIe siècle, la ville prend le nom définitif de Nantes. Confrontée
aux troubles des invasions, la cité se dote d’une enceinte fortifiée au IIIe
siècle. Au siècle suivant, elle s’ouvre au christianisme. Elle devient évêché
après la conversion de l’empereur Constantin.
Le Moyen Âge
La conquête bretonne
Après la chute de
Rome, la cité passe dans le giron du royaume de Clovis. Les rois mérovingiens
la fortifient et installent une garnison pour lutter contre les Bretons. Sous
Charlemagne, elle devient la capitale de la marche de Bretagne, dont Roland
prend le titre de comte. Après la mort de Charlemagne, les Bretons reprennent
leurs conquêtes. En 850, Nominoë conquiert Nantes et Rennes. En représailles,
le roi Charles le Chauve lève une armée. Erispoë, devenu roi des Bretons à la
mort de son père, bat les Francs à la bataille de Jengland. Il signe avec
Charles le Chauve le traité d’Angers, entérinant les conquêtes bretonnes et
fixant la frontière entre les deux royaumes.
Les
incursions vikings
La fin du IXe siècle et le début du Xe
siècle est une période de troubles pour la ville. Les rivalités internes entre
chefs bretons laissent le champ libre aux Vikings. Le 24 juin 843, ils pillent
la ville et massacrent de nombreux habitants, dont l’évêque Gohard. En 919, la
ville est de nouveau prise. Cette fois, les Vikings s’installent et
l’administrent jusqu’en 937, avant qu’Alain II de Bretagne la reconquiert.
Les
guerres de succession
Lors de la deuxième guerre de
succession, les Etats de Bretagne réunis à Nantes reconnaissent Jean III comme
héritier légitime face à Charles de Blois reconnu par ses pairs et soutenu par
le roi de France. Après plusieurs combats, Jean III s’impose et fait de Nantes
sa nouvelle capitale.
La
capitale de la Bretagne
Au XVe siècle, la ville se développe
grâce au commerce maritime et fluvial. Nantes se dote d’un château palatial, de
puissants remparts, de maisons bourgeoises à colombages. À la fin du XVe siècle,
Nantes est un enjeu essentiel dans la guerre entre la France et la Bretagne. La
ville est prise en 1488. La duchesse Anne de Bretagne épouse le roi de France
Charles VIII, puis Louis XII. Par son contrat de mariage, la Bretagne conserve
une relative indépendance.
Les Temps modernes
Le rattachement à la
France
Le 13 août
1532, le duché de Bretagne est uni aux
possessions de la couronne de France par un acte d’union perpétuelle et
indissoluble promulgué à Nantes. La ville conserve la chambre des comptes de
Bretagne, tandis que le Parlement est transféré à Rennes. La ville connaît un
essor démographique et économique. Le port de Nantes voit transiter vins, sel,
morues. Les Italiens tiennent une place importante dans les activités
commerciales, tels les Monti, les Gondi et les Buonamici qui francisent leur
nom en Bonamy. La ville accueille aussi de nombreux Espagnols. Au milieu du
XVIe siècle, André Ruiz est l’homme le plus riche de la ville. Ils fondent une
association, et fondent une chapelle dans le couvent des Cordeliers pour s’y
faire inhumer. Des Portugais parcourent eux aussi les quartiers nantais. Ils
sont souvent victimes de discriminations, car perçus comme des juifs convertis.
Les guerres de religion
Ville ultra catholique, Nantes soutient le duc de
Mercoeur dans sa lutte contre les protestants. Elle est l’une des dernières
grandes villes à reconnaître l'autorité d'Henri IV.
La promulgation de l’édit de Nantes en 1598 ne correspond pas à l’opinion de la
population.
Commerce
triangulaire et traite négrière
Aux
XVII et XVIIIe siècle, Nantes se développe grâce à ses circuits commerciaux
hérités du Moyen Âge, puis les nouveaux issus des Antilles et d’Amérique. Elle
devient une plaque tournante du sucre, tabac,
chocolat et des esclaves. Entre 1707 et 1711, 75 % des navires négriers en
partent. Au total, au cours du xviiie siècle le port
de Nantes a affrété des navires qui ont embarqué 450 000 Noirs, soit
42 % de la traite française. En 1789, les Nantais demandent le maintien de
l’esclavage.
Enrichissant considérablement certains armateurs, ce
commerce est à l'origine de constructions qui ornent aujourd'hui encore la
ville : théâtre, bourse, places, hôtels particuliers. Les architectes Jean-Baptiste Ceineray
et Mathurin Crucy tracent les quais, les cours, la place royale dans un style
néoclassique. Ce nouvel essor s’accompagne de l’installation de
nouvelles communautés. Les Flamands habitent sur l’île Feydeau, pratiquant le
commerce et la distillation. Les Hollandais travaillent dans les raffineries de
sucre. N'étant pas admis à la Bourse de Nantes du
fait de leur religion, ils tiennent leur propre bourse hebdomadaire sur une
place au bout de l'île Feydeau, l'actuelle place de la Petite Hollande. La
communauté hollandaise de Nantes est frappée par la révocation de l'édit de
Nantes en 1685. Les familles hollandaises quittent la ville. Les autorités
nantaises prennent conscience trop tard du rôle des Hollandais, bien que
protestants, dans le commerce. D’autant plus qu’ils sont remplacés par des
Irlandais catholiques, chassés de leur pays. Ces derniers étant pauvres,
occupent des emplois de manouvriers dans le port ou viennent grossir les rangs
des nécessiteux.
L’Ere industrielle
Dans
les tourments de la Guerre de Vendée
En 1793, la ville sert de base aux armées
bleues républicaines contre les blancs Vendéens, privant ses derniers d’un port
où recevoir l’aide de l’Angleterre. Le 29 juin se déroule la bataille de
Nantes. Les 12.000 gardes républicains présents dans la ville résistent aux
assauts de 30.000 Chouans. Le général des armées vendéennes, Jacques
Cathelineau trouve la mort. En 1796, au autre chef vendéen, de Charrette, est
exécuté place Viarme. D’octobre 1793 à février 1794, la Convention instaure une
politique de terreur. Douze milles personnes sont enfermées dans les prisons de
Nantes. Huit mille d’entre elles sont guillotinées, fusillées ou noyées dans la
Loire.
Une
ville industrielle
Devenue préfecture de la
Loire-Inférieure, Nantes poursuit son développement économique, grâce à
l’activité portuaire et sa production agricole. La ville voit apparaître des
industries agroalimentaires : les biscuiteries Lefèvre-Utile (LU), les conserveries
Saupiquet, le raffinage du sucre Beghin Say, mais aussi le textile et les
engrais.
Grâce aux imprimeries, la presse se
développe avec plusieurs journaux : L’Union
bretonne, Le Phare de la Loire et
l’Espérance du peuple. En 1879, Nantes est la première ville française à se
doter d'un réseau de tramway fonctionnant à l’air comprimé, avant d’être
électrifié en 1911. Il fonctionnera jusqu’en 1958. L’implantation des
industries favorise le développement du syndicalisme et des mouvements de
gauche. Ainsi en 1934, Maurice Thorez pourra lancer de Nantes son appel à
l’union des gauches, préfiguration de la SFIO.
L’époque contemporaine
Domestiquer
la Loire et l’Erdre
Au début de XXe siècle, la ville subit
plusieurs crues. Outre les dégâts matériels, ces inondations ont des
conséquences économiques avec la fermeture d'usines. De 1911 à 1931, elles sont
quasi-annuelles. Dans les années 1930, des comblements sont entrepris autour de
l’île Feydeau, ainsi que celui de la portion de l'Erdre entre son embouchure
sur la Loire et la Préfecture. De grandes
artères rectilignes et bordées d'immeubles haussmanniens apparaissent.
L’occupation
allemande
A partir du 19 juin 1940, les Allemands
prennent possession de la ville. Le 20 octobre 1941, le Feldkommandant Karl Hotz est abattu à proximité de la cathédrale, par un résistant. En
représailles, les Allemands annoncent l’exécution de cinquante otages. 16
d’entre eux sont exécutés le 22 octobre dans le quartier de la Beaujoire. Le
monument aux 50 otages, situé à proximité de la préfecture, évoque leur
mémoire. De Gaulle délivre à la ville la croix de la Libération. Nantes est
l’une des cinq villes françaises obtenant cette distinction.
En septembre 1943, les Alliés bombardent
la ville, afin de détruire les infrastructures industrielles et portuaires,
causant la mort de 1 463 Nantais et la destruction de 700
habitations. Les Allemands quittent la ville le 12 août 1944, avant
l'arrivée des troupes américaines.
La
reconstruction
L’architecte Michel Roux-Spitz a la
charge de reconstruire la ville. Le centre historique est parsemé d'immeubles
modernes. Il est fréquent de voir des bâtiments très anciens en côtoyer
d’autres à l'architecture typique de l'époque de la reconstruction. C’est le
cas de l’Hôtel-Dieu, un imposant édifice en béton, faisant face à l’île
Feydeau. Des quartiers d’HLM se construisent (Bellevue, Dervallières,
Port-Boyer…).
La construction navale est le moteur de
la relance économique. En 1955, les chantiers navals nantais connaissent des
grèves importantes. Les ouvriers de la métallurgie et du bâtiment revendiquent
des augmentations de salaire. Dans les années 1960, la part des chantiers
navals nantais décroît. Ils ne sont plus assez compétitifs face à la
concurrence internationale, jusqu’à disparaître au milieu des années 1980 pour
se focaliser à Saint Nazaire.
Le
renouveau nantais
Dans les années 1980, la ville modernise
ses réseaux de transport et notamment le tramway. Le TGV arrive en 1989. Le
pont de Cheviré permet de franchir la Loire. Dans les années 1990, Nantes
connaît une forte croissance. Elle est la troisième place financière de France.
Son marché est le second plus grand du pays.
L’étalement urbain de Nantes est
important. Il se caractérise comme ailleurs par le développement en périphérie
de quartiers résidentiels avec des constructions relativement basses, de
centres commerciaux, de quartiers tertiaires et d'espaces verts. Nantes possède
une faible densité. La tour de Bretagne domine le centre ville de ses 144m de
haut. Certains bâtiments résidentiels des années 1970, devenus vétustes, sont
démolis.
Les anciens quartiers portuaires sont
rénovés. Des universités, des écoles (beaux-arts, architecture, sciences du
numérique) s’y installent, entourés de bureaux et de résidences étudiantes.
Dans les années 2000, la ville profite des
délocalisations de grandes entreprises parisiennes et des politiques fiscales
avantageuses. 11 000 logements sont mis en chantier, avec à la clef
un doublement du prix du mètre carré neuf qui ont eu du mal à trouver
acquéreur. En 2018, la municipalité ralentit sa politique de logements. Elle
vise plutôt la rénovation écologique des bâtiments existants.
A la fin des années 1960, le mouvement
revendiquant l’appartenance à la Bretagne naît. En 2001 le conseil municipal
reconnaît l'appartenance historique et culturelle de Nantes à la Bretagne, sans
remettre en cause l'administration régionale existante. Elle reconnaît également
le passé négrier de la ville et érige un mémorial.
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