La grotte Chauvet
- Aujourd’hui, je me trouve à Vallon-Pont-d’Arc. Petite commune de
l’Ardèche, Vallon-Pont-d’Arc est un haut lieu de la préhistoire et du tourisme
culturel. Cette petite ville paisible de 2.000 habitants voit sa population
multipliée par dix en été. Son importance touristique provient du fait qu’elle
est le point de départ de la descente des gorges de l'Ardèche. C’est ici que
vivent et Thrigor et Grunka.
A vendre grotte préhistorique de neuf hectares, occupée durant l’Aurignacien (entre -37.000 et -35.000) et l’autre au Gravettien (entre -31.000 et -28.000).
- Bonjour Stéphane.
- Bonjour. Alors c’est ici que vous habitez ? Le cadre est charmant. Pourquoi voulez-vous partir ?
- En 2015, nous avons fait construire une réplique grandeur nature, dénommée Chauvet 2. La société Kleber Rossillon, spécialisée en monuments historiques, la gère par délégation de service public. Tant que nous n’avons pas vendu ici, nous ne pouvons pas emménager.
- Vous êtes dans un logement ancien ?
- Oui très. D’ailleurs, c’est classé aux Monuments historiques depuis 1995 et inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2014.
- Effectivement, cela donne du cachet au bien, mais peut rebuter les acheteurs quant aux travaux et aux démarches administratives à effectuer avec ce type de bien. Combien de visites jusqu’à présent ?
- Les premières visites remontent au 18 décembre 1994. Trois spéléologues amateurs, découvrent la grotte : Jean-Marie Chauvet, agent du Ministère de la Culture, et deux de ses amis Eliette Brunel et Christian Hillaire. Dans les jours à venir, ils visitent la grotte à plusieurs reprises, effectuant des relevés topographiques, des photos et des vidéos. Le 28 décembre, Jean-Marie Chauvet informe la DRAC de Lyon de sa découverte, sans passer par la mairie de Vallon-Pont-d’Arc. Par la suite, seuls les découvreurs, les scientifiques, des officiels, des proches et quelques particuliers sont autorisés à y pénétrer, ce qui représente moins d’une centaine de personnes par an. Nous ne pouvons pas effectuer davantage de visites, afin d'éviter des détériorations identiques à celles de Lascaux.
- Et aucune offre ? C’est qu’il y a un problème. On voit l’intérieur ? Nous voici dans l’entrée. C’est quoi tous ces cailloux par terre ?
- Ce sont des blocs de roches issus de l’effondrement du plafond. Un éboulement a obstrué l’entrée. Il a permis la préservation de l’écosystème de la grotte.
- Vous auriez pu déblayer. Une visite se joue dans les trente premières secondes et bien souvent avec l’entrée. En plus, votre fils a gribouillé sur les parois ? Qu’est-ce que c’est que ces traits blancs ?
- Comment savez-vous que nous avons un fils ?
- Je vois
les empreintes sur le sol. C’est d’ailleurs très rare d’en voir dans une grotte
préhistorique.
- Oui. Notre garçon à huit ans et mesure 1.30 mètres. Il s’est amusé à dessiner à la craie sur les parois des marques blanches avec ses doigts pour imiter les griffures laissées par les ours.
- Comment ça laissées par les ours ?
- Nous sommes en copropriété avec des ours. Nous occupons le logement alternativement, d’où les empreintes au sol et les ossements. Tout se passe très bien.
- Sauf pour la décoration. Je ne suis pas certains que le crâne d’ours déposé sur ce bloc rocheux, ressemblant à un autel, ainsi que les autres crânes et tibias plantés dans le sol qui l’entourent, soient du goût de tout le monde. Tout comme le fait d’être en copropriété. De plus, les peintures à l’ocre rouge représentant des points, des paumes et des signes sur les parois sont spéciales. On continue ? Vous avez un grand espace et avec une belle hauteur sous plafond. Combien de mètres ?
- Entre quinze et trente mètres.
- En revanche, l’espace n’est pas compartimenté. L’acheteur a besoin de se projeter. Il faut assigner une fonction à chaque espace. Et par contre, excusez-moi, mais ça manque de lumière.
- Pour nous éclairer, nous utilisons des foyers que nous disséminons à plusieurs endroits.
- Je doute que cela soit aux normes. C’est tout de même dommage, car vous possédez de sublimes peintures dans les teintes noires, rouges et orangées.
- Oui. Il y en a plusieurs milliers, comptant parmi les plus anciennes au monde. Elles ont été réalisées par de véritables artistes. Les thèmes abordés sont essentiellement animaliers, chose courante dans l’art paléolithique. Sur les 447 représentations d’animaux, on trouve des félins, des mammouths, des rhinocéros laineux, des chevaux, des bisons, des bouquetins, des ours, des aurochs et des mégacéros (cerf gigantesque). Certains animaux sont représentés en couple, cheminant ensemble ou effectuant des joutes amoureuses. Les animaux dangereux et donc non chassés sont davantage représentés ici que dans les grottes plus récentes. Regardez là, sur un pendant rocheux de la Salle du Fond. Un couple mi-humain mi-animal est représenté. Il s’agit de l’unique représentation anthropomorphe de la grotte. L'homme possède une tête de bison, évoquant les sorciers portant des masques à la manière des chamanes sibériens. La femme est représentée dans sa moitié inférieure essentiellement par un sexe. La signification de cette peinture demeure mystérieuse. Il est clair que les artistes maitrisent des techniques diversifiées. Ils préparent leurs supports, savent graver, faire des tracés digitaux et palmaires, créer de la perspective et utiliser l’estompe. Ils parviennent à générer l’illusion du mouvement en superposant des images similaires. Leurs œuvres démontrent qu’ils pensent leurs dessins avant de les réaliser. Ces peintures ont remis en cause l’idée d’un art préhistorique évoluant très lentement et de manière linéaire. Grâce à elle, les historiens et les scientifiques admettent que l'art préhistorique ne doit plus être lu comme un mouvement historique linéaire durant lequel les hommes auraient acquis des connaissances et des techniques de plus en plus complexes.
- Bien. J’ai vu ce que je voulais. Maintenant, je vais étudier la question avec Sophie. Voir ce qu’il est possible de faire en termes de travaux et de home-staging et je reviens très vite vers vous.
Sources
Texte : Visite guidée de la grotte Chauvet effectuée
en août 2020
Image : franceculture.fr
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