La Grande Bibliothèque
Une bibliothèque est un hôpital pour l’esprit.
Inscription
supposée ayant figurée sur les murs de la bibliothèque
Localisation : Alexandrie - Egypte
Date : -288
Destruction :
642
Reconstruction :
2002
Architecte : inconnu
L’essentiel
Ptolémée Ier souhaite qu’Alexandrie devienne la capitale culturelle
du monde. A l’instigation de Démétrios de Phalère, disciple d’Aristote, il
fonde le Musée qui abrite la Bibliothèque sur le modèle athénien. Le complexe
se situe dans le quartier du Bruchium
près des palais royaux. C’est un lieu d’étude comprenant des espaces de
conférence, des jardins, un zoo, des sanctuaires dédiés aux muses, ainsi que la
bibliothèque elle-même. Une succursale de la Bibliothèque est également créée
et adossée au temple de Sérapis.
Une centaine de savants, poètes, philosophes et chercheurs
vivent à plein temps en résidence au musée pour effectuer des recherches,
écrire, donner des conférences ou traduire et copier des documents. Ils sont
logés et nourris gratuitement. Ils ne payent pas d’impôts et perçoivent une
bourse.
Les souverains ptolémaïques souhaitent que la Bibliothèque
réunisse toutes les connaissances du monde. La constitution des fonds s’opère
par achats, saisie et ruse. Des agents sont envoyés avec des sommes d’argent
pour acheter autant de textes que possible. Ptolémée II ordonne que tous les
livres, transportés sur les navires faisant escale à Alexandrie, soient
transmis à la Bibliothèque. Des scribes les recopient. L’original demeure à
Alexandrie, tandis que la copie est rendue au navire. Ainsi, la Bibliothèque abrite
plus d’un demi-million de documents provenant d’Assyrie, de Grèce, de Perse,
d’Égypte et d’Inde. Ils sont entreposés à l’intérieur de niches creusées dans
les murs. Des catalogues les référencent. Ils comprennent des informations
biographiques sur l’auteur et des notices bibliographiques. Néanmoins, ils ne
donnent pas d’indication sur le nombre d’exemplaires, ni sur leur emplacement.
Ce système est repris pas les bibliothèques en Grèce et perdurent sous l’empire
byzantin.
Une attention toute particulière est accordée à l'édition des
grands classiques de la littérature grecque, afin de proposer une édition du
texte la plus fidèle possible. C'est également au sein de la Bibliothèque que
fut traduit en grec le Pentateuque hébreu, donnant naissance à la Septante. Selon la légende, six représentants de chaque tribu juive
s'enfermèrent sur l'île de Pharos, durant 72 jours, pour accomplir
cette traduction.
Le déclin de la Bibliothèque débute un siècle après sa
création. Face à des difficultés économiques et sociales, les souverains ne
consacrent plus autant de ressources au projet. Ptolémée VIII mène une
politique de persécution contre l’élite intellectuelle d’Alexandrie. Il exile
les savants. Le savoir se dispersent autour la Méditerranée et notamment à
Pergame. Le prestigieux poste de directeur échoie à des militaires, qui n’ont
que faire de la gestion de ce lieu culturel. Certains ouvrages sont emmenés ou
détruits.
La Bibliothèque connait une première destruction en -47, lors
du conflit entre César et Pompée qui s’est réfugié à Alexandrie. César ordonne
d’incendier les navires du port. Le feu se propage dans la ville et détruit un
entrepôt de parchemins appartenant à la Bibliothèque. Elle-même n’est pas
touchée par cet incendie. En revanche, elle subit d’importants dégâts en 272,
lors du conflit opposant l’empereur Aurélien et la reine Zénobie de Palmyre. Un
siècle plus tard, le patriarche d’Alexandrie, Théophile convertit les temples
en église. Le temple de Sérapis, qui contient un dixième des collections, est
vidé. Le coup de grâce a lieu au VIIe siècle lors de la conquête arabe.
Néanmoins, les récits de la destruction de la Bibliothèque par le calife Omar
ibn al-Khattab datent de plusieurs siècles après les faits. De plus, ils sont
l’œuvre de chrétiens et auraient pour objectif de discréditer les Arabes en les
présentant comme des ennemis de la culture. A priori, la Bibliothèque
n’existerait déjà plus au moment de la conquête, détruite par un incendie.
Cependant, les sources manquent pour étayer cette hypothèse.
Une nouvelle grande bibliothèque est inaugurée en 2002.
Financée en partie par l’UNESCO, elle se situe sur l’emplacement de son
ancêtre. Elle contient trois musées, cinq instituts de recherche, des salles
d’exposition et offre la plus grande salle de lecture au monde. En revanche avec
seulement huit millions d’ouvrages, elle fait figure de parent pauvre à
l’échelle mondiale et par rapport à la renommée de son ancêtre. Elle est
devancée par la bibliothèque du Congrès à Washington (34 millions d’ouvrage) et
la Bibliothèque Nationale de France à Paris (20 millions d’ouvrages).
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