Les Moaï de l'île de Pâques
Laissons à
l’île ses conversations et aux Moaï leurs secrets.
Chantal Couliou
Localisation : Ile de Pâques - Chili
Date : XIIIe siècle
Architecte : les Pascuans
L’essentiel
L’île de Pâques comporte 887 moaï. Tous ne sont pas en bon état. En
effet, certains demeurent inachevés, tandis que la plupart se sont écroulés.
Les séismes, les tsunamis, la christianisation, le développement de pratiques
agricoles ont mis à mal ces géants de pierre.
La majorité des moaï sont sculptés dans du tuf issu du
volcan Rano Raraku. Leur taille varie de deux à neuf mètres. Les plus grosses
statues pèsent jusqu’à 80 tonnes. Il semble que les premiers moaï
sculptés au XIIIe siècle
présentent une taille et une morphologie humaine. Ils deviennent plus imposants
au fil des siècles. Ces monolithes possèdent des yeux blancs en corail et des
iris noirs en obsidiennes ou rouges en tuf volcanique. Ils regardent
l’intérieur de l’île, à l’exception de l’Akivi
qui tourne son regard vers l’océan. Ils portent une coiffe, appelée le pukao, fabriqué en tuf rouge. Le dos
présente des pétroglyphes (gravures sur pierre), dont la signification demeure
un mystère. Les statues représentant une femme ont souvent le ventre gonflé et
les mains posées sur le nombril, signe de fertilité. Les moaï sont installés sur des ahu,
des plateformes cérémonielles.
Les raisons pour lesquelles les Matamua (premier peuple de l’île)
augmentent la taille de leurs statues demeurent inconnues. La taille et le
poids ont suscité plusieurs théories. Nombre d’entre elles partent du principe
que les Matamua seraient incapables
de les réaliser. Ils auraient bénéficié d’aides extérieures : des Incas,
des Egyptiens, des Atlantes ou des extra-terrestres. Les fouilles
archéologiques ont prouvé que les statues sont fabriquées sur l’île. Elles ne
provenaient pas d’un autre endroit. En effet, leur transport nécessiterait
d’imposants vaisseaux. De plus, aucun moaï
n’a été retrouvé au fond de l’océan. Pourtant les courants sont forts autour de
l’île de Pâques.
Deux hypothèses s’affrontent pour
la construction des moaï. La première
consiste à dire que les ouvriers taillent le bloc dans la masse du roc, sans
détacher le dos de la paroi. Le bloc est dégrossi sur la face avant. Ensuite,
ils sculptent les détails morphologiques. Une fois ces opérations achevées, le
bloc est détaché de la paroi en taillant le dos de la statue. La seconde
hypothèse consiste à dire que la statue n’est sculptée qu’à son emplacement
définitif. Les Pascuans n’auraient pas pris le risque de briser le moaï durant le transport.
Quoiqu’il en soit pour rejoindre
son emplacement, le moaï glisse sur
un traîneau qui roule sur des pierres rondes jusqu’à un trou. Pour le
redresser, les Pascuans érigent une rampe de pierres pour tirer la statue en
avant. Puis, ils soulèvent la tête grâce à des leviers de rondins. Dans
l’espace créé, les ouvriers glissent des pierres maintenant la tête de la
statue. Elle est ainsi élevée au fur et à mesure jusqu’à sa position verticale.
Après avoir été installé sur son ahu, le moaï est paré de ses « yeux ».
Les reconstitutions établissent
qu’une année est nécessaire pour constituer une statue de taille moyenne et que
soixante personnes peuvent déplacer des blocs de douze tonnes jusqu’à quatorze
kilomètres.
Les moaï sont l’effigie du culte des ancêtres. Les Matamua
affirment descendre du premier roi mythique Hotu Matu’a. L’extraction de ces
effigies cesse au XVIIe siècle en raison du remplacement du culte des ancêtres
par celui du dieu Make-make et du
rituel du Tangata manu l'« homme-oiseau ».
On ignore les raisons de ce changement religieux. Est-il le résultat de guerre
de clans ou de conflits sociaux causé par la baisse de ressource en bois ou de
problèmes climatiques ? Au XIXe siècle, la quasi-extermination de la
population et son remplacement par des polynésiens évangélisés fit disparaître
toute trace des anciens cultes.
Par leur côté spectaculaire et
mystérieux, les statues de l’île de Pâques ont acquis une renommée
internationale. Dix ont quitté leur île natale. La plupart a été transféré au
Chili, mais on en trouve dans les musées de Londres, Bruxelles, Washington et
Paris. La France possède trois têtes de moaï :
deux au Louvre et une au musée du quai Branly. Les moaï constituent une illustration des prouesses de la civilisation
humaine.
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