Cahiers de doléances
En 2019, René Marcy se
rend à la mairie de sa commune pour faire part de ses revendications dans les
cahiers mis à la disposition des citoyens à l’occasion du grand débat. 230 ans
plus tôt, son aïeul Jean-Louis effectue la même démarche au même endroit.
Dans les deux cas, ces
cahiers permettent d’exprimer des attentes, mais aussi de formuler indignations
et colères. Ils contiennent nombre de paragraphes sur la fiscalité. Néanmoins,
les similitudes s’arrêtent là.
Le Président Macron n’a
sciemment pas employé le vocabulaire de l’Ancien régime. Il les a nommées les
cahiers de droits et devoirs. Il ne souhaite pas se retrouver dans le rôle d’un
souverain qui peut donner des choses. L’idée c’est de faire des propositions,
de partager des choses. En 1789, rien de tel. Les cahiers de doléances
n’obligent pas à répondre à des questions énoncées par l’Etat. Leur rédaction
s’accompagne d’un processus électoral. Il s’agit d’indiquer une ligne de
conduite aux députés envoyés à Versailles pour les Etats généraux. Pour
préparer cet évènement la noblesse et le clergé se réunissent en assemblées
distinctes au niveau du baillage. Pour le Tiers-Etat, la procédure est
complexe. Après avoir consulté les habitants des villes et villages, ses
représentants se réunissent au chef-lieu du baillage où ils synthétisent leurs
doléances et choisissent leurs députés. Les Français envoient à Versailles des
revendications et des personnes pour les défendre.
Les cahiers de
doléances rassemblent les souhaits exprimés par les trois ordres de la société
d’Ancien régime (Noblesse, Clergé, Tiers-Etat) en vue de la réunion des États-généraux convoqués par le roi. Ils créent un lien direct entre le roi et
ses sujets. Le clergé s’inquiète des atteintes aux mœurs et au repos dominical.
Les nobles sont attachés à leurs privilèges honorifiques. Les campagnes
protestent contre les seigneurs, les intendants, la fiscalité. Les villes
s’intéressent à la question du commerce, aux réglementations et à la gestion du
royaume. Les cahiers synthétisent des attentes collectives, celles de corps
professionnels et de catégories sociales. L’individu n’apparait pas. C’est une
grande différence avec les cahiers de 2019, qui ressemblent à des catalogues de
revendications individuelles.
Pour être honnête, les
cahiers de doléances de 1789 ressemblent davantage aux compte-rendus des
réunions du grand débat. Néanmoins, les membres de la famille Marcy ressortent
des hôtels de ville avec le sentiment du devoir accompli.
Sources
Texte :
LEUWERS. Hervé, « L’étrange retour des cahiers de doléances », Historia, n°868, avril 2019, pp55-58
Image :
http://www.histoire-en-questions.fr/revolution-1789/1789-cahiers-doleances-nombre.html
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