La reddition d’Appomattox
Le 3 avril 1865, alors que les forces fédérales
investissent Petersburg et la capitale Richmond, Ulysse Grant découvre que
Robert Lee et son armée se sont enfuis. Il ordonne à ses troupes de les
poursuivre et de les intercepter avant qu’ils ne rejoignent les forces de Johnston.
La cavalerie de Philip Sheridan ouvre la marche. De son côté, Lee pense avoir
des chances raisonnables de voir son plan réussir, mais c’est sans compter sur
deux éléments. Tout d’abord, les réservistes et les marins privés de navires,
ne sont pas des fantassins chevronnés habitués aux longues marches. Ensuite, le
ravitaillement demandé en armes et nourriture n’a pas pu être assuré. De ce
fait, ses hommes passent la journée du 4 avril à battre la campagne. Les
Confédérés se remettent en route le lendemain. En début d’après-midi, les
hommes de James Longstreet affrontent quelques bataillons ennemis. Sheridan et
ses cavaliers arrivent en renfort, mettant en déroute les Rebelles. Constatant
que la route du Sud est coupée, Lee est contraint de trouver un autre chemin.
Les Sudistes progressent le long de la rivière
Appomattox. Sheridan tente de les doubler pour leur barrer la route, tandis que
George Meade les talonne par l’arrière. Le 8 avril, les deux armées se pressent
pour investir Appomattox Station. Grâce à cette gare, les Sudistes pourraient
assurer leur ravitaillement et partir au Sud vers Lynchburg. A ce jeu, les
Nordistes sont plus rapides. George Custer met en déroute les bataillons
sudistes présents permettant ainsi à Sheridan d’investir les lieux dans la
soirée et de détruire les wagons de ravitaillement. Lee n’a plus que deux
options : forcer le passage ou se rendre. Le Virginien n’est pas encore
prêt à renoncer. Il lui suffirait simplement de créer une brèche assez
longtemps pour passer.
Le 9 avril aux alentours de 5 heures, les Confédérés
lancent l’assaut. Ils sont surpris car ils pensaient trouver les cavaliers de
Sheridan. Or ceux-ci ont été rejoints dans la nuit par plusieurs corps
d’infanterie. Les Nordistes tiennent leurs positions et repoussent cette
attaque de la dernière chance. Face à l’impossibilité de s’échapper du piège,
Lee n’a plus le choix. Il lui faut présenter sa reddition et celle de son armée
pour éviter de nouvelles et inutiles effusions de sang. Il rédige un courrier à
Grant le sondant sur les conditions d’un armistice. Contrairement à son
habitude, le Nordiste ne demande pas une capitulation inconditionnelle et d’un
ton aimable répond qu’il est prêt à négocier.
Dans la journée, Grant se rend à Appomattox Court
House. Lee a pris ses quartiers dans la riche demeure de Wilmer McLean. Le
Nordiste pénètre dans le spacieux salon et salue son adversaire.
- Je vous ai rencontré alors que nous servions
au Mexique quand vous êtes venu au QG du général Scott pour passer en revue la brigade
de Garland à laquelle j’appartenais. Je ne vous ai jamais oublié et je pense
que je vous aurais reconnu n’importe où.
- Oui. Je sais que je vous ai rencontré à cette
occasion et j’y ai souvent pensé en cherchant à me rappeler à quoi vous ressembliez,
mais j’étais incapable de me souvenir d’un seul détail. »
Lee, avec son mètre quatre-vingt et sa prestance ne
passe jamais inaperçu. Grant, plutôt petit, moins distingué, souffrant d’une
migraine, ne parait pas être le vainqueur. Aux sollicitations du général
sudiste, Grant répond que les hommes qui se rendraient seraient libérés en
échange de leur promesse de ne pas reprendre les armes. En revanche, tout le
matériel de guerre doit lui être livré. Seuls les chevaux pourront être
conservés par leur propriétaire.
Une fois les conditions fixées, Lee signe la reddition
et prend congé de son homologue. A peine a-t-il quitté la pièce que les
officiers nordistes négocient avec
McLean pour acheter son mobilier ou des objets en souvenir de ce moment
historique. Sheridan achète vingt dollars la table sur laquelle Lee vient de
signer l’acte de reddition. Plus tard, il l’offrira à Custer en cadeau de
mariage. Deux jours plus tard, Grant remet le document au président Lincoln,
ayant pris ses appartements dans l’ancien bureau de Jefferson Davis à Richmond.
Le 12 avril, les Sudistes déposent
leurs armes. Selon les directives de Grant, la cérémonie se déroule dans un
climat de respect et de courtoisie. En effet, le général nordiste a interdit
toutes manifestations de joie à ses troupes. Pour lui, la guerre étant finie,
les rebelles sont redevenus des concitoyens. S’abstenir de toutes
manifestations est la preuve de la volonté du Nord de se réunir. A l’inverse,
les populations civiles se livrent à de véritables scènes de liesse.
De nos jours, le 9 avril est considéré comme date
officielle de fin de la guerre, alors que des combats perdurent jusqu’au 28 juin
1865 et que Jefferson Davis n’est capturé à Irminville,
puis incarcéré au fort Monroe début mai. Cela montre l’importance militaire et
symbolique de l’armée de Lee et du front virginien. La reddition de Lee
convainc la majorité des Sudistes que la guerre s’achevait par leur défaite.
Sources :
Texte :
- Mc PHERSON James, La Guerre de Sécession, Robert
Laffont, Paris, 1991, 952p.
- KEEGAN John, La Guerre de Sécession, Perrin, Paris, 2013
- DOOM Logan, « Le siège de Petersburg et la
campagne de l’Appomattox», 26 août 2017, https://laguerredesecession.wordpress.com/2017/08/26/le-siege-de-petersburg-et-la-campagne-de-lappomattox/
Image : http://aujourdhui.over-blog.fr/2015/04/9-avril-1865-appomattox-fin-de-la-guerre-de-secession.html
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