Le siège de Petersburg






En juin 1864, Ulysse Grant a amené son armée aux portes de Petersburg en Virginie. La ville constitue un carrefour ferroviaire primordial pour l’approvisionnement de l’armée confédérée. Le général Pierre Beauregard commande la garnison forte de 2.500 hommes. Robert Lee organise sa défense pour ne pas perdre cette position stratégique et salutaire. Néanmoins, il ne peut assigner l’intégralité de son armée à cette tâche. En effet, il doit en même temps assurer la défense de la capitale Richmond, située plus au Nord, pour des raisons politiques. Ainsi sa ligne de front s’étend sur 65 kilomètres. Il dispose d’environ 54.000 hommes, dont 14.000 à Petersburg. Fin mars, il lance plusieurs attaques pour percer le front et permettre aux forces de Johnston présentes en Caroline du Nord, de le rejoindre. Son plan échoue. De son côté, Grant dispose d’environ 107.000 hommes sous les commandements de George Meade, Benjamin Butler, Ambrose Burnside. Son armée sera renforcée plus tard par la cavalerie de Philip Sheridan revenue de la vallée de la Shenandoah et l’armée de William Sherman arrivant de Géorgie.

Au cours des mois de mai et juin, les nombreux assauts nordistes se brisent sur les puissantes fortifications. La violence des combats choque à tel point les troupes, que celles-ci refusent de repartir au combat dans l’immédiat. La situation bascule dans une guerre de position présentant des systèmes de tranchées et de bunkers que l’Europe connaitra cinquante ans plus tard. Grant et Meade élaborent un nouveau plan. Ils vont étirer leurs propres lignes afin de couper les voies d’approvisionnement et forcer Lee à combattre sur plusieurs endroits à la fois, ceci dans le but d’affaiblir ses positions. Ainsi dans la seconde moitié du mois de juin, les Fédéraux lancent des raids pour s’emparer des voies de chemin de fer. Les cavaliers causent d’importants dommages, mais ne parviennent pas s’emparer des lignes de chemin de fer. En revanche, les fantassins réussissent à étendre la ligne de front et à monopoliser des unités ennemies.

Alors que le siège piétine, Burnside soumet un plan audacieux à Grant. Le colonel Henry Pleasants, originaire d’une région minière, propose de creuser un tunnel conduisant au-dessous d’un bastion confédéré, puis de faire exploser la zone à grands renforts d’explosifs pour créer une brèche par laquelle s’engouffrer. Les travaux débutent le 25 juin. En l’espace d’un mois, ses hommes creusent un tunnel de 150 mètres, sans former de puits de ventilation, car ceux-ci déboucheraient dans le no man’s land. Quatre tonnes de poudre sont entreposées au bout de la galerie. Pendant les travaux, une division composée de soldats noirs se prépare pour l’assaut. Burnside a sélectionné cette unité car elle a suivi un entrainement spécifique. Cependant la veille de l’attaque, Burnside reçoit l’ordre de Meade de remplacer la division par une autre. Le haut commandement craint qu’en cas d’échec, il soit accusé d’avoir fait massacrer des soldats noirs. Au matin du 30 juillet, l’explosion retentit, creusant un énorme cratère de 60 mètres sur 20 et profond de 10. L’artillerie fédérale ouvre le feu pour supporter l’attaque de l’infanterie qui avance. Les soldats remplaçants, non-préparés, n’étendent pas la brèche en attaquant les flancs. Ils se ruent dans le cratère dans lequel ils se retrouvent coincés. Il y a 10 000 hommes compressés les uns sur les autres. Ils représentant une cible parfaite pour les artilleurs et les fantassins sudistes qui les surplombent. Ces derniers opèrent un véritable carnage. Vers 9h30, Grant ordonne la retraite. Après la bataille du cratère, Burnside est relevé de son commandement et les hommes sont à nouveau démoralisés.

Le mois suivant, Grant reprend sa stratégie d’étirement de la ligne de front et de raids sur les voies de communication. En même temps, il est bien décidé à mettre la pression sur les défenses de Petersburg pour forcer Lee à ne pas envoyer des troupes dans la vallée de la Shenandoah. Ainsi, il lance plusieurs attaques dans certaines parties du front.
Le 16 août, les Nordistes attaquent à Deep Bottom. Lee dépêche des renforts pour les repousser. Grant ne fait pas replier ses troupes pour faire croire à une seconde attaque dans ce secteur. En réalité, il déclenche une attaque dans un autre secteur près de la Weldon Railroad à Globe Tavern, le 18 août. Cette fois, c’est Beauregard qui doit envoyer des renforts pour ne pas perdre cette voie de communication. Le 19, les troupes d’Ambrose Hill se joignent à celles de Beauregard. Les tuniques bleues tiennent. Les Rebelles sont contraints de l’abandonner. Immédiatement, Lee organise des convois de chariots pour le ravitaillement.
En septembre, Butler lance un nouvel assaut au nord de la James River pour atteindre Richmond. L’objectif est de forcer Lee à retirer le plus de forces possibles de la région de Petersburg pour les redéployer dans la capitale. Le 29 septembre, l’Union s’empare du Fort Harison. Conscient de la grande importance de cette position pour sa ligne défensive, Lee se déplace en personne sur le front pour organiser la contre-attaque. Il déplace 10.000 hommes de Petersburg. Seulement après deux échecs, il se résout à abandonner le fort. Grant en profite pour frapper à l’autre extrémité de la ligne de front. Le 30 septembre, les Fédéraux s’emparent du fort Archer. L’Union a réussi à gagner du terrain au sud de Petersburg.
Grant souhaite porter un dernier coup de boutoir avant que l’hiver s’installe. Le 27 octobre, Meade lance une opération devant couper la route de Boydton Plank qui relie Petersburg à la partie de la Weldon Railroad encore utilisable par les Sudistes. Ces derniers réussissent à tenir en échec leurs adversaires. La seconde tentative unioniste se déroule le 5 février. Cette fois, les tuniques bleues ne rencontrent aucune résistance. Les Sudistes n’ont pas anticipé cette manœuvre, surtout dans des conditions météorologiques mauvaises.

Lee en arrive à la conclusion que sa seule chance de poursuivre la guerre réside dans l’abandon de Richmond et Petersburg et de rejoindre les troupes de Johnston en Géorgie. Néanmoins, la météo et l’état des routes ne permettent pas encore d’effectuer une retraite rapide. Le plan de Lee consiste à créer une diversion au centre du dispositif de fortification nordiste à l’est de Petersburg, afin de poser une menace directe contre City Point, la base opérationnelle de l’Armée fédérale. Ainsi, Grant se verrait contraint de puiser des forces sur son flanc gauche pour contrer cette menace. Il ouvrirait une porte pour pouvoir s’échapper.
Le 25 mars à 4 heures du matin, John Gordon déclenche l’attaque. Surpris, les fédéraux perdent le Fort Stedman et ses canons. Cependant, une fois l’effet de surprise estompé, les tuniques bleues tiennent le reste des positions sans avoir besoin de renfort. Vers 8 heures, conscient que son plan vient d’échouer, Lee ordonne la retraite. Grant saisit l’occasion et ordonne de monter à l’assaut des lignes sudistes présentes au sud de Petersburg. Le 29 mars, ses soldats s’emparent des positions retranchées sudistes. La victoire de Five Forks prive Lee d’environ un cinquième de ses forces.

Maintenant, Grant juge que les défenses de Petersburg sont suffisamment affaiblies pour tenter un assaut. Lee prévient Jefferson Davis de commencer l’évacuation de la capitale. Au matin du 2 avril, l’ensemble des forces présentes face à Petersburg montent à l’assaut. Lee espère pouvoir résister jusqu’à la nuit pour faire quitter Richmond et Petersburg à son armée à la faveur de l’obscurité. Une fois la première vague passée, l’attaque fédérale commence à perdre son organisation et ralentit. Finalement, les Nordistes n’avancent plus. Dès 8 heures du soir, Lee, Longstreet et Gordon évacuent Petersburg. Le reste des troupes suivent à minuit. Les bombardements couvrent le bruit des mouvements. A l’aube, les Fédérés investissent les lieux en moins d’une heure. Grant comprend que Lee s’est échappé et se lance à sa poursuite.

Sources :
Texte :
- Mc PHERSON James, La Guerre de Sécession, Robert Laffont, Paris, 1991, 952p.
- KEEGAN John, La Guerre de Sécession, Perrin, Paris, 2013
- DOOM Logan, « Le siège de Petersburg et la campagne de l’Appomattox», 26 août 2017, https://laguerredesecession.wordpress.com/2017/08/26/le-siege-de-petersburg-et-la-campagne-de-lappomattox/

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