La funeste marche de Sherman




Après la prise d’Atlanta, le général sudiste John Hood établit son camp à Palmetto station située à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de la ville. Dans un premier temps, il se contente d’attaquer les lignes de ravitaillement fédérales pour contraindre William Sherman à se replier. Ce dernier dépêche des unités pour défendre les voies ferrées. Le 5 octobre 1864, les deux armées s’affrontent à Allotoona. Ensuite, Hood se dirige vers l’Ouest jusqu’à Resaca. A chaque fois, les Sudistes causent des dégâts et parviennent à s’échapper. Sherman réussit à le stopper à Florence en Alabama.
Sherman comprend que poursuivre Hood pour l’anéantir revient à rendre le terrain conquis. Il sait que le Sudiste ne peut pas mener de grandes batailles. De plus, protéger les voies ferrées ralentirait sa marche tout en accaparant beaucoup d’hommes.  Finalement, il décide de laisser Hood le harceler dans son dos et de reprendre sa marche. Il laisse George Thomas à l’arrière avec 60.000 hommes (contre 40.000 pour Hood). Au pire, il compte vivre sur le pays. Par ailleurs, Jefferson Davis ne pourra pas laisser une armée ennemie s’enfoncer dans la Confédération sans réagir. Après avoir réorganisé son armée, il reprend sa route vers l’Est avec 65.000 hommes. Les deux adversaires se tournent le dos.

Le but de Sherman est de rejoindre Ulysse Grant en Virginie. Pour le réaliser, il projette de conquérir Savannah pour y établir une nouvelle base et utiliser la mer pour le transport des troupes. Les ordres de Sherman à ses troupes sont clairs : « Détruisez tout ! Je vous rappelle que nous combattons contre des soldats, mais aussi contre une  population. Il faut rendre la guerre si épouvantable à leurs yeux qu’ils demanderont la paix. » Certains soldats nordistes laissés libre volent dans les fermes, les plantations et jusque dans les cases des esclaves tout ce qui leur plait. On les appelle les rafleurs. Ils brûlent tout ce qu’ils ne peuvent pas emporter et peut être utile à l’ennemi.
Ayant laissé Hood derrière lui, Sherman rencontre peu de résistance sur la route de Savannah. Pour défendre la Géorgie, Wheeler dispose d’à peine 7.000 hommes mal équipés et sous-entraînés. Le 10 décembre, Sherman arrive à Savannah. Les forts la défendant sont conquis. La garnison abandonne la ville sans combattre. Le 21 décembre, Sherman y pénètre et télégraphie à Lincoln : « voici mon cadeau de Noël pour vous M. le Président ».
Pendant ce temps, Hood n’a pas suivi Sherman. Il décide de tenter une percée dans le Tennessee. A Nashville, le général George Thomas l’attend. Du 24 au 27 novembre 1864, les Confédérés affrontent l’avant-garde nordiste à Columbia. Les tuniques bleues tiennent leurs positions le plus longtemps possible avant de se replier. Bien que victorieux, Hood voit son armée amputée de 7.000 hommes. Le 15 décembre, Thomas quitte Nashville pour l’affronter. En deux jours, il déloge les Rebelles de leurs positions et les refoule jusqu’à Tupelo. Suite à cet échec, Hood donne sa démission.

Au début du mois de février 1865, Sherman quitte Savannah et pénètre en Caroline du Sud. Les Nordistes souhaitent se venger de cet Etat, qu’ils jugent responsable de la sécession. « C’est ici que la trahison a débuté et c’est ici qu’elle finira ! » scandent nombre d’entre-eux. Des villages entiers s’envolent en fumée.
En février, Joseph Johnston est nommé commandant de l’armée de Caroline avec pour mission de stopper Sherman. Le reste des troupes de Hood lui sont rattachées.  Il délaisse Columbia la capitale pour se focaliser sur la défense du port de Charleston et les manufactures d’Augusta. Le 17 février à leur arrivée, les Nordistes découvrent Augusta en flamme. Des balles de coton sont à l’origine de l’incendie. En revanche, les auteurs demeurent incertains. Néanmoins, les Fédérés ne font rien pour endiguer les flammes.
En mars 1865, le général Conly pénètre dans l’Alabama par Mobile, pendant que James Wilson et ses cavaliers détruisent les usines d’armement de Selma et s’emparent de la capitale Montgomery. Au passage, ils incendient les plantations de coton, les fermes, les ports et les voies ferrées.
Ensuite, Sherman envahit la Caroline du Nord. Les Fédérés traversent 36 marias et franchissent 14 rivières. Ils parcourent une région remplie de fleuves que les pluies continuelles de l’hiver ont fait grossir. Les ingénieurs de Sherman construisent de manière admirable des ponts mobiles. Johnston déploie une armée de 20.000 hommes à La Fayette pour le stopper. Le 19 mars 1865, les Nordistes forcent le passage. Johnston n’a pas les moyens de stopper la marche de Sherman. Ce dernier en est bien conscient et ne se préoccupe guère de son ennemi. Son objectif demeure la jonction avec Grant pour prendre Richmond et écraser Robert Lee. Deux semaines plus tard, Sherman retrouve Grant en Virginie. En deux mois, Sherman a parcouru 700 km et met un terme à la rébellion en Géorgie et dans les deux Carolines.

Sources
Texte :
- Mc PHERSON James, La Guerre de Sécession, Robert Laffont, Paris, 1991, 952p.
- KEEGAN John, La Guerre de Sécession, Perrin, Paris, 2013
- MILLET Olivier, « La marche à la mer de Sherman », article publié sur civil-war-unifomres.over-blog.com, le 25 octobre 2013.
Image : Gravure datant de 1865 par Alexander Hay Ritchie présentant la Marche de Sheman vers la mer, wikipédia.fr


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