La barbe : une histoire pas rasoir
La barbe possède un aspect
esthétique. Elle peut servir à cacher un bouton, une cicatrice, une
malformation. A l’instar de François Ier qui se laisse pousser la barbe pour
dissimuler une cicatrice sur sa joue. Mais derrière cet aspect physique, la
barbe donne des renseignements sur l’image de l’homme et des sociétés.
La barbe est le symbole de
masculinité et de la virilité. Ne dit-on pas que la barbe est à l’homme ce que
les cheveux longs sont à la femme ? La barbe est un signe de fécondité. La
pilosité marque l’entrée pour l’adolescent dans la puberté. Plus la barbe est
fournie plus l’homme avance dans sa vie et est supposé être respectable. En ce
sens, elle a longtemps été associée au pouvoir et à l’autorité et l’est encore
dans certaines parties du monde de nos jours. De nombreuses figures d’autorité
portent la barbe : les dieux grecs, Dieu, les prophètes (Moïse, Jésus,
Mahomet), les empereurs (Charlemagne est surnommé l’empereur à la barbe
fleurie), des rois Sumériens et Egyptiens aux rois de la Renaissance. Dans
de nombreuses sociétés où celle-ci est portée, s’attaquer aux barbes peut être
considéré comme une insulte ou une lutte. Ainsi lorsque Pierre Ier revient de
son voyage en Europe, il instaure la mode occidentale en se rasant. Il se heurte
aux réticences de l’aristocratie et du clergé.
En effet, les religions sont
souvent des défenseurs de la barbe. Le judaïsme se fonde sur le Lévitique pour
interdire le rasage. L’islam repousse le rasage, tandis que l’épilation du
corps fait partie des obligations. Le visage doit rester barbu. En revanche, la
barbe divise la chrétienté. Les orthodoxes affichent de longues barbes à
l’image de Dieu. Le clergé catholique est tenu au rasage. Les moines et les
prêtres doivent sacrifier leur barbe et porter la tonsure en signe de
renoncement au monde et d’humilité. Il y a aussi des raisons pratiques, afin de
ne pas laisser de poils dans le calice.
Ainsi, les Européens sont surpris
de constater que les Africains et les Amérindiens s’épilent pour se
différencier de l’animal. Le manque de pilosité a permis de les féminiser et de
les rendre moins virils donc moins forts que les Européens et a servi de
justification physique pour leur asservissement.
On touche à un autre aspect de la
barbe. En effet dans certaines sociétés ou civilisations, elle est associée à
la sauvagerie. Pour les Romains, qui sont rasés, la pilosité faciale est associée
à la barbarie et à la débauche. Les Germains sévissant sur le limès sont
barbus. Dans les cas de société où la barbe n’a plus la cote, elle peut devenir
un symbole de rébellion, de contestation ou de révolution. Pensons à la barbichette
de Trotski, à la moustache de Staline, la barbe de Fidel Castro ou de Che
Guevara.
La barbe est aussi un objet de
mode. Devenu un objet trop commun au XXe siècle, elle se ringardise. Cependant
la mode est cyclique et la barbe regagne nos sociétés : les hommes
arborent une barbe naissante. Les hipsters affichent une barbe plus fournie
pour marquer leur appartenance à ce groupe.
Ainsi, la barbe est un objet riche regroupant des aspects
esthétiques, religieux, culturels et de mode.
Sources
Texte :
LE GALL Jean-Marie, « La barbe en avoir ou pas », Historia, n°841, janvier 2017, pp50-55.
Image :
http://www.pilloledistoria.it/wp-content/uploads/2014/04/original.jpg
Bon article sur la barbe. Une petite erreur cependant:Charlemagne ne portait pas la barbe! Seulement la moustache. Il était surnommé l'Empereur à la barbe "FLORIE", mot qui, en Français de l'époque signifiait "blanc".
RépondreSupprimerD'ailleurs une mosaique au Latran à Rome le représente SANS barbe en compagnie du pape et de l'empereur d'Allemagne.
Bien à vous,
Je pense que vous avez exagéré un peu, je ne pense pas que de se raser la barbe a un quelconque rapport avec le manque de virilité des africains ou la perception des européens vis à vis d'eux.
RépondreSupprimerMerci pour cet article,