Le tsar Pierre Ier en visite en France
Bonjour chers amis lecteurs. En
ce 20 juin 1717, je me trouve devant l’hôtel de Lesdiguières pour assister au
départ de Pierre Ier de Russie, qui vient de passer presque deux mois dans
notre royaume. En effet, le tsar a passé la frontière à la fin du mois d’avril.
Le 7 mai 1717, il arrive aux abords de Beauvais. L’archevêque a préparé pour
l’occasion de grandes festivités. Malheureusement pour lui, Pierre Ier traverse
la ville sans s’arrêter. Ce ne sera pas la première fois que le monarque russe
nous surprendra. Il rejoint Beaumont-sur-Oise. Le maréchal de Tessé est chargé
d’aller l’accueillir et de l’accompagner jusqu’à Paris. Arrivé dans la
capitale, Pierre Ier refuse les appartements mis à sa disposition au Louvre les
trouvant trop fastueux. Il va loger à l’hôtel de Lesdiguières avec sa suite.
Deuxième scène surprenante. La troisième se produira le 10 mai. Ce jour, notre
jeune roi Louis XV vient saluer son hôte. Le tsar, du haut de ses deux mètres,
a pris le tout jeune roi dans ses bras, puis l’a soulevé pour lui donner
l’accolade.
Durant son séjour, le monarque
russe n’a cessé d’intriguer la cour et les Parisiens qui se sont pressés à
chacun de ces déplacements. Le duc de Saint-Simon le décrit comme, et je cite,
« un homme aux mœurs simplistes, au regard majestueux et farouche, à
l’habit fréquemment déboutonné et au chapeau plus souvent posé sur la table que
sur sa tête. ». Sa majesté naturelle, sa parfaite simplicité, sa curiosité
universelle ont fait forte impression sur les Français. Il faut dire que Pierre
Ier est le premier monarque russe à sortir de son royaume et à voyager. Il a
déjà voyagé en Europe en 1697-1698, notamment aux Pays-Bas et dans l’Empire. A
cette époque, Louis XIV avait refusé de recevoir le roi de cette obscure
province de Moscovie. Il recherche en Europe des modèles architecturaux pour
bâtir sa nouvelle capitale Saint-Pétersbourg et pour assimiler les
connaissances et les techniques nécessaires à la modernisation de son pays. A
son retour, il se coupe la barbe et impose son style à l’aristocratie. Cet acte
symbolique annonce la naissance de la
Russie nouvelle et réformée sur le modèle européen. Pierre
Ier a contribué à l’essor des échanges commerciaux avec l’Europe et l’Asie. Il
a remporté plusieurs victoires éclatantes contre la Suède. Son royaume s’est
agrandi et s’ouvre maintenant sur quatre mers. La Russie compte désormais parmi
les grandes puissances.
Le tsar ne repart pas seul. Il
emmène avec lui dans ses bagages, l’architecte Jean-Baptiste Alexandre Le
Blade, le sculpteur Nicolas Pineau et le peintre Louis Caravaque, qui a déjà
reçu des commandes pour peindre les victoires militaires du tsar. Pierre Ier
aura laissé ici une grande impression. Tous saluent l’entreprise réformatrice
de Pierre Ier. Les philosophes des Lumières parlent d’un despote éclairé. C’est
un peu de la France
qui s’exporte dans les lointaines contrées d’Europe orientale. Nous disons au
tsar хорошая поездка (khoroshaya poyezdka) et moi je vous dis à bientôt pour un
nouveau reportage.
Sources
Texte :
- COLONAT Adeline, « Un tsar à Paris : entre art
et diplomatie », Les Cahiers de Science
et Vie n°170, juillet 2017, pp90-92.
- SARIMANT Thierry, « Pierre le Grand : un tsar en
France », Historia, n°846, juin
2017 pp56-61.
- Pierre le
Grand : un tsar en France, Exposition au Château de Versailles, du 30
mai au 24 septembre 2017.
Image :
http://presse.chateauversailles.fr/wp-content/uploads/2017/04/939827-500x432.jpg
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