La bataille de Gettysburg


Après sa victoire à Chancellorsville, Robert Lee retourne à Richmond pour convaincre le président Davis que seule une initiative spectaculaire pourrait libérer l'emprise de Grant sur le Mississippi et sauver la Confédération. Son objectif est de repousser l'armée fédérale vers le Nord et de semer la panique parmi les citoyens des grandes villes.

Le 3 juin 1863, l'armée confédérée quitte Fredericksburg et pénètre en Pennsylvanie. . Comme à son habitude, Lee ne marche pas tout droit et opère un mouvement de flanc via la vallée de la Shenandoah. Sur leur passage, les Confédérés détruisent les fonderies, démantèlent les gares, arrachent les voies ferrées, prélèvent l’argent dans les banques et chez les commerçants. Les soldats s’emparent de toutes les vivres et objets pouvant être utiles à l’armée en échange de reconnaissance de dettes émises par Richmond. De son côté, Hooker propose soit d'attaquer Lee par derrière, soit de profiter de l'absence de celui-ci en Virginie pour foncer sur Richmond. Dans les deux cas, il amoindrit les défenses de Washington. Lincoln refuse que Hooker attaque Richmond et lui ordonne de barrer la route à Lee en s'interposant. Hooker obéit, mais n'attaque pas. Il se contente de déplacer ses unités. Le 27 juin, Hooker est relevé de son commandement. Il a perdu la confiance de Lincoln qui le remplace par George Meade. Ce dernier pense que Lee en tant qu'envahisseur, ne peut pas se replier sans combattre. Par conséquent, il adopte une position défensive. Pendant ce temps, Ambrose Hill apprend la présence d’un important stock de chaussures à Gettysburg en Pennsylvanie. La ville est située au nord d’une étendue ouverte cernée de collines. Au Sud, le terrain forme deux crêtes : celle du cimetière et celle du séminaire. La ville se situe au carrefour de nombreuses routes. Hill considère que Gettysburg ferait un bon point de ralliement. Seulement, les Nordistes ont aussi compris le rôle de carrefour de la ville et s’y sont installés.

Le 1er juillet à 8 heures, la cavalerie nordiste affronte les premières lignes de l’infanterie ennemie. Deux heures plus tard, les divisions fédérales de John Reynolds prennent possession de la ville. Il sort pour s’emparer des collines avoisinantes. Durant les combats, il est abattu d’une balle dans la tête. La garnison fédérale présente à Gettysburg forte de 19.000 hommes doit contenir les assauts de l’avant-garde sudiste forte de 24.000 hommes le long d’une ligne de cinq kilomètres. Lee espère s’emparer des collines au sud de la ville avant l’arrivée de Meade. Ewell refuse de mener l’assaut jugeant les positions au sommet des crêtes trop défendues. Il ne souhaite pas conduire ses hommes au massacre. Le 2 juillet, les deux armées se font face. Les premières lignes de chaque camp sont séparées d’à peine un kilomètre. 75.000 Confédérés s’apprêtent à affronter 99.000 Fédérés. Lee projette d’attaquer l’aile gauche et de chasser l’ennemi des collines tout en menant une attaque de diversion sur l’aile droite. Il confie cette mission à Longstreet, qui n’est pas d’accord. Ce dernier a effectué une reconnaissance des positions ennemies. Il juge que les Yankees sont trop bien implantés pour qu’une attaque frontale réussisse. Il préconise de se replier plus au Sud et d’attirer l’ennemi dans la plaine. Lee ne change pas d’avis. Contraint d’obéir, Longstreet ne se précipite pas et se met en route 16 heures et plus à l’Est que prévu. Ses unités se retrouvent aux prises avec les Nordistes dans un espace constitué de falaises et de pics rocheux. Les combats cessent vers 19h30. Les tuniques bleues ont réussi à tenir leurs positions, sauf sur l’aile Ouest où Ewell a réussi à les repousser. Cette fois, la coordination et le sang froid sont du côté des officiers de Meade, empêchant Lee d’établir ses manœuvres. Le général sudiste est venu pour remporter la victoire. Il ne compte pas battre en retraite. Il reste convaincu qu’un nouvel assaut sera fatal aux Yankees. Le 3 juillet sous la chaleur matinale, les canons résonnent pour couvrir les mouvements des troupes. Durant plus de deux heures, ils pilonnent sans interruption les positions nordistes. En début d’après-midi, les Nordistes stoppent leurs tirs afin de faire croire qu’ils sont détruits. La ruse fonctionne. Vers 15 heures, l’infanterie confédérée se met en marche. Les canons fédéraux les accueillent. Des tirailleurs nordistes, dissimulés dans les tranchés ou derrière des palissades, abattent les tuniques grises ayant réussi à passer. L’attaque confédérée s’effondre, causant 7.000 morts en une heure. N’ayant plus les moyens de mener un nouvel assaut, Lee se résout à battre en retraite. Le lendemain, Washington est en liesse en apprenant la nouvelle de la victoire.


La bataille de Gettysburg a fait 50.000 tués et blessés pour les deux camps : 23.000 pour le Nord, soit 25% de l’effectif et 28.000 pour le Sud soit 40% de l’effectif. Elle demeure la plus grande bataille de la guerre. Le 19 juillet 1863, Lincoln se rend à Gettysburg pour inaugurer le cimetière national. L’orateur principal est Edward Everett, gouverneur du Massachusetts, qui prononce un discours très soigné, rempli de référence à la Grèce antique et d’une multitude de références classiques. Lincoln parle à peine deux minutes, mais ses mots et la brièveté de son passage marquent davantage l’auditoire. Le président refuse d’établir une distinction entre les sacrifiés du Nord et du Sud. La bataille de Gettysburg sonne le glas de la poussée sudiste en terre unioniste. Elle constitue un coup rude pour la Confédération qui voit ses espoirs de victoire à l’Est s’effondrer. De plus, les nouvelles du front oriental parvenant à Richmond au même moment sont tout aussi catastrophiques.

Sources
Texte :
- Mc PHERSON. James, La Guerre de Sécession, Robert Laffont, Paris, 1991, 952p.
- KEEGAN John, La Guerre de Sécession, Perrin, Paris, 2013
- LOGAN Dooms, Le discours de Gettysburg, laguerredesecession.wordpress.com, Novembre 2012.
Image : Bataille de Gettysburg, par Thure de Thulstrup, wikipédia.frLa

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