La bataille de Fredericksburg


Ambrose Burnside, devenu chef de l'armée du Potomac après la bataille d'Antietam, est pressé par le gouvernement et l'opinion publique d'attaquer. Il déplace ses hommes vers le Sud. Son but est de s'implanter dans la ville de Fredericksburg, d'où il pourrait lancer une nouvelle attaque sur Richmond. Il doit agir rapidement s'il veut surprendre Robert Lee. Seulement le fleuve Rappahannock constitue un véritable obstacle à franchir. Il doit attendre le matériel nécessaire pour construire des pontons, ce qui laisse le temps aux Confédérés de s'organiser. Lee décide de passer l'hiver à Fredericksburg et fortifie la ville. Burnside pense que le meilleur moyen de surprendre les Rebelles est de mener une attaque frontale.

Le matériel nécessaire à la construction des pontons met du temps à arriver. Burnside a transmis des ordres imprécis à l'intendance, notamment sur la date et les lieux choisis pour traverser le fleuve. Le 11 décembre, les ingénieurs installent les pontons sur le fleuve. L'artillerie ennemie les pilonne. Trois régiments parviennent à passer et chassent les Sudistes de la ville rue par rue, avant de la piller.
La ville de Fredericksburg se situe dans une plaine sur les rives de la Rappahanock entourée de collines et de forêts. Le terrain est donc très accidenté. Les Sudistes disposent d'excellents points de vue et de position surélevées. James Longstreet et ses artilleurs sont postés sur les hauteurs. Ils possèdent une vue dégagée sur les 800 mètres que doivent franchir les assaillants avant d'arriver aux pieds des collines. Selon le plan de Burnside, les régiments de Hooker attaqueraient les Sudistes au centre, tandis que William Franklin attaquerait Thomas Jackson au sud de la ville.
Le 13 décembre dans la matinée, les Nordistes s’avancent vers les positions ennemies. L'assaut débute par l'attaque de George Meade. Le général s'aperçoit qu'un ravin boisé forme une brèche dans la ligne de défense de Jackson. En attaquant ce point faible, les Fédéraux réussissent à percer la ligne sudiste. Néanmoins, il n’arrive pas à exploiter cet avantage, car les renforts envoyés par Franklin arrivent trop tard. La réserve de Jackson les repousse. Au centre, les pertes fédérées sont très élevées. Le brouillard ambiant n'empêche pas les artilleurs de faire mouche. Pendant plusieurs heures, les tuniques bleues restent couchées dans la neige sous les boulets et les mortiers ennemis. Les Fédéraux lancent plusieurs vagues. Dans l’ascension des collines, les obstacles sont nombreux : ravins, marécages, chemins creux et fossés. Les Sudistes se dissimulent derrière un mur de pierre long de 800 mètres. Les quatorze brigades nordistes sont stoppées en laissant de nombreux morts et blessés. Le dernier assaut fédéral se conclut par le massacre de la brigade irlandaise. En dix minutes, 250 morts jonchent le sol. On dénombre presque 13.000 morts et blessés à la fin de la journée contre 5.000 pour la Confédération.

Début janvier, Burnside retraverse la Rappahannock. Les routes sont boueuses, ce qui ralentit la retraite. Le général reconnait sa mauvaise gestion de la bataille. Lincoln lui interdit de se replier davantage le temps qu'il prenne une décision. Le 25 janvier, il relève Burnside de son commandement et le remplace par Joseph Hooker.
La bataille de Fredericksburg a été à sens unique. Elle est surtout la dernière d'une série de très rudes affrontements dans un laps de temps très court. Entre la fin août et la mi-décembre, les deux belligérants se sont affrontés à Bull Run, Antietam et Fredericksburg. En quelques mois, des milliers d’hommes ont péri et une quantité de matériel détruite. Les deux armées sont épuisées.
Au début de l'année 1863, la Confédération possède l'avantage à l'Est. Lee a prouvé sa capacité à envahir l'Union et à remporter des victoires. D'ailleurs, il stationne en position avancée. Au Nord, la débâcle de Fredericksburg et les changements au niveau des commandements sèment le trouble au sein de l'armée et la privent momentanément de moyens d'actions. Elle connait une vague de dépression et de désertions.

Sources
Texte :
- Mc PHERSON. James, La Guerre de Sécession, Robert Laffont, Paris, 1991, 952p.
- KEEGAN John, La Guerre de Sécession, Perrin, Paris, 2013

Image : La Bataille de Fredericksburg, lithographie en couleurs de Kurz & Allison (1888), Wikipédia.fr

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