La bataille d'Antietam


Le 4 septembre 1862, Robert Lee franchit le Potomac et progresse dans le Maryland. Les Sudistes s'emparent de la ville de Frederick. Les habitants leur réservent un accueil glacial. Lee espérait que les Nordistes auraient évacué la vallée de la Shenandoah pour défendre Washington. Néanmoins, l'armée du Potomac campe sur des positions défensives et notamment à Harper's Ferry. La ville constitue un obstacle sur sa route, mais en plus, elle renferme de nombreux dépôts d'équipements et de munitions. Thomas Jackson se voit confier la mission de prendre Harper's Ferry. La garnison de Harper's Ferry dispose de 14.000 hommes, un nombre suffisant pour supporter un siège. Néanmoins, le commandant Dixon Miles ne prend pas les mesures qui s'imposent. Il se contente de fortifier la ville sans se préoccuper des collines environnantes. Miles est un officier mal noté, déjà blâmé par la cour martiale pour alcoolisme et qui avait été affecté à Harper's Ferry dans le but de l'éloigner des postes stratégiques. Arrivés sur place le 13 septembre, les Sudistes installent librement leur artillerie sur les collines. Ils donnent l'assaut le 15. Encerclés et bombardés de toutes parts, les Nordistes comprennent qu'ils seront vite écrasés. Miles ordonne de hisser le drapeau blanc. Jackson investit les lieux, s'empare du matériel et des munitions et libère les prisonniers sur parole, ne pouvant pas s'en occuper. De son côté, McClellan s'est enfin décidé à se mettre en route et délivre Frederick, sous les ovations des habitants. Le même jour, vers 10 heures du matin, un détachement nordiste découvre un campement ennemi évacué quelques heures plus tôt. En fouillant, le caporal Barton Mitchell déniche trois cigares enroulés dans une feuille de papier. Le papier indique les routes et les objectifs des différentes parties de l'armée confédérée.

Lee investit la ville de Sharpsburg dans la matinée du 15 septembre. McClellan arrive à son tour dans l'après-midi. Le commandant sudiste ne songe pas à la retraite. Regagner la Virginie sans se battre reviendrait à perdre la face et à démoraliser ses compatriotes. Il a déjà réussi à battre les Fédéraux deux fois. Il pourrait le refaire. Bien que disposant de troupes supérieures en nombre, le général nordiste ne lance pas l'assaut immédiatement et préfère étudier le terrain. Ce répit permet à Jackson de rejoindre Lee. Ses unités entourent Sharpsburg et s’appuient sur la rivière Antietam, enjambée par trois ponts de pierre. Le terrain favorise la défense même si les collines ne sont pas très élevées. En effet, celui-ci se constitue de champs de maïs, de clôtures, de vergers, de bois, de fourrés et de ruisseaux. Les voies macadamisées, construites par des entrepreneurs privés et entretenues par les revenus des péages, sont fermées par des barrières. Néanmoins, la défense sudiste présente des faiblesses. Etant en infériorité numérique, Lee a dû laisser libre les collines situées au nord de sa position et n'a pas réussi à bien sécuriser le passage au sud de l'Antietam. De plus, il ne dispose que d'une seule voie de retraite : un gué permettant de franchir le Potomac. De son côté, McClellan prévoit d'engager la moitié de son armée contre la gauche sudiste. Au centre, sa cavalerie devra s’assurer le contrôle du pont. Au Nord, ses soldats feront diversion pour obliger Lee à dégarnir son flanc gauche. Les deux armées sont prêtes pour l'affrontement du lendemain. 30.000 Sudistes font faire face à l'attaque de 60.000 tuniques bleues.

Le 17 septembre à 5 heures 30, l’artillerie nordiste ouvre le feu pour appuyer le départ de l'infanterie. Rapidement, les Fédérés prennent le dessus et chassent les Confédérés des bois à l'Est. De sa position, Hooker aperçoit le reflet des baïonnettes des rebelles dépassant des maïs. Il ordonne à ses canonniers de viser ses cibles. Les boulets fabriquent une purée de maïs et de chair humaine. A 10h30, les tirs d'artillerie et les combats cessent. Chaque camp profite de ce répit pour se réorganiser. . McClellan mobilise ses réserves pour renforcer son aile droite qu’il croit menacée par une attaque imminente de l’ennemi. James Longstreet craint que la position avancée des Fédéraux au Nord leur permette d'ouvrir une brèche. Reconstituant une unité, il se porte à l'attaque dans ce secteur, avant de revenir consolider le centre. En début d'après-midi protégée par la cavalerie, l'artillerie de l'Union traverse le pont central. Au même moment, le général Ambrose Burnside traverse lui aussi le pont au Sud après d'âpres combats. Tout comme son supérieur, il préfère attendre l'arrivée des convois de munitions et prend le temps de se réorganiser. Ainsi avec des Confédérés sur la défensive et des Nordistes se réorganisant, le champ de bataille connait une accalmie pendant deux bonnes heures. Vers 15 heures, Burnside se met en marche. Vers 16 heures, les tuniques bleues atteignent Sharpsburg par le Sud. Les rues de la ville se transforment en champ de bataille. Au centre, les Nordistes ne parviennent pas à prendre l'avantage. McClellan se refuse à engager ses réserves pour percer au centre. De son côté, Lee n’a plus les moyens de mener une contre-attaque. La situation demeure là, tandis que le soleil se couche aux alentours de 17h30. . Lee comprend qu’il ne pourra pas remporter la victoire. Il ordonne la retraite. McClellan télégraphe à Washington pour signaler sa victoire. Il montre peu d’entrain à pourchasser l’ennemi. Son armée réoccupe Harper’s Ferry, mais ne va pas plus loin. Ulcéré, Lincoln lui retire le commandement au profit de Burnside. Certains aspects argumentent en faveur de la non poursuite de Lee. Les lignes de ravitaillement nordistes sont étirées d’une centaine de kilomètres. Le ravitaillement suit mal. Les munitions manquent autant pour les fusils que pour les canons. De plus, les hommes sont épuisés physiquement et psychologiquement.

La bataille d’Antietam est une victoire pour l’Union. L’armée de Lee quitte le Maryland. La menace pesant sur Washington disparaît. Néanmoins, les Fédérés n’ont pas réussi à écraser leurs adversaires. Cette bataille a coûté la vie à plus de 3.000 hommes en une seule journée auxquels s’ajoutent près de 17.000 blessés, sans compter les disparus. La nature du champ de bataille explique cette violence. Il s'agit d'un espace renfermé de 5 km2 situé entre deux rivières. De plus, les Nordistes se battent avec acharnement pour éviter une nouvelle défaite qui serait humiliante.
La bataille d’Antietam demeure à ce jour la bataille la plus sanglante de l’histoire américaine. Par ailleurs, elle constitue un tournant dans la guerre de Sécession du point de vue politique. En effet, Abraham Lincoln va profiter de la conjoncture pour émettre un document révolutionnaire.


Sources
Texte :
- Mc PHERSON James, La Guerre de Sécession, Robert Laffont, Paris, 1991, 952p.
- KEEGAN John, La Guerre de Sécession, Perrin, Paris, 2013
- Eginhard, « La bataille d’Antietam », www.histoire-pour-tous.fr, décembre 2012

Image : Bataille d'Antietam par Kurz et Allison, wikipédia.fr

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