Thomas Evans : le dentiste de Napoléon III au service de la cause nordiste



Au mois de juin 1864, la défaite de l'Union à Cold Harbor fait craindre la prise de Washington par les troupes de Lee. Si cela arrivait la France se déclarerait favorable à la Confédération. Connaissant les hésitations de Napoléon III, son dentiste Thomas Evans lui dit : "Si vous contribuez au démembrement de notre grande union, les Etats du Nord ne l'oublieront pas et maudiront votre nom à tout jamais. Je vais partir par le premier bateau pour me rendre compte par moi même de la situation et vous rapporter l'exacte vérité. Je supplie Votre Majesté de ne pas agir d'ici là." Peu pressé de prendre une décision sur le sujet, l’empereur accepte. Voici que le dentiste sert de relai entre le président américain et l'empereur des Français.
et détaille toute la progression du Nord à l'empereur.
Le 23 août 1864, Thomas Evans débarque à New York. Il se rend chez William Seward, secrétaire d'Etat à la Guerre. Ce dernier l'introduit auprès du président Lincoln. Evans collectionne les récits des témoins, les coupures de presse, les cartes, les rapports. Il passe cinq jours sur le front et s'entretient longuement avec le général Ulysse Grant. Evans est convaincu de la victoire du Nord et communique sa conviction à l'empereur qui finalement reste neutre.

Thomas Evans nait le 23 décembre 1823 à Philadelphie. A 14 ans, il est apprenti chez un orfèvre fondeur qui fabrique aussi des instruments dentaires. En 1841, il est apprenti chez le Dr. John de Haven et obtient un certificat de chirurgie. Il se fait connaitre pour sa maitrise de l'or dans les obturations dentaires. En 1847, il reçoit un prix pour ses travaux. Le Dr John Clark le convainc de venir s'installer avec lui à Paris.
Evans ouvre un cabinet rue de la Paix avec Christopher Brewster qui compte le tout Paris dans sa clientèle. En 1850, il ouvre son propre cabinet. Evans est l'un des premiers dentistes à utiliser l'anesthésie générale et le caoutchouc pour les prothèses dentaires. La pratique de l’anesthésie convient bien à Napoléon III qui est très douillet lorsqu’il s’agit de soins dentaires. Ses nombreux contacts avec l'aristocratie (il compte comme patient Balzac, Mérimée, Delacroix), lui font gagner les faveurs du couple impérial. Evans est un mondain et un homme d'affaires avisé. Il s'enrichit par des opérations immobilières lors des travaux d'Haussmann. Il fait construire un hôtel particulier dans le 16e arrondissement.
A la fin de sa vie, il devient membre du comité international de la Croix Rouge. Il forme Arthur Hugenschmidt, fils illégitime de Napoléon III auquel il lègue son cabinet. Il finance la constitution d'une école de chirurgie dentaire au sein de l'université de Philadelphie. Avant de s’éteindre à Paris le 14 novembre 1897.

Sources :
Texte :
- Olivier TOSSER : "Thomas Evans : le bon docteur du couple impérial", Historia, n°326, octobre 2015, p56-60.
- Henri LAMENDIN : Thomas W. Evans (1823 – 1897) le dentiste de Napoléon III, L’Harmattan, Paris, 2012 166p.

Image : wikipédia

Commentaires

  1. Très intéressant parcours. Orfèvre avant de devenir chirurgien dentiste et de créer les premières prothèses. Un bel exemple et un belle découverte inspirante. Merci

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