Un air de déjà vu sur le front : la seconde bataille de Bull Run



A l'été 1862, Robert Lee souhaite profiter des changements dans le haut commandement nordiste pour attaquer. En effet suite à l'échec de la campagne de la Péninsule, George McClellan est remplacé par Henry Halleck au poste de général en chef des armées de l'Union. Une partie des ses hommes est affectée à l'armée de Virginie commandée par John Pope. Lee cherche une ouverture pour isoler et attaquer Pope. Ce dernier tient ses positions en attendant le retour de l'armée du Potomac de la Péninsule. L'armée fédérale doit s'emparer du nœud ferroviaire de Gordonsville, tout en protégeant Washington et la vallée de la Shenandoah. Par conséquent, les troupes de l'Union sont éparpillées.

Le 27 juillet, il envoie l'armée de Thomas Jackson et d'Ambrose Hill. Le 9 août 1862, les Sudistes remportent la bataille de Cedar Mountain contre la cavalerie de Nathaniel Banks. Pendant ce temps, Lee et James Longstreet rejoignent Gordonsville le 15 août. Lee souhaite contourner l'armée ennemie pour l'attaquer par derrière. Les Confédérés devront remonter le Rappahanock en direction du Nord en empruntant l'étroite vallée séparant la chaîne du Blue Ridge et les monts du Bull Run. Une sérié d'escarmouches servent à détourner l'attention des Nordistes durant les manœuvres. Se déplaçant avec la même rapidité que dans la vallée de la Shenandoah, Jackson brouille les informations sur sa position et se retrouve sur les arrières de Pope. Ce dernier souhaite écraser Jackson tant qu'il est isolé. Le 28 août, il échoue à le déloger d'une colline nommée Stony Ridge. La position confédérée est assez solide pour leur permettre de résister jusqu'à l'arrivée des renforts. Pope se retrouve contraint de combattre sur les rives du Bull Run, un an après le premier affrontement.

Ne connaissant pas encore la position exacte et la force réelle des Confédérés, Pope se montre prudent. Les premiers combats débutent le 29 août à 7 heures. Les officiers engagent leurs régiments les uns après les autres sans réelle coordination. Ils attaquent différents points de la ligne sudiste. Les Rebelles ne présentent pas une défense statique et contre-attaquent dès qu'ils le peuvent. Ainsi, les combats prennent l'apparence d'incessants allers-retours. A 15 heures, les Nordistes lancent un nouvel assaut. Ils réussissent à franchir le talus de la voie ferrée et à mettre en fuite les Sudistes. Derrière la brigade Pender les stoppe puis les repousse jusqu'à leur point de départ. A 17 heures, les Fédéraux lancent une nouvelle attaque d'envergure. Les Sudistes font ce qu'ils peuvent, mais ils sont confrontés à la supériorité numérique adverse et au manque de munitions. Les troupes de Jackson sont dépêchées pour leur porter secours. Après une lutte acharnée, les Nordistes sont à nouveau refoulés. Les combats cessent vers 21 heures. Aucun des deux camps n'est parvenu à prendre l'avantage. Durant la nuit, les troupes de Longstreet rejoignent le théâtre des opérations. L'armée confédérée semble prête à broyer son adversaire telle une mâchoire. Néanmoins sur les avis de son état-major, Lee tarde à actionner la machine. Côté nordiste, McCellan tarde à se porter au secours de Pope. McClellan, qui bien que n'étant plus le général en chef des troupes de l'Union, demeure le commandant de l'armée du Potomac. Les deux hommes ne s'apprécient pas autant par divergences militaires, politiques, l'un est démocrate et l'autre républicain, que par égo surdimensionnés.
Les combats reprennent le 30 août. Vers 7 heures, le manque d'engagement des Confédérés et les fausses informations livrées par Lee confortent Pope dans l'idée que l'ennemi se prépare à battre en retraite. Pope charge Porter et Irwin McDowell de leur donner le coup de grâce. L'avant-garde comprend rapidement que la réalité est tout autre. Les Sudistes ne reculent pas. Ils sont présents et prêts à se battre. Mis en difficulté, McDowell demande des renforts. Les combats s'éternisent et se brutalisent. Les soldats se retrouvent à court de munitions. La légende raconte que certains confédérés ramassent de pierres du talus de la voie ferrée pour les jeter sur leurs adversaires qui leur renvoient. Longstreet lance l'assaut. Les Sudistes réussissent à prendre l'avantage. S'ils poursuivent sur leur lancée, ils parviendront à encercler les Nordistes. Pope se résigne à la retraite tant qu'il lui reste une voie de sortie. Un par un les régiments franchissent le pont de pierre enjambant le Bull Run. Une fois l'armée évacuée le pont est détruit. Dans la soirée, les Fédéraux se regroupent à Centreville.


La seconde bataille de Bull Run est bien plus violente et meurtrière que la première, 3.000 hommes y ont trouvé la mort, et s'achève une nouvelle fois par une victoire de la Confédération. Néanmoins, celle-ci est incomplète. La disposition de ses forces aurait dû lui assurer une victoire totale par encerclement, mais l'armée nordiste s'est échappée. Cette situation n'empêche pas le prestige de Lee de s’accroître. Le général a réussi à déplacer la ligne des combats des portes de Richmond à celles de Washington. La peur de l'invasion gagne une nouvelle fois les habitants de la capitale fédérale, même si la ville est trop bien défendue pour être prise dans l'immédiat. Les soldats sont épuisés par les combats et le ravitaillement suit avec difficulté. Du côté de l'Union, McCellan se réjouit de la défaite de Pope, car elle éclipse la sienne. Il peut même se targuer de revenir en sauveur. Jouissant d'une bonne réputation parmi les soldats, sa seule présence suffit à regonfler le moral des troupes. De plus, il jouit de soutiens au sein de l'Administration. Il est maintenu à son commandement et récupère la défense de la capitale. Pope est assigné au contrôle des tribus indiennes dans le Minnesota, tandis que McDowell est muté en Californie.

Sources
Texte :
- Mc PHERSON James, La Guerre de Sécession, Robert Laffont, Paris, 1991, 952p.
- KEEGAN John, La Guerre de Sécession, Perrin, Paris, 2013
- Eginhard, « Retour sur le Bull Run », www.histoire-pour-tous.fr, octobre 2012
- DOOMS Logan , La campagne de Virginie du Nord, publié le 3 janvier 2014 sur http://laguerredesecession.wordpress.com/
Image : http://cdn.history.com/

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