Le pavillon des Indes - Courbevoie (Hauts de Seine)
Les promeneurs passant par le
parc de Bécon à Courbevoie peuvent admirer une étrange bâtisse hybride faite de
bois et de pierre et surmonté de bulbes dorés. Son aspect est tout aussi surprenant
que son histoire qui mêle la
France , le Royaume-Uni, un prince roumain et de nombreux
artistes.
En 1878, la France accueille
l'Exposition universelle, un vaste salon réunissant toutes les nations
industrielles qui présentent leurs produits et leurs innovations technologiques,
mais aussi les projets d'urbanisme et artistiques. Lors de cet évènement, le
Royaume-Uni, première puissance mondiale dotée du plus grand empire colonial,
possède une place prépondérante.
A cette occasion, le prince de
Galles (futur Edouard VII) commande à l'architecte Caspar Clarke un pavillon
pour présenter ses collections d'objets indiens, complétée par celles de
négociants. Clarke conçoit un palais de bois décoré dans le style des palais
indiens du Rajasthan. L'édifice, long d'une trentaine de mètres, se compose de
deux pavillons symétriques reliés par une galerie couverte.
Prévu pour être démonté à la fin
de l'exposition, il est finalement démantelé et revendu à plusieurs acquéreurs.
Une partie est remontée dans la station balnéaire de Paramé près de Saint-Malo.
Ce bâtiment n'existe plus de nos jours. Le climat breton et une tempête ont eu
raison de ce pavillon de bois au début du XXe siècle. Le prince George Stirbey
originaire de Roumanie, achète une autre partie et l'installe dans le parc de
Bécon dont il est propriétaire. En 1881, il l'adosse à un bâtiment de pierre
servant d'atelier pour l'une des filles de son épouse, George-Achille Fould,
artiste peintre passionnée par les sujets féminins. L'atelier comporte de
larges baies vitrées et des meurtrières pour sortir les toiles. Le bâtiment
actuel ne ressemble plus vraiment à celui que pouvaient admirer les visiteurs
de 1878. Le rez-de-chaussée et le premier étage ont été inversés au remontage.
Il ne s'agit pas d'une erreur. La partie la plus trapue est installée en
dessous pour des raisons de stabilité de la structure. L'autre partie,
comprenant de larges vitres, devient le premier étage. De plus, le pavillon
acheté par le prince Stirbey ne contient plus les bulbes dorés. Stirbey,
d'origine roumaine, les remplace par des dômes de style orthodoxe. Il est
probable que George-Achille Fould vivait et travaillait dans le bâtiment en
pierre, qu'elle exposait ses œuvres au rez-de-chaussée de la partie en bois et
recevait ses invités à l'étage.
En 1951, la ville de Courbevoie
acquiert le bâtiment laissé à l'abandon. Il est inscrit aux monuments historiques
en 1987. La restauration, menée par Frédéric Didier, ne vise pas à redonner au
pavillon son aspect originel et respecte les transformations de la réimplantation
dans le parc de Bécon. Le pavillon rouvre ses portes en 2013. La partie en
brique abrite un logement et un atelier pour un artiste de l'Ecole nationale
supérieure des beaux-arts. La partie en bois offre une exposition sur le
pavillon, l'Exposition universelle de 1878, la famille Fould et le château de
Bécon. Le premier étage offre une belle salle en marqueterie et un riche
mobilier. Le pavillon des Indes n'est pas la seule curiosité que vous pourrez
découvrir dans le parc de Bécon.
Sources
Texte : visite guidée du pavillon des Indes effectuée le 3
décembre 2016
Image : Photo de Benjamin Sacchelli
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