Marie-Antoinette de Habsbourg, Reine de France, et ses enfants
En 1785, Marie-Antoinette incarne
la débauche et la frivolité qui règnent à Versailles. Elle a l'image d'une
femme superficielle, indifférente aux souffrances de ses sujets. La reine
souhaite donner une autre image d'elle. Elle commande à Louise Elisabeth Vigiée
Lebrun, sa peintre attitrée, un nouveau portrait d’elle. Vigiée Lebrun
s'entretient de la commande avec son ami Louis David. Il lui conseille de
reprendre la construction du tableau "La Sainte famille" de Raphaël, où la Vierge deviendra la reine,
l'enfant Jésus le dauphin et Saint Jean la Princesse.
Louise Elisabeth Vigiée Lebrun,
née en 1755, dessine dans l'atelier de son père dès le plus jeune âge. Elle
reçoit les enseignements de Doyen et de Joseph Vernet. A 15 ans, elle réalise
le portrait de sa mère. Cette toile lui vaut la renommée de Paris. Les
aristocrates viennent lui rendre visite dans son atelier situé près du Palais
Royal. On parle d'elle à la reine. En 1778, Marie-Antoinette la teste en lui
commandant un portrait. Elle tombe sous le charme de traits de l'artiste. Les
deux femmes du même âge s'entendent bien.
Le portrait représente
Marie-Antoinette en mère attentive de ses enfants. La reine tient sur ses
genoux Louis XVII. Sa fille aînée, Marie-Thérèse s'appuie avec tendresse, sa
tête contre le bras de sa mère. Elle la regarde avec amour. A gauche, le
dauphin montre un berceau vide. Il représente la disparition de Sophie Hélène
Béatrice, décédée quelques semaines avant l'achèvement du tableau.
Marie-Antoinette porte une robe identique à celle de Marie Leszczynska dans le
portrait de Jean-Marc Nattier. Il s'agit d'un vêtement simple qui contraste
avec les tenues extravagantes et insolites qu'apprécie la reine. Les vêtements
des enfants traduisent les nouvelles modes vestimentaires du second XVIIIe
siècle. Ils sont plus amples et moins stricts. Le regard sur les enfants
change. Le cou de Marie-Antoinette est nu pour éviter toute référence à
l'affaire du collier qui a éclaboussé la reine. Le meuble au fond à droite est un
serre-bijoux. Il est dans l'ombre en retrait par rapport aux enfants qui, eux,
sont en pleine lumière. Ce dispositif est une référence au mythe romain de
Cornelia mère des Gracques, bien connu des aristocrates. Une amie de Cornelia
lui montre tous ses bijoux les uns à la suite des autres. Cornelia lui présente
ses enfants et rétorque : "Voici mes bijoux."
Le portrait ne contribue en rien
à modifier l’image de la souveraine. Après l'exécution du couple royal en 1793,
Vigiée Lebrun craint pour sa vie. Elle quitte la France déguisée en ouvrière
et parcourt les cours européennes. Elle revient en 1802. Elle meurt le 30 mars
1842 à 87 ans. Sous la Restauration ,
les monarchistes utilisent son tableau comme propagande.
Sources :
Texte :
COUTURIER Elisabeth, "Splendeur souveraine", L'Histoire, n°826, octobre 2015, pp18-19.
Image :
Louise Elisabeth Vigiée Lebrun, Marie-Antoinette
de Habsbourg Reine de France, et ses enfants, 1787, 275x215 cm, Château de
Versailles.
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